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PARIS – La ministre française de l’Énergie, Agnès Pannier-Runacher, vit depuis l’année dernière dans une maison appartenant à des héritiers du groupe Dassault, soulevant des questions quant à ses liens avec le conglomérat de la défense et des médias – qui faisait autrefois partie de ses attributions ministérielles.
Pannier-Runacher a emménagé avec son partenaire dans la maison de Lens, dans le nord de la France, en 2021. La propriété appartient à une société immobilière contrôlée par les héritiers d’Olivier Dassault, aujourd’hui décédé, le fils aîné du tsar de l’industrie Serge Dassault, en tant que premier POLITICO. rapporté mercredi.
Pannier-Runacher était ministre de l’Industrie au moment du déménagement, les activités du géant de la défense du groupe Dassault étant en partie sous son égide. Bien qu’elle n’ait aucune obligation légale de divulguer l’identité de son propriétaire, l’arrangement soulève des questions quant à la portée des règles actuelles et au risque de conflit d’intérêts.
Pannier-Runacher a déclaré qu’elle ne connaissait pas l’identité du propriétaire, car le bail avait été signé par son partenaire avant son emménagement.
« Quand j’ai emménagé avec mon conjoint en mai 2021, il occupait la maison depuis 2017. Je ne savais pas qui était le propriétaire », a déclaré jeudi le ministre au journal local La Voix du Nord.
La famille Dassault contrôle le groupe du même nom via une holding familiale.
À la mort d’Olivier Dassault en mars 2021, Pannier-Runacher le décrit comme un « ami délicat ». Deux mois plus tard, elle emménageait dans une maison appartenant à son domaine familial que son associé Nicolas Bays louait depuis 2017.
Bays travaillait lui-même dans le cabinet de Pannier-Runacher au ministère de l’Industrie depuis 2020, d’abord en tant que conseiller puis en tant que chef de cabinet. Il était auparavant député socialiste et a développé des liens étroits avec Olivier Dassault, lui-même député conservateur du parti Les Républicains. Ils étaient tous deux vice-présidents d’un intergroupe parlementaire France-Qatar, un groupe informel facilitant les échanges entre les deux pays.
Il a dit qu’il ne ressentait pas le besoin de divulguer sa situation de logement à l’époque.
« Comme j’ai un bail classique, je paye mon loyer régulièrement, et comme cette situation n’est pas mentionnée dans la HATVP [the French civil service’s ethical body] directives, il ne semblait pas nécessaire de le déclarer », a-t-il déclaré.
La famille Dassault n’était pas disponible dans l’immédiat pour commenter.
Le mois même où elle a emménagé, la ministre de l’Industrie de l’époque s’est vantée des dernières commandes croates et grecques d’avions militaires Rafale fabriqués par Dassault.
Les liens du couple avec la famille Dassault ne sont pas couverts par les règles d’éthique du gouvernement français, qui obligent les ministres, les membres de leurs cabinets et les députés à divulguer leur patrimoine et leurs activités professionnelles externes.
Mais les révélations soulèvent des questions plus larges de transparence et d’éthique.
Béatrice Guillemont, directrice générale de l’ONG anti-corruption Anticor, a déclaré qu’un conflit d’intérêts est décrit par la loi française comme « toute situation d’ingérence entre un intérêt public et des intérêts publics ou privés qui est susceptible d’influencer ou de paraître influencer l’indépendant ». , exercice impartial et objectif d’une fonction. »
Guillemont dit que la question se pose de savoir pourquoi Nicolas Bays n’a pas jugé nécessaire d’informer son supérieur, alors ministre de l’Industrie et compagnon, qu’ils vivaient dans une maison appartenant à l’une des plus influentes familles d’industriels français.
« Il ne faut pas attendre qu’il tombe sous [specific ethics rules] déclarer un certain nombre d’intérêts ou d’activités », a-t-elle dit.
La nouvelle a éclaté alors que Pannier-Runacher était déjà sous le feu des liens de sa famille avec la compagnie pétrolière Perenco – dont son père était un haut dirigeant – après que le média Disclose ait publié des informations sur l’héritage de ses enfants.
Les députés du parti d’extrême gauche France Unbowed ont critiqué le ministre pour ce qu’ils considéraient comme un manque de transparence sur les deux questions.
« Aujourd’hui, on découvre que lorsqu’elle était ministre de l’industrie, elle séjournait chez un grand industriel. Légal peut-être, moral certainement pas », tweeté Clémence Guetté, vice-présidente du groupe France insoumise à l’Assemblée nationale, la chambre basse du parlement.
Paul de Villepin a contribué au reportage.
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