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L’Union européenne vient de dévoiler son plan visant à imposer des taxes aux frontières aux pollueurs de gaz à effet de serre dans le cadre de son effort pour devenir neutre en carbone d’ici 2050. Ce faisant, elle deviendra le premier grand bloc économique à essayer d’imposer un bon comportement climatique, pas seulement sur son propres industries, mais aussi sur celles qui vendraient à l’UE.
Le bloc mérite le mérite d’avoir fait un meilleur travail pour relever le défi climatique que les États-Unis ou tout autre grand bloc économique. La nécessité d’agir est évidente. Malheureusement, l’action de l’UE ne fonctionnera pas.
Plus de trois décennies d’initiatives locales et régionales ont montré qu’une approche au coup par coup ne peut pas résoudre un problème mondial. Les préoccupations sont bien documentées. L’UE elle-même s’est opposée à un autre exemple récent de cette approche fragmentée, accusant les États-Unis de subventions injustes en raison d’éléments du plan climatique de 370 milliards de dollars de la loi sur la réduction de l’inflation. La représentante américaine au commerce, Katherine Tai, s’est également déjà inquiétée de la façon dont la taxe à la frontière de l’UE affecterait le commerce avec les fabricants américains.
Le plan de l’UE est également condamné par sa complexité, qui invite à jouer avec le système, et par son rythme, largement inadapté à la crise climatique à laquelle la planète est confrontée.
La communauté mondiale devra soit prendre des mesures proportionnées à la menace, soit nos petits-enfants se bousculeront pour se nourrir dans un climat que le monde n’a pas connu depuis quelques millions d’années. De nombreuses créatures prospéreront dans un monde où les températures sont de 2,5 à 3 degrés Celsius au-dessus des niveaux préindustriels, mais les humains n’en feront pas partie.
Quelles pourraient être ces mesures ? Les tarifs pourraient être un outil utile pour réduire rapidement les émissions mondiales, mais pas s’ils sont mis en œuvre au coup par coup, et pas s’ils sont configurés comme le propose l’UE. J’ai déjà écrit sur certains critères de conception de ce à quoi pourrait ressembler un tarif climatique efficace.
1. Les tarifs doivent être universels. Les émissions de gaz à effet de serre peuvent désormais être surveillées au niveau national. Si tous les pays doivent atteindre un objectif défini et que nous surveillons les émissions de chaque pays, nous éliminons le problème de passager clandestin qui a miné les accords antérieurs. (La Chine a été exemptée du protocole de Kyoto et est devenue le plus grand émetteur sur Terre, déversant plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère que l’ensemble du G-20.) Si toutes les nations doivent atteindre un objectif de réduction, les exportateurs auront un incitant à surveiller les mauvais acteurs dans leur propre pays, en éliminant l’incitation, par exemple, à transférer l’énergie propre vers les industries exportatrices tout en continuant à utiliser des combustibles sales pour la consommation domestique.
2. Restez simple. Fixez un objectif clair pour chaque pays afin de réduire les émissions d’un certain montant. Ensuite, nous pouvons laisser n’importe quelle nation choisir la manière dont elle veut réduire ses émissions. La Chine pourrait atteindre ses objectifs en améliorant l’efficacité énergétique et en passant aux énergies renouvelables. Le Brésil et l’Indonésie pourraient plutôt réduire la déforestation illégale, ce qu’ils devraient faire de toute façon.
3. Quoi que nous fassions, nous devrions le faire bientôt. Trente ans après les premiers efforts de lutte contre le changement climatique, les émissions sont supérieures de plus de 60 % à ce qu’elles étaient en 1990, et l’an dernier elles ont augmenté de près de 6 %. La COP27 (27 !) s’est déroulée sans produire quoi que ce soit qui ait un impact perceptible à court terme sur la réduction des émissions. De toute évidence, ce que nous avons fait n’a pas fonctionné.
Une fois que nous avons mis en place des tarifs mondiaux simples, qui entrent en vigueur immédiatement, la clé devient l’application. Nous, les humains, avons déjà créé les institutions internationales telles que l’Organisation mondiale du commerce (qui a exprimé un intérêt institutionnel à faire face au changement climatique) et un traité, l’accord de Paris, qui sont nécessaires pour mettre en place un tel système. La Banque mondiale pourrait également être utile en tant qu’intermédiaire pour rediriger les tarifs collectés vers les pays les plus pauvres afin de les aider à développer des programmes pour atteindre les objectifs.
L’alternative est la voie sur laquelle nous sommes maintenant : les blocs économiques et les nations suivent leur propre chemin, lentement et sans efficacité. La taxe carbone aux frontières de l’UE est peut-être le premier effort de ce type, mais ce ne sera pas le dernier. Cette approche fragmentaire inspirera inévitablement des politiques de représailles extérieures au bloc. Peut-être que la perspective d’une cascade de taxes aux frontières, de tarifs sur le carbone et d’autres mesures nationales et régionales suffira à effrayer la communauté mondiale dans l’action collective concertée dont notre planète a si clairement besoin.
Eugene Linden est l’auteur de « Winds of Change: Climate, Weather and the Destruction of Civilizations ».
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