Les Syriens célèbrent le 12e anniversaire du soulèvement anti-régime

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Idleb (Syrie) (AFP) – Des milliers de Syriens ont manifesté mercredi dans le nord-ouest du pays ravagé par la guerre, tenu par les rebelles, marquant 12 ans depuis le début des manifestations pro-démocratie et rejetant toute « normalisation » internationale avec Damas.

La répression brutale des manifestations de 2011, qui ont commencé lors des soulèvements du printemps arabe au Moyen-Orient, a déclenché une guerre civile complexe qui a attiré des puissances étrangères et des djihadistes.

Il a fait plus de 500 000 morts et laissé des millions de personnes déplacées à l’intérieur et à l’étranger.

Dans la ville d’Idlib, des manifestants ont agité des drapeaux révolutionnaires et brandi des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : « Le peuple exige la chute du régime » et « Liberté et dignité pour tous les Syriens ».

La région d’Idlib est le dernier grand bastion rebelle hors du contrôle des forces soutenues par la Russie du président Bachar al-Assad.

« Nous sommes venus commémorer l’anniversaire de la révolution, ce grand souvenir dans le coeur de chaque Syrien libre », a déclaré à l’AFP le manifestant Abu Shahid, 27 ans.

« Nous sommes fiers du jour où nous avons réussi à briser la barrière de la peur et à manifester contre le régime criminel. »

Les zones rebelles du nord et du nord-ouest de la Syrie, contrôlées par des groupes islamistes et des combattants soutenus par la Turquie, abritent plus de quatre millions de personnes, dont au moins la moitié ont été déplacées d’autres parties du pays.

Des manifestations ont également eu lieu mercredi à Tabqa, une zone tenue par les Kurdes de la province de Raqa, dans le centre de la Syrie, a rapporté un photographe de l’AFP.

Mercredi à Moscou, Assad rencontrait son homologue russe et principal allié, Vladimir Poutine, dont le soutien militaire depuis 2015 a changé le cours de la guerre.

Cela, et l’aide de l’Iran, ont permis à Assad de regagner une grande partie du territoire perdu plus tôt.

« Contre un compromis »

Les analystes disent que Moscou veut combler le fossé diplomatique entre la Syrie et la Turquie, dont les liens ont été coupés peu après le début de la guerre.

Damas et Ankara voient un « ennemi » commun dans les groupes kurdes du nord de la Syrie, qu’Ankara qualifie de « terroristes » mais qui sont soutenus par Washington.

Les experts disent que Damas cherche également à sortir de son isolement international après le tremblement de terre dévastateur du 6 février qui a tué près de 6 000 personnes à travers la Syrie.

Depuis le séisme, plusieurs dirigeants arabes ont fait des ouvertures au gouvernement d’Assad.

Les manifestants portaient un drapeau géant de l’opposition syrienne pour marquer l’anniversaire © OMAR HAJ KADOUR / AFP

Les manifestants à Idlib se sont fermement opposés à toute tentative de normalisation des relations de Damas avec les pays de la région.

« Même si tous les pays du monde normalisent leurs relations avec le régime, nous continuerons et la révolution continuera », a déclaré à l’AFP Salma Seif, 38 ans.

« Je suis contre un compromis avec un régime criminel », a déclaré un autre manifestant, Ali Hajj Sleiman.

« Comment puis-je me réconcilier avec celui qui est la raison pour laquelle je suis en fauteuil roulant? » il ajouta.

« Pas durable »

La situation de millions de Syriens dans le pays reste désastreuse, mais les agences de l’ONU disent qu’elles ont besoin de plus de soutien financier pour les aider.

Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a déclaré mercredi que « 15,3 millions de personnes à travers le pays » ont été évaluées comme « ayant besoin d’aide humanitaire cette année », le nombre le plus élevé depuis le début du conflit.

Mais l’aide n’est « pas suffisante ni durable », a-t-il averti dans un communiqué, appelant à « une solution durable et globale pour mettre fin au conflit en Syrie ».

L’agence des Nations Unies pour l’enfance, l’UNICEF, a déclaré que le conflit et le tremblement de terre avaient « laissé des millions d’enfants en Syrie exposés à un risque accru de malnutrition ».

L’UNICEF a déclaré qu’il avait besoin de 172,7 millions de dollars pour fournir « une assistance vitale immédiate » à 5,4 millions de personnes touchées par le tremblement de terre, dont 2,6 millions d’enfants.

Les habitants de Tabqa, une zone tenue par les Kurdes de la province syrienne de Raqa, ont également défilé à l'occasion de l'anniversaire du soulèvement
Les habitants de Tabqa, une zone tenue par les Kurdes de la province syrienne de Raqa, ont également défilé à l’occasion de l’anniversaire du soulèvement © Delil SOULEIMAN / AFP

Il a déploré que son appel de 2023 en Syrie ait déjà été « considérablement sous-financé » avant la catastrophe du mois dernier.

Le Programme alimentaire mondial a également averti que les déficits de financement risquaient d’obliger l’agence onusienne à suspendre l’aide à des millions de Syriens.

Sans financement supplémentaire, « nous devrons supprimer 3,8 millions de personnes sur les huit millions de personnes (bénéficiant d’une aide) d’ici juillet », a déclaré la directrice régionale Corinne Fleischer lors d’un point de presse à Dubaï.

Elle a déclaré que les besoins alimentaires étaient au plus haut depuis le début de la guerre en Syrie.

« Six millions de personnes figuraient sur notre liste d’insécurité alimentaire il y a environ trois ans et maintenant, c’est 12,9 millions de personnes », a déclaré Fleischer.

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