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UNEprès une année difficile, la hiérarchie anglicane a été légèrement soulagée la semaine dernière par Jonathan Gullis, le député conservateur résolument belliqueux de Stoke-on-Trent North. S’inscrivant contre les critiques de l’archevêque de Canterbury sur le projet du gouvernement d’envoyer des demandeurs d’asile au Rwanda, M. Gullis a discerné une tendance moderne troublante à utiliser « la chaire pour prêcher ». Justin Welby a répondu qu’il appréciait les commentaires et attendait avec impatience des conseils sur une activité de chaire plus appropriée.
Ce Noël, alors qu’une année 2022 qui donne à réfléchir tire à sa fin, on peut pardonner au Lambeth Palace de se livrer à un humour festif aux dépens de M. Gullis. Le mois dernier, les résultats du recensement ont indiqué que, pour la première fois, moins de la moitié de la population d’Angleterre et du Pays de Galles se décrivait comme chrétienne. Des chiffres distincts ont révélé une forte baisse du nombre de participants aux services anglicans. Le respect de la foi dévote de la défunte reine signifiait que le statut établi de l’Église d’Angleterre n’était jamais vraiment remis en question. Mais à l’ère post-élisabéthaine, un examen sérieux semble inévitable – en particulier dans le contexte d’une éventuelle réforme de la Chambre des Lords.
Ce sera un débat nécessaire pour un autre jour. À l’heure actuelle, la présence des lords spiritual à Westminster présente des avantages évidents. À une époque où le gouvernement tente de vendre la cruauté performative envers les migrants comme une forme d’intervention humanitaire, les évêques anglicans, dirigés par M. Welby, méritent des éloges considérables pour avoir insisté pour lui dire ce qu’il en est.
Consacrant le débat annuel de l’archevêque aux Lords ce mois-ci à la question, M. Welby a attaqué la « rhétorique nuisible » qui permet de déshumaniser les demandeurs d’asile, faisant référence au langage incendiaire de « l’invasion », utilisé par la ministre de l’Intérieur, Suella Braverman. Cela faisait suite à un cinglant sermon de Pâques à la cathédrale de Canterbury dans lequel il dénonçait les plans de délocalisation du ministère de l’Intérieur comme indignes d’« un pays formé par les valeurs chrétiennes ».
Il n’est bien sûr pas surprenant que certains députés conservateurs aient pris ombrage de l’assaut ecclésiastique, accusant le C de E de démagogie éthique. John Redwood a accusé l’archevêque de fomenter la discorde politique sans proposer de solutions. Mais dans son discours de Lords, M. Welby a explicitement identifié le danger de moraliser avec hauteur sans affronter les complexités auxquelles les politiciens sont tenus de faire face. Les évêques ont souligné la nécessité d’élargir les voies légales sûres et d’accélérer le traitement des réclamations. La nécessité d’équilibrer la générosité et la compassion avec un contrôle efficace des frontières a été reconnue.
Néanmoins, dans un certain sens, la référence de M. Gullis à la prédication en chaire a identifié quelque chose d’important. La manière dont le C de E a parlé des réfugiés a en effet été profondément morale, d’une manière qui a dangereusement échappé au débat politique laïc. Au cours de l’année écoulée – au milieu de discussions sur la dissuasion, la logistique, le coût de l’hébergement et des expulsions, et la rapidité du processus de demande d’asile – l’humanité des personnes arrivant sur nos côtes a été presque perdue de vue. Le fait que la misère illégale et indécente récemment exposée au centre d’asile de Manston dans le Kent aurait jamais dû être tolérée était une indication de ce que cela pouvait mener.
En nous rappelant que « la reconnaissance de la dignité humaine est le premier principe qui doit sous-tendre notre politique d’asile », et la nécessité de « voir les visages des personnes dans le besoin et d’écouter leurs voix », le discours de M. Welby a souligné ce que doit être la point de départ de toute politique relative aux réfugiés. Ce n’est pas une simple naïveté, en contradiction avec le monde réel. Il s’agit de fonder notre engagement avec ce monde sur une base éthique. L’archevêque de Cantorbéry a rendu un précieux service en le signalant à une classe politique qui a perdu le contact avec l’essentiel.
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