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Ouagadougou (AFP)- Des milliers de manifestants se sont rassemblés samedi à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, pour soutenir la junte au pouvoir, quelques jours après que la France a confirmé que ses forces spéciales se retireraient, a constaté un journaliste de l’AFP.
Packing Nation Square, dans le centre de Ouagadougou, les manifestants brandissaient des pancartes portant des slogans tels que « A bas l’impérialisme », « A bas la politique française en Afrique » et « En avant pour la souveraineté du Burkina ».
« Nous ne voulons plus de bases militaires étrangères sur notre sol », a déclaré à la foule Lazare Yameogo, porte-parole du Mouvement révolutionnaire interafricain. « Nous voulons le respect et une coopération gagnant-gagnant.
« Nous resterons à l’affût jusqu’à ce que le Burkina Faso soit libéré de l’impérialisme occidental », a-t-il ajouté.
Ancienne puissance coloniale, la France a des forces spéciales basées à Ouagadougou, mais sa présence a fait l’objet d’un examen minutieux alors que le sentiment anti-français dans la région grandit.
Paris a confirmé cette semaine que les troupes, déployées pour aider à combattre une insurrection djihadiste qui dure depuis des années, partiraient d’ici un mois.
C’est la colère au sein de l’armée face à l’incapacité du gouvernement à endiguer une insurrection djihadiste qui fait rage depuis 2015 et qui a alimenté deux coups d’État au Burkina Faso l’année dernière.
La violence des insurgés liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique a tué des milliers de personnes et contraint environ deux millions d’autres à fuir leur foyer.
Le chef de la junte, le capitaine Ibrahim Traoré, agissait pour la souveraineté de l’État ouest-africain et « une armée suffisamment puissante pour combattre les djihadistes », a déclaré Alassane Kouanda, chef d’une association soutenant la transition prévue vers un régime civil.
« Jaune de l’impérialisme »
Certains commentateurs disent que la demande du gouvernement burkinabé pour que la France retire ses troupes rappelle les idéaux de l’ancien président, héros anticolonialiste de gauche Thomas Sankara.
Une coalition d’organisations soutenant les idées de Sankara a salué « la libération complète de notre pays des jaunes de la Francafrique, de l’impérialisme et du capitalisme meurtrier », utilisant un terme pour décrire l’influence française dans ses anciennes colonies africaines.
Mahamadou Sawadogo, leader de l’association Burkina-Russie, a déclaré lors de la manifestation de samedi qu’il existait « d’autres opportunités de coopération » dans la lutte contre les jihadistes, notamment depuis Moscou.
Certains manifestants ont tenu samedi des drapeaux russes et des affiches géantes des dirigeants du Mali et de la Guinée, voisins d’Afrique de l’Ouest qui, comme le Burkina Faso, sont gouvernés par des juntes militaires à la suite de coups d’État.
D’autres pancartes ont dénoncé le « diktat » du président français Emmanuel Macron.
Monique Yeli Kam, ancienne candidate à la présidentielle et figure majeure du mouvement anti-France, a déclaré à l’AFP que se tourner vers Moscou et le groupe paramilitaire russe Wagner était « aussi une forme de souveraineté ».
« Les anciens pouvoirs ont tendance à nous traiter comme des enfants en disant que nous ne savons pas choisir », mais le Burkina est désormais indépendant et peut agir librement « selon nos intérêts », a-t-elle déclaré.
Se détourner de la France au profit de la Russie dans la lutte anti-djihadiste n’a pas convaincu tous les citoyens burkinabés.
« Nous avons exigé le départ des soldats français. Maintenant que c’est fait, nous ne devons pas laisser entrer d’autres impérialistes », a déclaré Ibrahim Sanou, un ouvrier de magasin de 28 ans.
« C’est à nous d’en assumer l’entière responsabilité car le combat pour une véritable indépendance du Burkina Faso commence maintenant.
Le fonctionnaire Desire Sanou a ajouté : « Nous devons être prêts à tenir bon pour libérer le pays de ces hordes de terroristes. Nous n’avons même pas besoin de Wagner ou d’autres forces. »
© 2023 AFP
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