Les indigènes péruviens d’Amazonie demandent la libération du président déchu

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Lima (AFP) – Portant une couronne avec un petit crâne attaché, le chef d’Ashaninka, Irineo Sanchez, s’est joint jeudi à des dizaines de manifestants indigènes à Lima pour exiger la libération du président évincé du Pérou, Pedro Castillo.

Certains des manifestants indigènes, venus de la jungle amazonienne péruvienne, portaient des arcs et des flèches, que la police a déclaré avoir confisqués.

Ils font partie des milliers de manifestants réclamant non seulement la libération de Castillo mais aussi la démission de son successeur Dina Boluarte, la dissolution du Congrès et de nouvelles élections.

« Je suis venu participer à une marche de protestation. Mon pays est très malade (…) nous voulons avancer les élections et fermer le Congrès, qui ne nous représente pas », a déclaré à l’AFP Sanchez, 57 ans.

Vêtus de maquillage et de tuniques traditionnelles en coton appelées cushma, les indigènes sont venus à Lima en bus et en camion depuis la communauté de la rivière Tambo dans le département central de Junin.

« Pedro Castillo reste mon président, mais ils l’ont destitué illégalement. Dina Boluarte ne représente en aucun cas le pays », a ajouté Sanchez.

Les Ashaninka, qui vivent dans la jungle du centre et du sud-est du Pérou, sont la plus grande des 65 ethnies indigènes amazoniennes du pays.

Travaillant principalement comme agriculteurs, ils comptent environ 70 000 personnes dans un pays de 33 millions d’habitants.

Certains autochtones arrivés à Lima depuis la jungle amazonienne péruvienne pour protester contre l’arrestation du président déchu Pedro Castillo portaient des arcs et des flèches © MARTIN BERNETTI / AFP

Entre 1986 et 1996, ils se sont trouvés dans le collimateur de la bataille entre les guérillas maoïstes du Sentier Lumineux et les forces armées.

La police accuse les groupes politiques alignés sur le Sentier Lumineux, que le gouvernement considère comme une organisation terroriste, d’être à l’origine des manifestations pro-Castillo.

Au moins sept personnes sont mortes et 200 autres ont été blessées dans des affrontements entre manifestants et forces de sécurité.

Castillo a été destitué et arrêté la semaine dernière après avoir tenté de dissoudre la législature et de gouverner par décret.

Il a été accusé de rébellion et de complot et risque jusqu’à 10 ans de prison s’il est reconnu coupable.

Une audience était en cours jeudi devant la Cour suprême de Lima pour décider s’il devait le libérer de sa détention provisoire ou le placer en détention provisoire pendant 18 mois.

Les 17 mois au pouvoir de l’ancien professeur d’école rurale de gauche ont été marqués par une lutte de pouvoir avec le Congrès dominé par la droite.

Avant même qu’il n’entre en fonction en juin 2021, les opposants politiques de Castillo ont tenté de le présenter comme un dangereux communiste lié au Sentier lumineux.

Des indigènes soutenant le président évincé du Pérou, Pedro Castillo, affrontent la police anti-émeute à Lima
Des indigènes soutenant le président évincé du Pérou, Pedro Castillo, affrontent la police anti-émeute à Lima © MARTIN BERNETTI / AFP

« Ils nous ont oubliés. Nous sommes venus revendiquer nos droits », a déclaré le manifestant Liner Americo Jaime. « Nous avons combattu le terrorisme, nous sommes les défenseurs de la démocratie. »

De nombreux paysans indigènes se sont battus contre le Sentier Lumineux dans le cadre de patrouilles paysannes dans les zones rurales.

Castillo lui-même prétend avoir été membre d’une patrouille paysanne.

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