Le Pérou se prépare à un nouveau rassemblement à Lima malgré l’état d’urgence


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Lima (AFP) – Lima se préparait lundi à un nouveau rassemblement contre la présidente péruvienne Dina Boluarte alors que des milliers de manifestants commençaient à se mobiliser dans la capitale après des semaines de troubles meurtriers.

Des manifestants de tout le pays ont commencé à se rendre à Lima ce week-end dans le but de maintenir la pression sur les autorités, même si l’état de guerre d’urgence a été déclaré dans le but de maintenir l’ordre.

Au moins 42 personnes sont mortes en cinq semaines d’affrontements entre manifestants et forces de sécurité, selon le médiateur péruvien des droits de l’homme.

Les partisans du président déchu Pedro Castillo – qui a été arrêté et accusé de rébellion entre autres après avoir tenté le mois dernier de dissoudre le Parlement et de gouverner par décret – ont érigé des barrages routiers enflammés, tenté de prendre d’assaut des aéroports et organisé des rassemblements de masse.

Ils exigent la démission de Boluarte, la fermeture du Congrès et de nouvelles élections.

« Nous allons être dans la capitale pour faire entendre notre voix de protestation », a déclaré à l’AFP Jimmy Mamani, un leader indigène aymara de la région de Puno.

Mamani, le maire d’un petit village près de la frontière avec la Bolivie, a déclaré que des paysans de tout le Pérou s’étaient donné rendez-vous à Lima pour une manifestation « pacifique ».

Les manifestants sont prêts à défier l’état d’urgence dans la capitale.

« Ce n’est pas normal que l’exécutif ne puisse pas écouter nos demandes, il fait la sourde oreille », a ajouté Mamani, qui a exclu le dialogue avec les autorités.

Au moins 3 000 manifestants d’Andahuaylas, dans le sud-est du Pérou, se dirigeaient vers Lima lundi dans une caravane de camions et de bus.

Dans la province de Cusco, des dizaines de paysans s’organisent pour partir vers la capitale.

Le gouvernement a prolongé de 30 jours l’état d’urgence à partir de samedi minuit pour Lima, Cusco, Callao et Puno, autorisant les militaires à appuyer les actions de la police pour rétablir l’ordre public.

L’ordonnance a également suspendu des droits constitutionnels tels que la liberté de mouvement et de réunion, selon un décret publié au journal officiel.

L’archevêque de Lima Carlos Castillo célèbre une messe à la mémoire des personnes tuées lors des manifestations d’une semaine au Pérou © Ernesto BENAVIDES / AFP

Dans l’épicentre des protestations de Puno, le gouvernement a décrété un nouveau couvre-feu nocturne pendant 10 jours, de 20h00 à 4h00.

Près de 100 tronçons de route restaient bloqués dimanche dans 10 des 25 régions du Pérou, un record, selon un haut responsable des transports terrestres.

Castillo, ancien enseignant d’une école rurale et dirigeant syndical, a fait face à une opposition véhémente du Congrès au cours de ses 18 mois de mandat et fait l’objet de nombreuses enquêtes criminelles sur des allégations de corruption généralisée.

Son éviction le 7 décembre a déclenché des protestations immédiates dans tout le pays, principalement parmi les ruraux pauvres.

« Des terribles cruautés »

À l’approche des manifestations de lundi, les attitudes des manifestants et des responsables gouvernementaux ont semblé se durcir.

« Nous demandons que Dina Boluarte démissionne de la présidence et que le Congrès soit fermé. Nous ne voulons plus de morts », a déclaré à l’AFP Jasmin Reinoso, un infirmier de 25 ans originaire d’Ayacucho.

Le Premier ministre Alberto Otarola a appelé les manifestants à « changer radicalement » de tactique et à opter pour le dialogue.

« Il y a un petit groupe organisé et payé par le trafic de drogue et l’exploitation minière illégale qui veut prendre le pouvoir par la force », a déclaré Otarola à la télévision locale.

Le ministre de la Défense, Jorge Chavez, a déclaré que le gouvernement ferait tout ce qui est en son pouvoir « pour éviter une situation violente » à Lima.

Mais il a également supplié les manifestants de manifester « pacifiquement sans générer de violence ».

Un sondage Ipsos publié dimanche indique que Boluarte a un taux de désapprobation de 71 %.

Une messe a eu lieu à Lima pour les manifestants et les policiers tués lors du soulèvement
Une messe a eu lieu à Lima pour les manifestants et les policiers tués lors du soulèvement © Ernesto BENAVIDES / AFP

Les troubles se sont largement concentrés dans le sud des Andes, où vivent les communautés quechua et aymara.

La Commission interaméricaine des droits de l’homme a déclaré que pour mettre fin à la crise, ces groupes doivent être mieux intégrés dans la société péruvienne.

Groupes radicaux ?

Le Pérou est politiquement instable depuis des années, Boluarte, 60 ans, est le sixième président du pays en cinq ans.

La police anti-émeute monte la garde sur la Plaza de Armas à Cusco, au Pérou, alors que les habitants organisent un rassemblement pour la paix à la mémoire des dizaines de personnes décédées lors des récentes manifestations antigouvernementales
La police anti-émeute monte la garde sur la Plaza de Armas à Cusco, au Pérou, alors que les habitants organisent un rassemblement pour la paix à la mémoire des dizaines de personnes décédées lors des récentes manifestations antigouvernementales ©Ivan Flores / AFP

Castillo a été placé en détention provisoire pendant 18 mois, accusé de rébellion et d’autres crimes.

Les autorités insistent sur le fait que des groupes radicaux sont derrière les manifestations, y compris des restes du groupe de guérilla communiste du Sentier lumineux.

Pour preuve, ils ont présenté la capture cette semaine d’un ancien membre de cette organisation, Rocio Leandro, que la police accuse d’avoir financé une partie des troubles.



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