Le troisième volet de la saga « Dune » est en développement, mais la franchise s’étend avec la série « Dune : Prophecy » sur HBO. Située plus de 10 000 ans avant Paul Atreides, elle explore les débuts des Bene Gesserit et leurs pratiques d’eugénisme. La série mêle intrigue captivante et rivalités internes, tout en évitant le jargon complexe des romans. Avec des personnages intrigants et une atmosphère unique, « Prophecy » enrichit l’univers de « Dune ».
Une Nouvelle ère pour la Franchise Dune
Actuellement, le très attendu troisième opus de la saga « Dune », réalisé par Denis Villeneuve, n’a pas encore reçu d’approbation officielle. Le projet demeure en phase de développement. Cependant, Warner Bros. Discovery et Legendary Television, la société de production, ont déjà commencé à capitaliser sur le succès financier des films en élargissant la franchise à un univers multimédia. En fait, une série dérivée était en préparation bien avant la sortie de « Dune : Première Partie ». Cette semaine marque l’arrivée de « Dune : Prophecy » sur HBO, suivant « The Penguin » dans la transformation d’HBO, qui passe de chaîne de prestige à fournisseur de franchises à succès. Bien que « Prophecy » doive composer avec des contraintes budgétaires et temporelles, elle parvient à rendre hommage aux thèmes complexes de l’univers imaginé par Frank Herbert.
Un Voyage dans le Passé des Bene Gesserit
Se déroulant plus de 10 000 ans avant la naissance de Paul Atreides, la série « Prophecy » plonge dans les débuts de la mystérieuse sororité Bene Gesserit, dont les pratiques d’eugénisme donneront finalement naissance à Paul. S’inspirant librement de « Sisterhood of Dune », un roman coécrit par Brian Herbert, le fils de l’auteur, « Prophecy » se situe quelques générations après le Jihad Butlerien, un conflit majeur qui a mis fin à l’ère des « machines pensantes ». Dans la lignée de Villeneuve, la série évite le jargon spécifique des romans au profit d’un langage plus accessible. Valya Harkonnen, interprétée par Emily Watson à l’âge adulte et Jessica Barden durant son adolescence, est la deuxième Mère Révérende de l’ordre et incarne les leçons sur l’arrogance de l’ingénierie sociale, un thème récurrent qui mènera à l’ascension de Paul.
Comme c’est souvent le cas lors d’une adaptation d’une franchise du grand écran à la télévision, « Dune : Prophecy » doit faire face à des compromis inévitables. En observant des exemples tels que Marvel et Star Wars, on constate que l’expansion de la production peut parfois diluer une marque. Dans les quatre premiers épisodes examinés par les critiques, « Prophecy » navigue habilement à travers ces défis. Bien que la série manque de la touche artistique du directeur de la photographie Greig Fraser et de la star Timothée Chalamet, elle se démarque en donnant vie aux diverses factions politiques de l’Imperium. Même si l’entité interplanétaire n’est pas aussi spectaculaire que dans la vision de Villeneuve, la série offre une opportunité d’explorer davantage cet univers et ses habitants.
Accompagnée de sa sœur Tula, Valya dirige une Bene Gesserit qui, bien que naissante, présente déjà des caractéristiques familières de l’ordre des millénaires à venir. Les robes noires, le langage codé et l’art de la « vérité » — la détection des mensonges — sont bien établis. Valya est même créditée de l’invention de la Voix, un outil puissant qui contraint les auditeurs à obéir aux ordres du locuteur. La Mère fondatrice Raquella, qui lui succède, félicite ses adeptes pour leur volonté de repousser les limites de l’humanité. Pour les nouveaux spectateurs attirés par le cinéma, « Prophecy » met en lumière une facette du lore de « Dune » qui pourrait échapper à certains : en renonçant aux ordinateurs, cette société s’est dirigée vers l’amélioration des capacités humaines naturelles. Les Bene Gesserit, bien que souvent perçues comme des sorcières de l’espace, ne pratiquent pas la magie mais développent une maîtrise exceptionnelle de soi.
Au-delà de l’exposition, « Prophecy » présente une intrigue captivante. La sororité de Valya doit faire face à une menace inattendue incarnée par Desmond Hart, un soldat au passé mystérieux, qui prétend posséder des pouvoirs étranges issus d’une rencontre avec un vers de sable légendaire. Sa détermination à s’opposer aux Bene Gesserit le place rapidement en position d’adversaire redoutable, menaçant l’influence que Valya avait cultivée en préparant la fille de l’Empereur à rejoindre son ordre. Les motivations de Hart restent floues, mais sa rivalité avec Valya structure la saison.
Les échos de l’intrigue principale de « Dune » résonnent à travers « Prophecy ». Comme Paul qui consomme l’Eau de Vie, les acolytes de l’académie des Bene Gesserit subissent L’Agonie, un rite où une sœur ingère un poison pour accéder à sa mémoire ancestrale. Les tensions entre les Harkonnens et les Atreides sont déjà palpables, mais « Prophecy » inverse la perspective en adoptant le point de vue de la première famille. Bien qu’il soit surprenant de ne pas voir plus de références directes à Dune dans une série qui lui est consacrée, plusieurs personnages arborent les yeux bleus distinctifs des Fremen et des utilisateurs assidus d’épices.
Enfin, « Prophecy » développe sa propre atmosphère unique. En se concentrant sur les Bene Gesserit, la série illustre les rivalités internes et les dissensions au sein de ses rangs, notamment à travers une rivale qui remet en question les choix de Valya en matière de reproduction stratégique. Bien que ces sœurs ne soient pas des sorcières au sens traditionnel, l’ambiance de leur quartier général rappelle celle d’une école de sorcellerie, à l’image d’un Hogwarts unisexe. Le casting de « Prophecy » promet de captiver l’audience tout en enrichissant l’univers de Dune.