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Le pape François a vivement dénoncé le « colonialisme économique » qui « se déchaîne » en Afrique et en République démocratique du Congo (RDC), au premier jour de sa visite dans le pays.
« Après le colonialisme politique, s’est déchaîné un colonialisme économique tout aussi asservissant. Ce pays, en grande partie pillé, ne parvient donc pas à tirer suffisamment profit de ses immenses ressources », a-t-il déploré mardi à Kinshasa. Son discours très politique devant les autorités et le corps diplomatique a été applaudi.
« Enlevez vos mains de la République démocratique du Congo, enlevez vos mains de l’Afrique ! Arrêtez d’étouffer l’Afrique : ce n’est pas une mine à exploiter ni une terre à piller », a-t-il encore dit dans les jardins du palais présidentiel.
Cet appel résonne particulièrement en RDC, un pays aux immenses richesses et au sol fertile, où les deux tiers des quelque 100 millions d’habitants vivent avec moins de 2,07 € par jour.
Le « colonialisme économique » était l’oeuvre des multinationales et des pays lointains, mais les pays voisins de la RDC sont désormais également accusés d’avoir pris le relais du pillage des ressources de la RDC, qui leur profite économiquement et alimente les conflits qui ensanglantent le pays.
C’était une réponse très attendue aux conflits endémiques qui sévissent dans l’Est du pays, notamment au Nord-Kivu.
Le pape a exhorté les Congolais à ne pas « tomber dans le tribalisme et la confrontation » et a encouragé les processus de paix en cours « afin que les engagements soient tenus ».
L’Angola a engagé une médiation pour tenter d’apaiser les tensions entre la RDC et le Rwanda, accusé de soutenir la rébellion du M23 qui s’est emparé de portions du territoire du Nord-Kivu depuis l’an dernier. Les combats continuent d’opposer forces loyalistes et groupes armés.
De son côté, le Kenya tente d’encourager le dialogue entre les autorités de Kinshasa et les dizaines de groupes armés actifs dans l’Est depuis près de 30 ans. Mais ces processus n’ont jusqu’à présent pas été accompagnés de progrès concrets sur le terrain.
Le pape argentin n’a pas non plus épargné la classe dirigeante du pays, appelant à « favoriser des élections libres, transparentes et crédibles » face à la menace de la corruption, alors que le pays se prépare à une élection présidentielle décisive en décembre.
« Nous ne nous laissons pas manipuler, et encore moins acheter, par ceux qui veulent maintenir le pays dans la violence pour l’exploiter et faire des affaires honteuses », a-t-il insisté en présence du président Félix Tshisekedi, candidat à la réélection. -élection qui est arrivé au pouvoir début 2019 après une élection controversée.
Certaines organisations jugent déjà le processus des prochaines élections très mal engagé, déplorant la volonté de prise de pouvoir sur les corps électoraux.
Comparant la RDC à un « diamant », le pape a abordé un large éventail de thèmes tels que l’éducation, la protection de l’environnement et le prosélytisme religieux – sans oublier « le fléau du travail des enfants ».
« Trop d’entre eux meurent, soumis au travail d’asservissement dans les mines », a ajouté le Pape.
Comme les conditions de travail dangereuses et indignes et la corruption, les accusations de travail des enfants pèsent sur l’exploitation artisanale des minerais comme le très recherché cobalt, dont la RDC fournit quelque 70% de la production mondiale.
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