L’erreur de l’homme bienveillant de Zurich Höngg concernant Marco Odermatt

Reinhard Fromm, homme d’affaires zurichois, dirige Fromm Holding AG, spécialisée dans les machines d’emballage. À presque 80 ans, il gère une entreprise prospère avec 1400 employés. En tant que mécène du sport, il a soutenu le tennis suisse, notamment Stan Wawrinka, investissant des millions dans des athlètes prometteurs. Déçu par le football, il privilégie désormais l’aide aux jeunes talents. Passionné d’athlétisme, il continue de promouvoir des sportifs comme Simon Ehammer tout en vivant sainement.

Un mardi après-midi nuageux, à Zurich, Reinhard Fromm se trouve au 20ème étage de l’hôtel Renaissance Tower, un bâtiment de 81 mètres. Les jambes croisées, il observe sous lui les voies ferrées de la gare voisine qui s’étendent à perte de vue.

Dans ce gratte-ciel moderne, érigé en 2011, Zurich représente pour lui ce qu’elle a toujours été : la plus petite grande ville du monde. Fromm, un homme du monde, en est l’actionnaire majoritaire de Fromm Holding AG, dont le siège est à Steinhausen, dans le canton de Zoug. Il incarne le patron traditionnel, dans le meilleur sens du terme. Son entreprise, fondée en 1947 par son père dans un petit atelier près de la Langstrasse, se spécialise dans la fabrication de machines et de systèmes d’emballage.

Actuellement, Reinhard Fromm, presque octogénaire, détient la totalité des actions, ayant acheté la part de son frère pour contrôler 90% de l’entreprise. La vente de la société semble peu probable, bien que de nombreux acquéreurs potentiels existent.

Cependant, Fromm ne souhaite pas céder son entreprise. Malgré son âge, il continue de diriger le groupe, qui emploie environ 1400 personnes réparties sur plus de trente sites en Europe, en Afrique, en Asie, ainsi qu’en Amérique du Nord et du Sud. Le chiffre d’affaires annuel dépasse les 340 millions de francs, avec un bénéfice opérationnel d’environ 40 millions de francs.

Stan Wawrinka : le premier protégé de Fromm dans le tennis

Cependant, la renommée de Fromm ne repose pas uniquement sur ses succès entrepreneuriaux, mais aussi sur son engagement en tant que mécène du sport en Suisse. Pendant de nombreuses années, le logo rouge de son entreprise a été fièrement affiché sur le maillot des footballeurs du prestigieux Grasshopper Club, un soutien qui lui a coûté entre 500 000 et un million de francs par saison, selon les performances sportives.

En 2019, Fromm a choisi de mettre fin à ce partenariat, estimant que la direction du club ne correspondait plus à ses valeurs. Il trouvait le club trop déconnecté de la réalité et manquant d’humilité.

Des valeurs telles que le respect et l’éthique sont fondamentales pour Reinhard Fromm. Né à Zurich Höngg, un quartier autrefois proche du stade Hardturm, il est devenu un entrepreneur traditionnel. Lors de son départ du Grasshopper Club, il a déclaré qu’il avait ressenti un impact négatif sur l’image de son entreprise à cause des nombreux scandales entourant le club.

Le comportement observé dans le football a progressivement déplu à Fromm. Désormais, il préfère investir dans de jeunes athlètes rencontrant des difficultés financières. Il soutient ainsi de nombreux talents du tennis, tels que Viktorija Golubic, Céline Näf, Jil Teichmann, Simona Waltert, Dominic Stricker, Leandro Riedi, Marc-André Hüsler et Henry Bernet. Ce dernier, un jeune espoir du tennis suisse, a récemment remporté le tournoi junior de l’Open d’Australie.

Stan Wawrinka a été le premier bénéficiaire du soutien de Fromm dans le monde du tennis. Pendant quinze ans, Fromm a investi 300 000 francs par an dans la carrière de Wawrinka, qui lui a restitué cette loyauté en demeurant fidèle à lui, même après avoir remporté un Grand Slam, période durant laquelle la visibilité de son logo a considérablement augmenté.

Aujourd’hui, Fromm entretient une amitié avec Wawrinka, qui incarne les valeurs chères à Fromm. Ce dernier déclare : « J’apprécie les jeunes qui ont des rêves et qui investissent en eux. Autrefois, les citoyens prenaient soin de leur État ; maintenant, c’est l’État qui doit s’occuper de tous. Cette mentalité me dérange. Si cela avait toujours été le cas, la Suisse ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. »

René Stammbach, président de Swiss Tennis, est l’un des principaux bénéficiaires de l’engagement philanthropique de Fromm. Il décrit Fromm comme un passionné de sport et un idéaliste, affirmant que le soutien de personnes comme lui est essentiel au succès du sport. Initialement, Fromm a fait des dons directement à Swiss Tennis, mais il choisit désormais de soutenir les jeunes athlètes directement.

Quant à la somme totale investie par Fromm dans le tennis suisse, ni Stammbach ni Fromm ne la connaissent précisément. Cela n’importe peu à Fromm, qui a les moyens de sa générosité. Selon des estimations prudentes, il aurait investi entre huit et dix millions de francs dans le tennis. Sur le plan économique, il ne s’intéresse pas à la rentabilité de cet engagement. Il affirme : « Je préfère allouer cet argent à des athlètes qui en ont réellement besoin plutôt que de dépenser des millions en publicité. »

Dans sa jeunesse, Fromm était un coureur de demi-fond prometteur, ayant couru les 800 mètres en un temps respectable de deux minutes. À 50 ans, il a achevé un semi-marathon en 1h24, et son pouls au repos reste impressionnant à 48 battements par minute, témoignant de sa vie saine.

L’athlétisme occupe toujours une place de choix dans le cœur de Fromm. Aujourd’hui, son entreprise soutient également le décathlonien Simon Ehammer et d’autres athlètes prometteurs.