La sécurité au cœur des enjeux migratoires dans la campagne électorale

La sécurité au cœur des enjeux migratoires dans la campagne électorale

Les élections fédérales de 2025 mettent en avant la migration et la sécurité comme préoccupations majeures, influencées par des événements récents et le discours de l’AfD. Malgré une baisse des demandes d’asile, le sujet reste central dans le débat public. Les propositions des candidats, souvent jugées peu réalistes, cherchent à répondre à des enjeux complexes. Parallèlement, l’intérêt pour les questions environnementales a diminué, illustrant un changement dans les priorités des électeurs.

Élections fédérales de 2025 : Migration et Sécurité en Tête des Préoccupations

La question de la migration s’impose à nouveau comme un enjeu majeur lors de la campagne électorale. Ce regain d’intérêt résulte de divers facteurs, tels que les conflits internationaux, des événements tragiques à Magdebourg et Aschaffenbourg, ainsi que la stratégie politique de l’AfD, selon la politologue Sabine Kropp.

Dans les enquêtes récentes, les thèmes de la migration, de l’économie et des conflits mondiaux sont perçus comme les ‘problèmes les plus pressants’ par les électeurs. Cela vous semble-t-il logique ?

Kropp : Les enjeux liés à l’économie, à la sécurité et à la migration touchent des besoins fondamentaux qui se ressentent immédiatement. Étant donné le climat économique difficile, il n’est pas surprenant que la question économique soit au premier plan. De plus, la migration est souvent présentée par certains partis comme une question de sécurité, un phénomène que nous qualifions de ‘discours de sécurisation’.

Qu’implique cette perception ? Les migrants sont-ils considérés comme une menace pour notre sécurité ?

Kropp : La migration agit comme un point de convergence pour de nombreuses préoccupations liées à la mondialisation et aux changements rapides dans notre société. Cependant, il est crucial de comprendre que ‘migration’ englobe une variété de situations, allant de l’immigration de travailleurs qualifiés aux demandes d’asile, et souvent, ces distinctions ne sont plus claires dans l’opinion publique.

Une Quête de Solutions Simples dans un Contexte Électoral Complexe

Lors des précédentes élections fédérales, le sujet de la migration avait occupé la troisième place avec 19 %, mais en août 2017, juste avant les élections, il avait culminé à 47 % et maintenant il arrive en tête avec 37 %. Qu’est-ce qui explique ces fluctuations ?

Kropp : En 2017, la question de la migration était particulièrement pertinente dans l’esprit des citoyens, en raison des flux migratoires de 2015/2016. En revanche, en 2021, la pandémie avait pris le devant de la scène, reléguant cette préoccupation au second plan.

Pourquoi, malgré une baisse des demandes d’asile, ce sujet est-il à nouveau sur le devant de la scène ?

Kropp : Bien que les demandes d’asile aient diminué, la campagne de l’AfD a maintenu cette question dans le débat public. Le parti a su orienter le discours politique grâce à sa capacité à mobiliser l’opinion. D’autres partis ont suivi cette tendance.

Les appels à des expulsions massives se sont intensifiés après l’attaque sur le marché de Noël à Magdebourg. Des actes de violence récents, comme celui d’Aschaffenbourg, alimentent ces demandes de réponses simples dans un environnement électoral de plus en plus polarisé. Des propositions ont été avancées, comme l’obligation de quitter le territoire, mais leur mise en œuvre reste floue, ce qui alimente un désir de solutions simplistes face à des problèmes complexes.

Suite à l’attaque à Aschaffenbourg, le candidat chancelier de l’Union, Merz, a plaidé pour un renforcement des mesures d’asile.

Des Propositions Électorales : Réalistes ou Illusoires ?

La coalition Ampel a rencontré des difficultés à cause de la gestion financière de ses politiques. Maintenant, les candidats se livrent à une compétition d’idées pour améliorer la situation financière des citoyens. Que penser de cela ?

Kropp : Beaucoup de ces propositions relèvent du souhait pieux. Elles semblent souvent peu sérieuses, surtout en l’absence de plans de financement clairs. Une fois les élections passées, il deviendra évident que nombre de ces idées ne sont pas réalisables financièrement.

Sur le thème de l’environnement, on observe un recul par rapport aux élections de 2021, où il était considéré comme le problème le plus important. Pourquoi cette diminution de l’intérêt ?

Kropp : Le sujet environnemental a effectivement perdu de son élan auprès des électeurs, y compris parmi les plus jeunes. Il s’est révélé erroné de penser que cette question resterait au sommet de l’agenda politique à long terme. Même les partis traditionnellement associés à la protection de l’environnement semblent détourner leur attention vers d’autres thèmes.