Les médias iraniens imputent la perte humiliante de la Coupe du monde aux manifestations

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DOHA, Qatar (AP) – L’Iran était sous le choc mardi de l’humiliation de commencer la Coupe du monde avec une défaite déséquilibrée 6-2 contre l’Angleterre dans un match éclipsé par des protestations sur et hors du terrain.

Les médias iraniens purs et durs ont cherché à imputer la défaite aux troubles qui ont secoué la République islamique depuis la mort, le 16 septembre, de Mahsa Amini, 22 ans, détenue par la police des mœurs du pays. Les journaux iraniens se sont tournés vers la tactique familière d’accuser les ennemis étrangersy compris les États-Unis, la Grande-Bretagne et Israël, de susciter des manifestations pour éjecter l’équipe nationale de son jeu.

« Iran – 2 ; Angleterre, Israël, Saoudiens et traîtres – 6 », lit-on dans le quotidien radical Kayhan. Le journal, dont le rédacteur en chef est nommé par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que la déroute de l’Iran est survenue après « des semaines de guerre psychologique injuste et sans précédent contre l’équipe (…) de la part de traîtres nationaux et étrangers ». Il a ajouté qu’un « courant médiatique politique » a cherché à « nuire à l’esprit de l’équipe iranienne en les attaquant ».

Les supporters iraniens dans les tribunes lundi ont scandé le nom d’Amini, tenu des pancartes et porté des T-shirts avec des slogans de protestation et hué pendant l’hymne national. De nombreux fans semblaient en conflit quant à l’opportunité même de soutenir leur équipe nationale dans le contexte de la violente répression des forces de sécurité contre les manifestations. Au moins 419 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations, selon l’organisme de surveillance Human Rights Activists in Iran. Alors que le match se déroulait lundi, les forces de sécurité iraniennes ont déclenché des tirs nourris contre des manifestants dans une ville kurde de l’ouest du pays.

Un autre quotidien pur et dur, Vatanemrooz, a rapporté que les manifestants en Iran ont célébré la défaite humiliante de leur pays dans les rues, éclatant de joie dans les cafés lorsque l’Angleterre a marqué des buts et klaxonné avec joie après le match. Des images du centre de Téhéran diffusées en ligne montrant des conducteurs de motos klaxonnant et scandant « Six! » en référence aux six buts de l’Angleterre contre l’Iran. Les autorités ont fermé un café dans la ville de Mashhad, dans le nord-est du pays, pour avoir annoncé qu’il soutenait l’Angleterre.

« Aucun des joueurs n’était prêt dans l’esprit », a écrit le quotidien pro-réforme iranien Shargh.

Le mouvement de protestation national s’est d’abord concentré sur le hijab, ou foulard, imposé par l’État iranien pour les femmes, mais se sont rapidement transformés en appels à la chute des religieux chiites au pouvoir en Iran. Au fil des manifestations, cinéastes, acteurs, sportifs et autres célébrités se sont prononcés publiquement contre le gouvernement.

L’équipe nationale iranienne a subi d’énormes pressions de la part des manifestants pour montrer son soutien à l’approche du championnat mondial de football. Les joueurs ont fait face à un déluge de critiques publiques la semaine dernière après avoir rencontré le président Ebrahim Raisi lors d’une cérémonie d’adieu, où ils sont restés silencieux sur la question des manifestations. Quelques joueurs ont été photographiés s’inclinant par rapport à Raisi.

« Alors vous êtes allé voir le président, c’était la meilleure occasion de lui demander de ne pas tuer d’enfants et d’adolescents, à tout le moins ! » l’éminent acteur iranien Parviz Parastouei a écrit sur Instagram.

Avant le coup d’envoi contre l’Angleterre, les joueurs iraniens n’ont pas chanté leur hymne, se tenant en silence dans un acte apparent de solidarité. Pendant le match, ils n’ont pas fêté les deux buts de l’équipe.

Les joueurs risquent un lourd contrecoup pour avoir fait le moindre geste de protestation. L’agence de presse publique IRNA a cherché à promouvoir l’équipe en tant que symbole patriotique et fédérateur national au milieu de la tourmente, décrivant les joueurs comme des « soldats luttant pour élever leur pays ».

Certaines anciennes stars du football qui ont défendu le mouvement de protestation ont été arrêtées ou inculpées par contumace. Moslem Moein, le chef de l’Organisation du cyberespace des gardiens de la révolution paramilitaire, a appelé quatre des joueurs à la retraite les plus virulents, qui auraient refusé les invitations à assister à la Coupe du monde en tant qu’invités du gouvernement.

« Les attaquants anglais n’ont pas marqué les buts », a-t-il écrit, ajoutant que la défaite de l’Iran était l’œuvre d’anciens joueurs au franc-parler, qui ont protesté en dehors du terrain.

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Couverture de la Coupe du monde AP : https://apnews.com/hub/world-cup et https://twitter.com/AP_Sports



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