Le gouvernement français en danger à cause d’un projet de loi contesté sur la réforme des retraites

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La Première ministre française Elisabeth Borne a recouru à une procédure judiciaire spéciale pour adopter un projet de loi impopulaire sur la réforme des retraites sans vote à l’Assemblée nationale jeudi 16 mars, mais s’est ouverte à une chute potentielle face à la dissidence croissante des législateurs.

Le projet de loi sur les retraites, qui a provoqué des semaines de protestations en France, vise à relever l’âge de la retraite de 62 à 64 ans.

A la clôture du débat sur la réforme des retraites, après un vote positif au Sénat jeudi matin, l’Assemblée nationale devait se prononcer sur le texte.

Cependant, craignant qu’il n’y ait pas de majorité, Borne a décidé, après consultation du président Emmanuel Macron, d’invoquer l’article 49.3 de la Constitution, selon lequel le texte d’une loi est réputé adopté sans vote si aucune motion de censure n’est présentée par le députés.

Cependant, plusieurs groupes d’opposition, de gauche (NUPES) et d’extrême droite (Rassemblement National), ont annoncé qu’ils déposeraient des motions de censure. Pour être adoptée, une motion de censure doit être votée à la majorité absolue, soit 289 voix « pour ».

Les députés ont déjà tenté d’avoir une telle motion à plusieurs reprises fin 2022 mais n’ont jamais rassemblé suffisamment de voix pour renverser le gouvernement.

La différence cette fois-ci, c’est que certains députés de droite opposés à la réforme des retraites, qui n’avaient pas entériné les précédentes tentatives de censure, ont indiqué vouloir la soutenir maintenant – même si leur chef de file, Olivier Marleix, a déclaré que son groupe n’approuverait pas une telle mouvement.

Le président Macron a évoqué à plusieurs reprises la possibilité de dissoudre l’Assemblée nationale en cas de renversement du gouvernement par une motion de censure.

Le Pen : Borne « doit partir »

La dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen a déclaré après l’annonce de Borne que le Premier ministre « doit partir ».

Son groupe a crié « démission ! démissionner! » pendant que Borne parlait à la Chambre. « Nous allons forcer Elisabeth Borne à démissionner », a conclu Le Pen, ajoutant qu’en s’opposant à la réforme des retraites de Macron, « l’Assemblée nationale est d’accord avec le peuple français ».

Le député communiste Fabien Roussel a dénoncé un « déni de démocratie » de la part du Premier ministre, qui a refusé d’écouter les opposants à la réforme, tant dans la rue qu’à l’Assemblée.

« Le Premier ministre vient de finir de bafouer et d’humilier le Parlement », a ajouté Roussel.

Pour la cheffe de file du groupe de gauche radicale La France insoumise, Mathilde Panot, la motion de censure est « la preuve que ce gouvernement est minoritaire ».

Plusieurs médias français ont rapporté qu’une manifestation impromptue prenait de l’ampleur sur la place de la Concorde, près de l’Assemblée nationale, jeudi après-midi.

Le président de la commission des affaires économiques, Guillaume Kasbarian, membre de la Renaissance de Macron, a expliqué que le calcul de la majorité au pouvoir était « très incertain jusqu’à mercredi soir », évoquant une majorité infime de deux ou trois voix à l’Assemblée.

Le gouvernement a donc préféré ne pas risquer un vote, et il a dit que c’était « la moins mauvaise des solutions ».

Interrogé sur les prochaines étapes, Kasbarian a déclaré attendre le résultat des motions de censure, mais a reconnu que « la majorité relative cause des difficultés » et que c’était un « défi d’élargir notre majorité autour d’un programme commun », surtout avec le droite.

[Edited by Zoran Radosavljevic]



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