Les défis de l’expansion de l’énergie nucléaire aux Pays-Bas et en Belgique : un avenir incertain

Les défis de l'expansion de l'énergie nucléaire aux Pays-Bas et en Belgique : un avenir incertain

De nombreux gouvernements européens, dont ceux de Belgique et des Pays-Bas, cherchent à renforcer leur recours à l’énergie nucléaire pour faire face à la crise énergétique et réduire leur empreinte carbone. En Belgique, le nouveau gouvernement souhaite prolonger la vie des réacteurs, malgré l’opposition d’Engie. Aux Pays-Bas, des projets de nouvelles centrales rencontrent des réticences des investisseurs en raison de l’instabilité politique. Les municipalités, quant à elles, envisagent de se désengager, craignant des risques financiers trop élevés.

De nombreux gouvernements européens envisagent d’augmenter leur capacité en énergie nucléaire afin de pallier le « manque de production d’électricité » redouté et de réduire leur empreinte carbone. Cependant, la mise en œuvre de ces projets se révèle bien plus complexe que ce que les décideurs politiques anticipent. Les relations entre les principaux acteurs des projets nucléaires, notamment les investisseurs, les opérateurs de centrales et les municipalités où ces infrastructures sont situées, sont souvent tendues. Actuellement, cette situation est particulièrement vécue en Belgique et aux Pays-Bas.

La Belgique renoue avec l’énergie nucléaire

La Belgique a récemment vu l’émergence d’un nouveau gouvernement sous la direction de Bart De Wever, un régionaliste flamand. Son objectif est de relancer l’énergie nucléaire, mais il se heurte à l’opposition de l’opérateur principal, Engie, qui souhaite réduire son exposition à l’énergie nucléaire.

Il y a 22 ans, le pays avait déjà pris la décision de sortir progressivement de l’énergie nucléaire en fermant ses centrales. Cependant, en raison de la guerre en Ukraine et de l’augmentation des prix de l’énergie, la perception de l’énergie nucléaire a évolué. Bien que deux blocs de réacteurs soient en phase de fermeture définitive, Engie a accepté, à contrecœur, de prolonger la durée de vie de deux autres réacteurs jusqu’en 2035, malgré les coûts élevés que cela implique.

Cependant, De Wever souhaite aller plus loin en envisageant un prolongement au-delà de 2035 et en réévaluant la possibilité de remettre en service les centrales destinées à être fermées. Cette position s’oppose à la stratégie commerciale d’Engie, qui considère une extension au-delà de 2035 comme « impensable ». Si l’État belge souhaite maintenir ces installations, il devra probablement prendre les rênes de leur gestion.

Avec de telles incertitudes, la Belgique risque de rencontrer des difficultés pour séduire des investisseurs ou des exploitants privés pour prolonger l’exploitation ou envisager de nouvelles constructions.

Les Pays-Bas peinent à mobiliser des investisseurs

Du côté néerlandais, la situation n’est guère plus encourageante. L’unique centrale nucléaire du pays rencontre des difficultés similaires. Bien que la coalition gouvernementale, incluant le parti populiste de droite PVV, envisage la construction de quatre nouvelles centrales, les investisseurs restent sur la touche.

Les investisseurs privés sont réticents à financer des projets nucléaires en raison de l’instabilité des politiques énergétiques et des délais de construction souvent longs, accompagnés de dépassements de coûts. Les ambitions nucléaires des Pays-Bas semblent donc vouées à l’échec. La ministre du Climat, Sophie Hermans, a récemment déclaré que l’idée de construire une nouvelle centrale d’ici 2035 était irréaliste, en raison de l’ampleur et de l’impact de tels projets sur l’environnement et la société. De plus, l’expertise au sein des administrations a considérablement diminué dans ce domaine.

Initialement, le gouvernement espérait attirer des investisseurs avec des subventions et des garanties, mais cette approche est abandonnée. Selon Hermans, le rapport entre risque et rendement pour l’État ne justifie plus cette démarche.

Les municipalités cherchent à se désengager

Aux Pays-Bas, l’énergie nucléaire est perçue comme une solution pour diversifier l’approvisionnement électrique et diminuer les émissions de CO2. Pourtant, le soutien à cette initiative semble manquer, même au sein de la région où se situe la centrale nucléaire.

La centrale actuelle, située près de Borssele, est soumise à une évaluation de sa viabilité financière et technique pour un éventuel prolongement de sa durée de vie. Cette installation est détenue à 70 % par la province de Zélande et des municipalités, tandis que le reste est contrôlé par le fournisseur d’énergie allemand RWE. Cependant, la province et les communes envisagent de vendre leurs parts, estimant que les risques financiers, notamment en matière de démantèlement, sont trop élevés.

Pour la Belgique et les Pays-Bas, les défis que l’industrie nucléaire doit surmonter pour jouer un rôle dans la transition énergétique sont bien réels, comme le souligne un rapport de l’Agence internationale de l’énergie.