Le point de vue du Guardian sur la pensée juridique malsaine du Brexit : remonter le temps | Éditorial


Je gouvernement « ne devrait pas donner suite » à sa déclaration des droits. C’est le jugement cinglant rendu la semaine dernière sur les propositions de Dominic Raab par la commission parlementaire mixte des droits de l’homme. Les députés et leurs pairs ont évalué le projet de loi et ont correctement décidé que le résultat idéal pour le pays était d’abandonner la législation profondément défectueuse. Ce n’est pas tant une déclaration des droits qu’une déclaration des torts. Le comité multipartite a déclaré que les propositions du secrétaire à la Justice réduiraient les protections actuellement fournies, rendraient plus difficile l’application des droits de l’homme et montreraient un mépris pour les obligations internationales.

Le parti conservateur sous sa forme actuelle est déterminé à libérer l’exécutif de toute responsabilité, et les idées de M. Raab font partie d’une prise de pouvoir qui comprend des tentatives de restreindre le contrôle judiciaire, le droit de manifester et la liberté d’expression. Faire de son projet de loi une loi verrait la Grande-Bretagne tourner le dos aux gains réalisés par la législation sur les droits de l’homme. Des avancées majeures réalisées par les personnes handicapées, les couples de même sexe et les victimes de Windrush n’auraient jamais eu lieu dans le cadre de ces propositions.

Le rapport du comité prévient que si le projet de loi de M. Raab avait été adopté plus tôt, il n’y aurait eu aucune contestation de l’enquête défectueuse de la police sur le délinquant sexuel en série John Worboys et aucune enquête de Hillsborough. Sans surprise, il n’y a pas de soutien significatif du public, du pouvoir judiciaire ou de la société civile pour le projet de loi de M. Raab. Ni l’examen indépendant commandé par le gouvernement ni la consultation du gouvernement n’ont suscité beaucoup d’appui en faveur des propositions.

Au lieu de cela, les preuves étaient « écrasantes » contre le projet de loi de M. Raab, qui vise à abroger et à remplacer la loi sur les droits de l’homme. Depuis 2000, cette loi permet aux Britanniques de faire valoir les droits accordés par la convention européenne des droits de l’homme devant les tribunaux britanniques plutôt que d’aller à Strasbourg. Les propositions de M. Raab impliquent clairement que la CEDH est allée trop loin, le banc dénichant de nouveaux droits qui ne figuraient pas dans le texte de la convention.

Il s’agit d’une version Brexit de l’argument juridique « originaliste » des droitiers américains. Il voit la convention comme l’auraient fait ceux qui l’ont rédigée – dans ce cas au début des années 1950. Cela renverserait la doctrine dominante de « l’instrument vivant », selon laquelle la convention est comprise à la lumière des conditions actuelles. Le comité note sèchement que le gouvernement veut « encourager les tribunaux à interpréter les droits conventionnels tels qu’ils auraient été lus dans les années 1950, et non au 21e siècle ».

Le pire est peut-être encore à venir. La Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg applique les mêmes principes dans les 46 Etats membres du Conseil de l’Europe. M. Raab a refusé d’exclure que le Royaume-Uni quitte la convention à l’avenir, plaçant la Grande-Bretagne aux côtés de régimes voyous comme la Russie et la Biélorussie. L’écrivain juridique Joshua Rozenberg souligne que ce pays a le meilleur bilan des droits de l’homme en Europe. Mettre le Royaume-Uni, qui avait violé la convention dans seulement deux cas, sur un pied d’égalité avec la Russie, avec 374 violations jusqu’à son expulsion suite à son invasion de l’Ukraine l’année dernière, serait ridicule, semble-t-il, pour tous sauf les ministres conservateurs.

Même si M. Raab quitte le cabinet, d’autres sont susceptibles de prendre le relais. En août dernier, Suella Braverman, l’actuelle ministre de l’Intérieur, a déclaré que c’était une « priorité nationale » de sortir le Royaume-Uni de l’influence du tribunal de Strasbourg. La bonne nouvelle est que M. Rozenberg pense qu’il est « peu probable » que le projet de loi soit adopté sous sa forme actuelle. Il vaudrait mieux que la législation soit complètement abandonnée.



Source link -11