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Jean De Ruyt est un ancien diplomate belge et a été le représentant permanent de la Belgique auprès de l’Union européenne, de l’OTAN et de l’ONU. Il a également été directeur général des affaires politiques au ministère belge des Affaires étrangères.
2022 a marqué un changement fondamental pour l’Europe. L’agression brutale de la Russie contre l’Ukraine et la résurgence des dynamiques de sécurité traditionnelles ont entraîné plus de transformations au cours de l’année écoulée qu’au cours des trois décennies précédentes combinées ; les fondations sur lesquelles s’édifiait l’équilibre de l’après-guerre froide ont été ébranlées ; et de nombreux pays sont désormais confrontés à de profondes mutations, la sécurité étant au cœur du défi.
L’Union européenne et ses institutions ne sont pas insensibles lorsqu’il s’agit de faire face à des moments aussi cruciaux de l’histoire, mais la vitesse accélérée à laquelle se déroulent les grands événements mondiaux signifie que le bloc doit planifier stratégiquement à long terme. Et si la guerre en Ukraine est, sans aucun doute, la menace la plus inquiétante dans notre environnement immédiat – celle pour laquelle l’UE et ses alliés se sont mobilisés de manière sans précédent – ce n’est pas le seul défi systémique qui se profile à l’horizon.
Quelque chose est en marche au-delà des frontières de l’Europe.
L’Indo-Pacifique est une puissance économique de première importance qui abrite près de 60% de la population mondiale, et le poids économique, démographique et politique croissant de la région en a fait un acteur influent dans les relations internationales, ainsi qu’un acteur nécessaire dans relever les défis mondiaux.
L’UE a officialisé son intérêt pour la région en 2021, par le biais de la stratégie de l’UE pour la coopération dans l’Indo-Pacifique, et alors que le bloc cherche désormais à poursuivre son autonomie stratégique, à maintenir et à renforcer son influence politique et à sauvegarder les valeurs démocratiques sur lesquelles il s’était fondé. construit, il doit s’engager activement avec la région. Il doit également garder proches ses amis de l’Indo-Pacifique avec des agendas vraiment compatibles, en particulier du point de vue de la sécurité – et le Japon est l’un de ces alliés.
Non seulement l’UE et le Japon ont des intérêts communs dans la région Asie-Pacifique, notamment en ce qui concerne la Chine, mais ils partagent également des valeurs fondamentales : la démocratie, les droits de l’homme et une vision du système international comme un mécanisme fondé sur des règles communes plutôt que sur Force brute.
Récemment, l’assurance de la Chine, ainsi que les provocations plus fréquentes de la Corée du Nord, ont incité le Japon à mettre un nouvel accent sur la sécurité maritime, et Tokyo a amélioré ses capacités de défense en conséquence. La dernière stratégie de sécurité nationale du pays décrit plusieurs initiatives pertinentes visant à renforcer la défense et à assurer la sécurité et l’ouverture de l’Indo-Pacifique, en élargissant la coopération militaire et en augmentant la résilience de sa cyberinfrastructure.
Le Japon est impatient de s’engager avec des partenaires partageant les mêmes idées sur ce front, et l’UE devrait en tenir compte. La diplomatie japonaise a été étroitement alignée sur le G7, et elle prend plusieurs mesures pour renforcer ses relations avec l’OTAN, ainsi que pour approfondir ses liens directs avec l’Ukraine et ses voisins européens.
Les intérêts du Japon recoupent également de manière significative ceux de l’Europe vis-à-vis de la Chine. Par rapport aux autres pays impliqués dans la région, l’UE et le Japon voient en la Chine à la fois un concurrent inquiétant et un partenaire commercial majeur, dont la coopération sera fondamentale pour relever les défis de notre époque, notamment le changement climatique.
La gestion des relations avec la Chine reviendra donc à trouver le juste équilibre entre coopération et confrontation, dialogue et rivalité. Cela nécessitera une interaction et des efforts continus des deux côtés. Ou, pour reprendre les mots d’un haut diplomate en poste auprès de l’UE, « la Russie est comme une tempête, la Chine est comme le changement climatique ». Et il n’aurait pas pu avoir plus raison.
Les récentes visites à Pékin du président du Conseil européen Charles Michel et du chancelier allemand Olaf Scholz témoignent précisément de l’intention de l’UE de garder la porte diplomatique ouverte. Et le Japon, étant si proche géographiquement et économiquement interconnecté avec l’Empire du Milieu, fait face au même défi que l’UE, en plus de problèmes de sécurité plus directs.
Pour cette raison, nous assistons à un appétit croissant pour une collaboration plus étroite avec le Japon de la part des institutions de l’UE, ce qui suggère que nous entrons dans un âge d’or pour les relations UE-Japon.
À cette fin, en l’espace de quelques années seulement, trois accords majeurs ont été signés : l’accord de partenariat économique historique, l’accord de partenariat stratégique UE-Japon et le partenariat pour une connectivité durable et des infrastructures de qualité. De plus, à la lecture de la déclaration conjointe signée lors du sommet UE-Japon de mai 2022, il est possible de saisir à quel point notre terrain d’entente est large.
C’est notamment le cas lorsqu’il s’agit de sécurité et de défense des valeurs que nous défendons, et cela comprend la ferme condamnation de l’agression impitoyable de la Russie, le soutien à l’Ukraine et à Taïwan, la volonté d’assurer la sécurité maritime de l’Indo-Pacifique, l’engagement en faveur d’une cyberespace ouvert et opposition aux essais de missiles nucléaires par la Corée du Nord. Le mois dernier, le Premier ministre Fumio Kishida s’est rendu en Europe pour resserrer les liens de défense et une délégation du Parlement européen s’est rendue à Tokyo pour discuter de la cybersécurité.
Cependant, cette relation étroite avec le Japon ne se limite pas aux seules questions de commerce et de sécurité. Il comprend également les deux priorités à long terme les plus fondamentales de l’Europe : la numérisation et la transition verte.
Par le biais de l’Alliance verte UE-Japon et du Partenariat numérique Japon-UE, les deux parties ont intensifié leur collaboration dans ces domaines. Et grâce à cette position commune et consolidée, il sera possible d’encourager et de soutenir le reste du monde à poursuivre une numérisation et une transition verte plus justes et plus rapides, en particulier lors des prochaines réunions de la communauté internationale comme la COP 28.
Tous ces éléments indiquent que les années à venir pourraient représenter un tournant pour les relations UE-Japon. Il est temps d’embrasser une nouvelle proximité sans précédent.
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