Le plus long oléoduc d’Afrique prend forme au Niger


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Gaya (Niger) (AFP) – Des ouvriers chinois et nigériens tirent des tuyaux d’acier géants sur des monticules de terre tandis que des soldats lourdement armés montent la garde.

A Gaya, dans le sud-ouest du Niger, près de la frontière avec le Bénin, le plus long oléoduc d’Afrique est en cours de construction.

D’une longueur projetée de près de 2 000 kilomètres (dont 1 250 km au Niger même), l’oléoduc reliera les puits de pétrole de la région orientale d’Agadem, zone troublée par des incursions jihadistes meurtrières, au port béninois de Seme.

Les militants pour le climat réclament la fin des investissements dans les combustibles fossiles émetteurs de carbone.

Mais au Niger, pays le plus pauvre du monde selon l’indice de référence de l’indice de développement humain de l’ONU, ce projet est considéré comme une bouée de sauvetage économique.

L’État enclavé d’Afrique de l’Ouest est devenu producteur de pétrole en 2011. La China National Petroleum Corporation (CNPC), exploitant les réserves, achemine du pétrole par oléoduc vers les raffineries de Zinder, dans le centre-sud du Niger.

Pour les exportations, le Niger prévoyait initialement d’expédier du brut via le port camerounais de Kribi via le Tchad voisin.

Elle a finalement opté pour le « corridor béninois » débouchant sur la rive nord du golfe de Guinée.

Lancé en 2019, le projet devait être achevé en 2022, mais la pandémie de Covid-19 l’a ralenti, a indiqué Nafiou Issaka, directeur général adjoint de la West African Oil Pipeline Company (WAPCO).

Plus de 600 km d’oléoduc ont déjà été posés et le Niger est en passe de vendre du brut sur le marché international à partir de juillet prochain, selon le ministère du pétrole et de l’énergie.

Six milliards de dollars seront investis dans le pipeline BOUREIMA HAMA AFP

Plus de 700 militaires ont été déployés pour assurer la sécurité du projet, même si une grande partie du territoire qu’il traverse est jusqu’à présent épargnée par les violences djihadistes, selon une source sécuritaire qui a requis l’anonymat.

« Le plus gros investissement du Niger »

Le Niger est depuis longtemps un important producteur d’uranium, classé au 7e rang mondial en 2021 avec une production totale de 2 248 tonnes, après une baisse d’une année sur l’autre au cours de la dernière décennie, selon l’Association nucléaire mondiale.

Mais les revenus de l’uranium continuent de baisser et les dirigeants du pays misent sur le pétrole pour gonfler le budget national, dont une grande partie est consacrée à la lutte contre les djihadistes dans le sud-est et l’ouest.

Six milliards de dollars seront investis dans le pipeline.

Carte du Niger montrant la capitale Niamey
Carte du Niger montrant la capitale Niamey AFP

« C’est le plus gros investissement du Niger depuis l’indépendance » de la France en 1960, a déclaré Kabirou Zakari, qui dirige la division du raffinage du pétrole du ministère.

A partir de 2023, la production de pétrole devrait être portée à 110.000 barils par jour, dont 90.000 barils seront exportés, a indiqué Zakari à l’AFP.

Le pétrole pourrait alors « générer un quart du PIB du pays » – plus de 13,6 milliards de dollars en 2020 selon la Banque mondiale – et « environ 50% des recettes fiscales du Niger », contre respectivement 4% et 19% aujourd’hui, a ajouté Zakari.

Il a estimé les réserves de pétrole du Niger à environ deux milliards de barils. Selon les projections officielles, le Niger produira 200 000 barils par jour en 2026.

Contrebande de carburant

La compagnie pétrolière algérienne Sonatrach a annoncé une découverte « encourageante » de pétrole à Kafra, une vaste zone de 23 737 kilomètres carrés (9 165 miles carrés) à la frontière avec l’Algérie.

La société britannique Savannah Energy, acteur majeur de l’industrie gazière au Nigeria voisin, affirme avoir elle aussi trouvé des gisements dans la région d’Agadem, où les Chinois opèrent déjà.

Les dirigeants du pays misent sur le pétrole pour gonfler le budget national
Les dirigeants du pays misent sur le pétrole pour gonfler le budget national BOUREIMA HAMA AFP

Un marché noir des produits pétroliers fleurit dans la capitale Niamey et dans d’autres grandes villes. Un litre d’essence (gasoline) s’échange contre 300 FCFA (40 cents US), soit un peu moins de la moitié du prix à la pompe.

Mardi, le président nigérien Mohamed Bazoum a déclaré que la contrebande de carburant organisée depuis le Nigeria voisin était devenue une source « d’approvisionnement des terroristes » et a appelé à la répression.



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