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PARIS — Pendant des mois, les opérateurs télécoms français ont espéré être à l’abri d’éventuelles coupures d’électricité cet hiver. Maintenant, ils se préparent au pire.
Alors que l’Europe s’enfonce dans une crise énergétique sans précédent, le gouvernement français a suggéré que les coupures de courant pourraient être un dernier recours – et les télécoms n’obtiendront pas les exemptions qu’ils ont demandées.
« Il ne s’agit plus de savoir comment nous serons protégés, mais comment nous minimiserons les coupures de réseau. S’il y a des coupures de courant, les réseaux télécoms seront coupés dans les zones touchées – c’est une réalité et nous travaillons sur des plans d’information et d’urgence avec le gouvernement », a déclaré Michel Combot, directeur général de la Fédération française des télécoms, à POLITICO.
« Tout le pays n’est pas prêt, pas habitué à ce genre de phénomène. Nous ne blâmons pas le gouvernement, mais je pense qu’il ne comprend pas les conséquences d’une interruption des réseaux télécoms », a-t-il ajouté.
Selon la loi française, les hôpitaux et les infrastructures de défense font partie des «clients prioritaires» en cas de coupure de courant, mais pas les télécommunications fixes et les réseaux mobiles. Les infrastructures télécoms des quatre principaux opérateurs – Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free – représentent 1% de la consommation totale d’électricité du pays.
Dans un rapport publié à la mi-septembre, l’opérateur de transport d’électricité du pays, RTE, a souligné que la France, habituellement un exportateur d’électricité, se trouve dans une situation particulièrement désastreuse cette année. En plus de la coupure de l’approvisionnement en gaz de l’Europe par la Russie, plus de la moitié des centrales nucléaires françaises sont en maintenance et les sécheresses estivales ont rendu plus difficile le recours à l’énergie hydroélectrique.
La France a encore de bonnes chances d’éviter les pannes roulantes. « Les coupes programmées — même dans le pire des cas, ce qui est peu probable — peuvent être évitées si tout le monde agit ensemble, si [energy] les économies s’étendent à tous les secteurs de l’économie française », a déclaré à la presse le président du directoire de l’opérateur, Xavier Piechaczyk.
Mais le ton du secteur des télécoms – aussi alarmant que cela puisse être – met en évidence la façon dont les industries cherchent à s’adapter à la crise énergétique alors qu’une grande partie du pays saute dans l’inconnu cet hiver.
Interrogée sur les télécoms et les coupures de courant, l’équipe du ministre adjoint du numérique Jean-Noël Barrot a déclaré que le plan d’économies d’énergie du gouvernement vise précisément à éviter les coupures de courant en réduisant de 10 % la consommation d’énergie. Les quatre principaux opérateurs français ont présenté des engagements de réduction de leur consommation d’énergie, mais aucun n’a précisé dans quelle mesure ils atténueraient l’impact des coupures de courant.
‘Gestion de crise‘
Des discussions sur la question de savoir si les opérateurs de télécommunications devraient avoir la priorité en cas de coupures de courant auraient également lieu dans d’autres pays comme l’Italie. Au Royaume-Uni, certains sites télécoms sont prioritaires, aux côtés des hôpitaux, des raffineries de pétrole et d’autres sites d’infrastructures sensibles. Mais BT, la plus grande entreprise de télécommunications du pays, affirme que cela est loin d’être une exemption générale et que seul un nombre limité de sites bénéficient d’un niveau élevé de protection gouvernementale.
Contrairement aux pays nordiques, les plus de 60 000 tours de téléphonie mobile françaises ne sont pas toutes équipées de batteries. Dans les régions montagneuses, par exemple, la sauvegarde nécessite des générateurs diesel.
Les opérateurs de télécommunications français auraient commencé à faire pression sur les décideurs politiques il y a des mois pour limiter l’impact d’éventuelles coupures de courant. Leurs efforts ont échoué et le secteur des télécoms ne sera pas désigné comme « client prioritaire » en cas de coupures de courant. « Nous avons demandé à être prioritaires ; nous n’avons pas été entendus », a déclaré un responsable des télécommunications.
Les espoirs de l’industrie des télécoms de bénéficier d’exonérations locales – les collectivités locales peuvent demander à Enedis, filiale d’EDF en charge de 95% du réseau de distribution électrique français, de donner la priorité à des secteurs par rapport à d’autres – ont également été anéantis, a expliqué le responsable des télécoms, car ils ont tendance à suivre les lignes directrices nationales.
Les opérateurs français ont maintenant commencé à se préparer à d’éventuelles coupures de courant, travaillant avec les décideurs politiques sur des « plans de crise », tout en se plaignant qu’Enedis ne les informera des coupures de courant potentielles que la veille au soir.
« Sur les coupures de courant, nous sommes incapables d’anticiper le si, le où et le quand », a déclaré Combot de la Fédération française des télécoms. « Nous sommes en mode gestion de crise, en sautant un peu dans l’inconnu. Il ne s’agit pas seulement de nous : s’il n’y a plus de réseaux, il n’y a plus d’appels d’urgence, plus de caméras de surveillance », a-t-il ajouté.
Les opérateurs télécoms vont chercher à équiper les sites les plus sensibles de groupes électrogènes et à assurer la mobilisation des techniciens pour redémarrer les réseaux s’ils ne redémarrent pas automatiquement, a expliqué Combot.
Catherine Coulon, chef de projet chez Orange, était convaincue que les coupures de courant ne seraient pas un désastre. Elle a déclaré que les batteries de l’opérateur historique sont rechargées en permanence pendant que le réseau est en ligne et sont conçues pour maintenir l’infrastructure en marche pendant « jusqu’à trois heures » partout où il y a des coupures.
Un porte-parole d’Orange a toutefois émis une note plus prudente, affirmant qu’aucun plan n’avait encore été décidé et que des discussions étaient en cours avec les autorités nationales et régionales.
Free et SFR n’ont pas renvoyé dans l’immédiat les demandes de commentaires. Bouygues s’est refusé à tout commentaire.
Giorgio Leali a contribué à ce rapport.
Cet article a été mis à jour.
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