Les législateurs français à couteaux tirés alors que les pourparlers budgétaires s’intensifient


Les discussions sur le budget français ont démarré sous tension à l’Assemblée nationale cette semaine alors que l’opposition a qualifié le plan budgétaire proposé d ‘ »austérité » et que le gouvernement a insisté pour qu’il protège les ménages.

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Lundi 10 octobre a marqué le début des discussions sur deux projets de loi : le budget national français pour 2023 et le programme des finances publiques pour 2023-2027. Ce dernier servira à cartographier les priorités budgétaires pour les cinq prochaines années, notamment en matière de dépenses publiques, et de dette dans le cadre des engagements européens de la France.

Le débat budgétaire s’est ouvert sur les discours du ministre de l’Economie Bruno Le Maire et du ministre des Comptes publics Gabriel Attal.

Accusé à la fois par la gauche et l’extrême droite de présenter un plan d’austérité, Le Maire a déclaré qu’il «[understood] parfaitement que les groupes parlementaires indifférents au niveau de la dette publique ne voteront pas cette loi [of public finance programming 2023-2027]”.

Cependant, le ministre de l’Economie a ajouté qu’il était « surpris par l’incohérence des parlementaires qui refusent de voter un texte qui va dans ce sens », critiquant implicitement les députés de droite du bloc Les Républicains, plutôt favorables à une réduction de dette publique.

Le ministre leur a alors conseillé de « rester fidèles à leurs convictions, plutôt que de s’allier aux [left-wing coalition] NUPES ou le [far-right] Rassemblement national.

Le Maire a défendu le budget du gouvernement, affirmant qu’il protège les ménages face à l’inflation, notamment parce qu’il propose de prolonger le bouclier tarifaire que la France a mis en place pour les prix de l’énergie afin qu’il s’applique en 2023 – pour un coût que le gouvernement estime à 46 milliards d’euros.

Parallèlement à la poursuite de la baisse des taxes de production – taxe sur la valeur ajoutée des entreprises et taxe foncière des entreprises – cette mesure est destinée à aider l’industrie française, a expliqué Le Maire.

Il a déclaré que le gouvernement avait également l’intention d’augmenter les salaires des enseignants et de recruter 3 000 policiers supplémentaires au cours de l’année prochaine.

« Manque de sérieux »

Le Maire a également critiqué l’opposition pour avoir adopté des amendements en commission qui coûteraient plus de 7 milliards d’euros, arguant que cela s’est avéré un « manque de sérieux ».

Attal, pour sa part, a mis en garde contre les tentatives d’obstruction parlementaire, craignant que les « 3 500 amendements déposés » ne conduisent à un « goulot d’étranglement » dans la vie parlementaire.

Il a également exhorté les législateurs à ne pas faire de « spectacle d’impasse à un moment où [the French] avons besoin que notre pays soit à la hauteur du défi » – un avertissement peut-être voilé que les législateurs du gouvernement peuvent utiliser l’article 49.3 de la constitution, qui permet aux projets de loi d’être adoptés sans vote.

Le « débat doit avoir lieu »

Mais l’utilisation de cet outil constitutionnel pourrait en effet conduire d’autres partis à déposer une motion de défiance à l’égard du gouvernement, ce qui conduirait à une impasse continue à un moment où l’adoption d’un budget pour aider les ménages à lutter contre l’inflation serait critique.

Le camp de droite considère le budget proposé comme trop coûteux et ne permettant pas suffisamment d’économies, par exemple via une débureaucratisation de l’Etat.

L’extrême droite de Marine Le Pen y voit pourtant une capitulation face à l’UE, puisque le gouvernement prévoit de respecter les critères du pacte de stabilité (notamment les 3 % de déficit budgétaire) à partir de 2027.

Selon la gauche, c’est plutôt un retour à l’austérité qui engendrerait une injustice sociale, d’autant qu’elle ne prévoit pas une augmentation salariale à la hauteur de leurs revendications (+10%) et qu’il n’y a pas d’impôt général sur les bénéfices « aubaines » .

Comme personne en dehors des députés de la majorité gouvernementale – qui n’ont qu’une majorité relative au parlement – n’est intéressé à soutenir le budget proposé par le gouvernement, l’utilisation de l’article 49.3, qui permet l’adoption du budget sans vote parlementaire, est hautement possible.

Représentant la gauche radicale La France Insoumise, Éric Coquerel, président de la commission des finances du Parlement, a également déclaré qu’il pensait que le budget du gouvernement était basé sur « une croissance objectivement surestimée et des prévisions d’inflation objectivement sous-estimées », mais a appelé le gouvernement de ne pas contourner le vote puisque le « débat doit avoir lieu ».

Face aux accusations selon lesquelles le gouvernement voulait éviter le débat, Attal renverse la situation sur La France Insoumise, qui a elle-même signé deux motions réclamant le rejet, sans débat, des deux projets de loi de finances. Tous deux ont été rejetés, même par d’autres groupes d’opposition de droite et d’extrême droite.

« Vous ne savez pas comment expliquer comment vous protégeriez [the French people]comment vous financeriez vos mesures », a-t-il dit aux députés de gauche.

« À quand remonte la dernière fois qu’une manifestation a rempli le frigo des Français ? a-t-il demandé, faisant référence à la marche contre la hausse du coût de la vie que le NUPES organise le 16 octobre.

Pendant ce temps, la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen a souligné que son groupe, le deuxième plus grand au parlement, « essaiera d’améliorer » le projet de loi qu’elle considère comme injuste et coûteux. Elle poussera son parti à adopter une attitude « d’opposition constructive », a-t-elle ajouté.

Alors que les tensions restent vives et que les partis semblent prêts à sortir leurs cartes si nécessaire, le débat devrait se poursuivre dans les jours qui suivent – ​​à moins que le gouvernement ne tire l’article 49.3 pour faire passer le projet de loi de finances.

[Edited by Zoran Radosavljevic]





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