L’avancée en Syrie d’un ancien affilié d’Al-Qaïda : ce que l’on sait


Beyrouth (AFP) – L’ancien affilié d’Al-Qaïda en Syrie gagne du terrain sur les rebelles rivaux dans le nord de la Syrie sous contrôle turc, à la suite de certains des combats inter-rebelles les plus meurtriers dans la région depuis des années.

Voici ce que nous savons de la flambée meurtrière, qui modifie l’équilibre des pouvoirs dans certaines parties de la Syrie qui échappent encore au contrôle du gouvernement après plus d’une décennie de guerre.

Qui est impliqué?

Les groupes rebelles syriens opposés au gouvernement du président Bashar al-Assad sont principalement confinés à la région nord-ouest d’Idlib et au nord de la province d’Alep, près de la frontière avec la Turquie.

La Turquie, qui a mené des opérations transfrontalières successives en Syrie depuis 2016, s’est taillé une zone de contrôle dans les zones proches de la frontière avec l’aide de mandataires rebelles qui se sont battus à plusieurs reprises pour l’influence.

Il s’agit notamment du groupe Al-Jabha al-Shamiya, qui a été chassé de la ville d’Alep à la suite de sanglantes batailles avec les forces gouvernementales en 2016, et de la ligne dure Jaysh al-Islam, autrefois considérée comme la principale faction dans la banlieue de la Ghouta orientale de Damas. , un ancien bastion rebelle.

D’autres groupes ont été formés dans le nord et comprennent la division Sultan Murad et la brigade Al-Hamza.

La région voisine d’Idlib est dominée par l’alliance Hayat Tahrir al-Sham, dirigée par l’ancien affilié syrien d’Al-Qaïda.

La Turquie n’a jamais publiquement soutenu le groupe radical, mais on pense qu’elle se coordonne avec ses forces, qui contrôlent le poste frontière clé de Bab al-Hawa.

Ce qui se passe?

Le 8 octobre, des affrontements ont éclaté dans la ville d’Al-Bab, au nord de la province d’Alep, entre Al-Jabha al-Shamiya et la Brigade Al-Hamza suite à des accusations selon lesquelles cette dernière serait à l’origine du meurtre d’un militant local.

De tels meurtres ne sont pas rares dans la région frontalière instable où les groupes soutenus par la Turquie sont largement accusés d’une série de violations des droits de l’homme.

Mais les affrontements qui ont suivi se sont rapidement propagés à d’autres régions et ont attiré d’autres factions, y compris HTS, conduisant à la flambée inter-rebelle la plus meurtrière dans la région depuis des années, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme basé en Grande-Bretagne.

HTS, qui est largement considéré comme le plus fort et le mieux organisé des groupes rebelles syriens, a soutenu la Brigade Al-Hamza dans ses batailles avec Al-Jabha al-Shamiya et Jaysh al-Islam.

Les civils fuient avec leurs affaires alors que l’alliance Hayat Tahrir al-Sham (HTS), dirigée par l’ancien affilié d’Al-Qaïda en Syrie, avance sur la ville clé d’Azaz Bakr ALKASEM AFP

Après moins d’une semaine de combats, HTS a capturé la région clé d’Afrin, au nord-ouest de la province d’Alep, dans une avancée sans précédent.

« HTS contrôle tout Afrin, y compris toutes les institutions administratives, et gère la sécurité et supervise les points de contrôle », a déclaré Suraj al-Deen al-Shami, un porte-parole des rebelles.

Une trêve avortée entre les factions belligérantes ce week-end a accordé à HTS le contrôle total d’Afrin et d’autres régions du nord sous contrôle turc.

En retour, HTS et les combattants rebelles alliés arrêteraient leurs attaques.

Mais l’accord s’est rapidement effondré avec la reprise des affrontements cette semaine au milieu d’une nouvelle avancée de HTS et de ses alliés.

HTS s’est depuis rapproché de la ville d’Azaz près de la frontière turque, après 10 jours de combats qui ont fait près de 60 morts, dont 10 civils, selon l’Observatoire.

Quel est le rôle d’Ankara ?

HTS, qui est sanctionnée par l’ONU en tant qu’organisation terroriste, a officiellement rompu ses liens avec Al-Qaïda en 2016 et a incorporé un certain nombre de petites factions rebelles syriennes dans un effort majeur de changement de marque.

Grâce à des batailles et des trêves avec d’autres groupes rebelles, il a conquis la domination du dernier grand bastion rebelle d’Idlib en 2019.

Il s’est depuis présenté comme le pilier de l’opposition syrienne qui a été écrasée par plus d’une décennie de guerre avec les forces d’Assad.

Les dernières avancées du groupe près de la frontière avec la Turquie sont ses plus importantes en dehors de la province d’Idlib et ont suscité des inquiétudes aux États-Unis.

Des manifestants brûlent des pneus au point de passage de Bab al-Salama entre le nord-ouest de la Syrie tenu par les rebelles et la Turquie
Des manifestants brûlent des pneus au point de passage de Bab al-Salama entre le nord-ouest de la Syrie tenu par les rebelles et la Turquie Bakr ALKASEM AFP

« Nous sommes alarmés par la récente incursion de HTS, une organisation terroriste désignée, dans le nord d’Alep (province) », a déclaré l’ambassade américaine dans un communiqué.

« Les forces du HTS doivent être immédiatement retirées de la zone. »

Mais beaucoup pensent que HTS n’aurait pas pu avancer sans l’approbation au moins tacite d’Ankara, qui n’a pas fait grand-chose pour arrêter les derniers combats.

« Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de position officielle et explicite de la Turquie, et cela peut indiquer leur approbation », a déclaré le porte-parole des rebelles Shami.

« Peut-être que la Turquie n’est pas d’accord, mais elle l’accepte comme un fait accompli », a-t-il dit.

On ne sait toujours pas ce que la domination du HTS sur les enclaves rebelles détenues par la Turquie signifiera pour Ankara, qui a récemment signalé qu’elle était plus ouverte à un rapprochement avec Damas.

Nawar Oliver, expert militaire au Centre d’études stratégiques d’Omran basé en Turquie, a déclaré que l’inaction d’Ankara avait donné à HTS une marge de manœuvre.

« HTS veut envoyer un message clair qu’il est capable d’affirmer son contrôle sur la région », a déclaré Oliver à l’AFP.



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