Des entreprises comme Orsted et Equinor réduisent leurs investissements dans l’éolien offshore, citant des défis financiers croissants. Malgré les avantages de cette énergie, tels que l’efficacité des grandes turbines en mer, des coûts de construction et des problématiques d’autorisation compliquent la situation. Les géants pétroliers, confrontés à des pressions boursières, semblent privilégier leurs activités fossiles, laissant planer des incertitudes sur l’avenir des énergies renouvelables, tout en soulignant la nécessité d’assouplir les réglementations pour favoriser leur développement.
Des temps intéressants se dessinent pour les détracteurs des grandes éoliennes. Depuis février, il est clair que la construction de ces structures gigantesques, mesurant plus de 200 mètres de haut, sera moins importante que prévu. Orsted, le leader mondial dans le développement de parcs éoliens offshore, a annoncé une réduction de 25 % de ses investissements d’ici 2030.
De son côté, le groupe pétrolier norvégien Equinor diminue également ses ambitions écologiques, prévoyant de réduire de moitié ses dépenses dans les énergies renouvelables d’ici 2027, impactant principalement les éoliennes en mer. Le groupe prévoit plutôt d’augmenter ses activités d’extraction de pétrole et de gaz.
Les avantages indéniables de l’énergie éolienne offshore
Néanmoins, l’énergie éolienne offshore présente d’importants atouts : les vents en mer sont puissants et l’espace disponible permet l’installation de turbines de grande taille, offrant ainsi une efficacité accrue. De plus, ces installations ne créent pas de nuisances visuelles pour les voisins, car une seule turbine peut avoir une envergure équivalente à deux Airbus A380.
Les défis de l’énergie éolienne face aux attentes financières
Malgré ces avantages, les parcs éoliens offshore font face à des défis similaires à ceux de l’énergie nucléaire : la planification, la construction et le financement de ces projets sont longs et coûteux, surtout depuis la pandémie. Les taux d’intérêt en hausse rendent le financement de ces installations particulièrement difficile, car elles nécessitent des investissements importants. L’inflation a également contribué à l’augmentation des coûts, sans oublier les goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement et les problèmes de qualité. Les longues procédures d’autorisation retardent la génération de revenus, ce qui rend plus attrayant l’extraction de pétrole et de gaz.
Les investisseurs prennent également note de ces difficultés : l’action d’Equinor a chuté de 45 % depuis mi-2022, atteignant des niveaux similaires à ceux de 2018, année où le groupe a abandonné son ancien nom, Statoil, pour tourner la page vers un avenir plus durable. Cependant, en termes de rentabilité, les perspectives actuelles ne peuvent rivaliser avec les bénéfices du passé fossile, un constat partagé par d’autres géants européens comme Shell et BP, qui révisent également leurs ambitions en matière d’énergies renouvelables.
Pour atténuer son engagement écologique, Equinor a acquis 10 % d’Orsted l’année dernière. Cependant, Orsted fait face à ses propres difficultés, ayant déjà réduit ses effectifs et suspendu son dividende, tandis que son action a chuté de 80 % depuis le début de 2021.
Éviter les investissements perdus
En février, Mads Nipper, le PDG d’Orsted, a quitté son poste après avoir dû amortir des pertes importantes sur des projets aux États-Unis. L’incertitude quant à l’avenir des parcs éoliens offshore américains sous l’administration Trump complique encore la situation, avec peu d’espoir d’obtenir des autorisations pour des projets écologiques.
Les compagnies pétrolières américaines, qui n’ont jamais vraiment investi dans des projets écologiques, se portent bien en bourse. Ce contraste souligne un défi majeur : les investisseurs de ce secteur attendent des bénéfices et des dividendes stables, ce qui complique la transition vers des projets renouvelables. Tant que ces entreprises resteront des hybrides aux intérêts contradictoires, elles auront du mal à attirer des investisseurs soucieux de l’environnement.
Il semble donc approprié que les géants du pétrole et du gaz restent concentrés sur leurs activités fossiles, où il y a encore des opportunités pour améliorer l’efficacité environnementale. Leur retrait pourrait ouvrir la voie à des développeurs de projets renouvelables. Si des entreprises comme Orsted se concentrent sur les projets les plus rentables, cela n’est pas nécessairement blâmable, car des investissements verts mal gérés ne profitent à personne et pourraient nécessiter un sauvetage financier public.
La satisfaction que certains ressentent face à l’échec de projets éoliens est mal placée. Pour que ces installations soient rentables et que la transition énergétique progresse, il est crucial d’assouplir les exigences de planification et d’autorisation, notamment dans des zones peu peuplées. L’industrie éolienne doit assumer la responsabilité de développer des modèles économiques durables à long terme, mais elle ne devrait pas être contrainte de le faire avec des entraves à son développement.