Le Danemark, premier pays à importer du CO2 et à l’enfouir sous la mer


Le Danemark inaugure mercredi un projet de stockage de dioxyde de carbone à 1.800 mètres sous la mer du Nord, premier pays au monde à enfouir du CO2 importé de l’étranger.

Le cimetière de CO2, où le carbone est injecté pour empêcher un réchauffement supplémentaire de l’atmosphère, se trouve sur le site d’un ancien champ pétrolifère. Dirigé par le géant britannique de la chimie Ineos et la compagnie pétrolière allemande Wintershall Dea, le Projet « Greensand » devrait stocker jusqu’à huit millions de tonnes de CO2 par an d’ici 2030.

Encore balbutiants et coûteux, les projets de captage et stockage du carbone (CSC) visent à capter puis piéger le CO2 afin d’atténuer le réchauffement climatique. Une trentaine de projets sont actuellement opérationnels ou en cours de développement en Europe.

Mais contrairement à d’autres projets qui stockent les émissions de CO2 des sites industriels proches, Greensand se distingue en faisant venir le carbone de loin.

D’abord capté à la source, le CO2 est ensuite liquéfié puis transporté, actuellement par bateau, mais potentiellement par pipelines, et stocké dans des réservoirs tels que des cavités géologiques ou des champs pétroliers et gaziers épuisés.

Les autorités danoises, qui se sont fixé pour objectif d’atteindre la neutralité carbone dès 2045, affirment qu’il s’agit « d’un outil indispensable dans notre boîte à outils climatique ».

« Cela nous aidera à atteindre nos objectifs climatiques, et comme notre sous-sol contient un potentiel de stockage bien supérieur à nos propres émissions, nous sommes également en mesure de stocker le carbone d’autres pays », a déclaré le ministre du Climat, Lars Aagaard.

La mer du Nord est particulièrement adaptée à ce type de projet car la région dispose déjà de pipelines et de sites de stockage potentiels après des décennies de production de pétrole et de gaz.

Bien que mesurées en millions de tonnes, les quantités stockées restent une petite fraction des émissions globales. Selon l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), les États membres de l’UE ont émis 3,7 milliards de tonnes de gaz à effet de serre rien qu’en 2020.

Longtemps considérée comme une solution compliquée avec une utilisation marginale, la capture du carbone a été adoptée comme nécessaire par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU et l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Mais il reste loin d’être un remède miracle au réchauffement climatique. Le processus énergivore de captage et de stockage du CO2 émet lui-même l’équivalent de 21% du gaz capté, selon le groupe de réflexion australien IEFA.

Et la technologie n’est pas sans risques **, ** selon le groupe de réflexion, qui affirme que les fuites potentielles pourraient avoir de graves conséquences. Par ailleurs, le coût du projet n’a pas été rendu public.

« Le coût du stockage du CO2 doit encore être réduit, il deviendra donc une solution durable d’atténuation du climat à mesure que l’industrie gagnera en maturité », a déclaré Morten Jeppesen, directeur du Centre danois de technologie offshore à l’Université technique du Danemark (DTU).

La technologie fait également face à l’opposition des écologistes.

« Cela ne résout pas le problème et prolonge les structures nuisibles », a déclaré Helene Hage, responsable de la politique climatique et environnementale chez Greenpeace Danemark.

« La méthode ne change pas nos habitudes mortelles. Si le Danemark veut vraiment réduire ses émissions, il devrait se pencher sur les secteurs qui en produisent beaucoup », a-t-elle déclaré, citant des secteurs tels que l’agriculture et les transports.



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