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La Russie a déclenché un déluge de frappes de missiles sur l’Ukraine en représailles à l’explosion de samedi qui a endommagé le pont vers la Crimée. Plusieurs experts militaires estiment que cette opération est contre-productive alors que Moscou peine à reconstituer ses stocks d’armes.
La Russie a revendiqué mardi une nouvelle série de frappes visant les infrastructures stratégiques de l’Ukraine. La veille, 19 personnes avaient été tuées dans toute l’Ukraine lors de la campagne de frappes de missiles la plus intense que Moscou ait menée depuis plusieurs mois.
Cette démonstration de force, qui faisait suite à l’explosion samedi sur le pont sur le détroit de Kertch reliant la Russie à la Crimée, intervient à un moment difficile pour l’armée russe, qui peine à endiguer l’avancée ukrainienne sur les fronts est et sud. Loin d’incarner une nouvelle stratégie, l’escalade militaire traduit l’inquiétude du régime russe, selon plusieurs experts contactés par FRANCE 24.
« Un investissement militaire important »
Les missiles, roquettes et drones que la Russie a lancés cette semaine ont touché des infrastructures énergétiques civiles ainsi que des zones centrales dans plus de 20 villes et villages, selon les autorités ukrainiennes.
« C’est la première fois que la Russie lance des frappes de cette ampleur », a déclaré Jeff Hawn, expert des questions militaires russes et consultant externe pour le New Lines Institute, un centre de recherche géopolitique américain. « Il voulait prouver qu’il est encore capable de lancer des attaques punitives à grande échelle à travers l’Ukraine et de frapper des infrastructures critiques. Mais ces opérations posent deux problèmes majeurs à Moscou : elles détruisent rarement leurs cibles et ne peuvent être lancées qu’épisodiquement car elles représentent un important investissement militaire. »
Selon l’armée ukrainienne, la Russie a lancé lundi à elle seule 75 missiles sur le pays, dont 41 ont été abattus par la défense aérienne. Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiy Reznikov, a salué mardi l’arrivée du lanceur de missiles allemand Iris-T, qui, selon lui, a marqué le début d’une « nouvelle ère » pour la défense aérienne ukrainienne. Le lendemain, les dirigeants du G7 ont promis à Kyiv une aide militaire supplémentaire, notamment des systèmes de défense aérienne nouveaux et améliorés, lors de leur réunion par vidéoconférence.
Une nouvelle ère de la défense aérienne a commencé en ??. Les IRIS-T de ?? sont déjà là. ?? Les NASAMS arrivent. Ce n’est que le commencement. Et nous avons besoin de plus. Il ne fait aucun doute que la Russie est un État terroriste.
Il y a un impératif moral de protéger le ciel au-dessus de ?? afin de sauver notre peuple. pic.twitter.com/jvbXUwDjc8— Oleksii Reznikov (@oleksiireznikov) 11 octobre 2022
Malgré l’aide militaire occidentale massive à l’Ukraine ces derniers mois, la Russie dispose toujours d’un large avantage militaire sur son voisin, car elle commande ce qui est considéré comme la deuxième armée la plus puissante du monde. À long terme, cependant, cette dynamique pourrait changer, a déclaré Hawn. « L’armée ukrainienne monte en puissance tandis que la Russie voit ses capacités militaires décliner inexorablement car elle est incapable de maintenir ses stocks. »
Problèmes d’approvisionnement
Fin avril, la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Hanna Maliar, a affirmé que la Russie avait déjà lancé 1 300 missiles sur l’Ukraine depuis le début de l’invasion le 24 février, estimant que Moscou avait alors épuisé près de la moitié de son stock disponible.
« On estime que l’industrie russe a une capacité de production de 100 à 200 nouveaux missiles par an », a déclaré le général Christian Quesnot, ancien chef d’état-major de la présidence française. « Le problème aujourd’hui, c’est le renouvellement. C’est difficile car les Russes ont des tôles d’acier et des explosifs mais manquent de systèmes de guidage électronique. »
Les sanctions économiques imposées à la Russie depuis l’invasion ont lourdement pesé sur son industrie d’armement, qui peine à s’approvisionner en composants électroniques. Dans ce contexte, Moscou a été contraint de réduire drastiquement voire d’arrêter ses livraisons d’armes à l’étranger et de se tourner vers de nouveaux fournisseurs, comme l’Iran et la Corée du Nord.
Des soldats seuls
En plus de l’impact des sanctions, l’industrie militaire russe paie le prix de décennies de mauvaise gestion, a déclaré Hawn. « Moscou dispose d’énormes quantités d’équipements militaires, mais une partie est inutilisable en raison de l’incompétence des personnes censées les entretenir et de la corruption institutionnelle dans ce secteur. La vente de pièces et d’équipements militaires au marché noir est une pratique répandue dans Russie, à tel point qu’avant même la guerre certains conscrits se sont retrouvés obligés d’acheter leur propre équipement. »
Ces derniers mois, face à un environnement militaire de plus en plus difficile, des soldats russes qui se sentent abandonnés par leurs supérieurs ont exprimé leur colère sur les réseaux sociaux.
« Les Russes ont besoin de munitions pour pouvoir soutenir leurs troupes, qui sont en première ligne et se plaignent amèrement de ne pas avoir d’appui-feu », a déclaré le général Michel Yakovleff, ancien vice-chef d’état-major du Grand Quartier général des puissances alliées en Europe ( OTAN). « Pendant que ses soldats se battent au sol, la Russie tire des feux d’artifice. Cette opération n’a aucun sens militaire. »
Bien que les frappes russes du début de la semaine aient provoqué d’importantes coupures de courant dans toute l’Ukraine, elles n’ont pas empêché les forces de Kyiv de poursuivre leur contre-offensive. La présidence ukrainienne a annoncé mercredi avoir repris cinq colonies dans la région sud de Kherson, que Moscou a déclaré avoir annexées fin septembre.
Cet article est une traduction de l’original en français.
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