Le dixième Vendée Globe a été marqué par l’utilisation de voiliers Open-60 de dernière génération équipés de foils, offrant des performances supérieures. Justine Mettraux a réalisé un exploit en terminant à la huitième place, établissant un nouveau record pour les femmes. Les foils augmentent la vitesse mais présentent des risques en cas de collision. L’édition actuelle a vu un faible taux d’abandon, reflétant une compétition de haut niveau. Le secteur nautique en Bretagne continue de prospérer grâce à cette course.
Les Nouvelles Technologies au Cœur du Vendée Globe
Les statistiques sont sans équivoque : les sept premières positions du dixième Vendée Globe ont été dominées par des voiliers Open-60 de dernière génération, dotés de foils. Justine Mettraux, avec son ancien bateau construit en 2018 et qui avait terminé 13ème lors de la précédente édition, a été la première navigatrice à terminer à la huitième place. Cette année, la talentueuse Genevoise a bouclé le tour du monde en solo en 76 jours, établissant ainsi un nouveau record pour une femme dans cette compétition. Elle a réussi à devancer Clarisse Crémer de onze jours, qui avait détenu le précédent record.
Les navigateurs qui n’ont pas pris le départ avec ces modernes yachts de course ont peu de chances de se hisser parmi les meilleurs. Mettraux, bien que reconnue pour ses compétences exceptionnelles en navigation, a vite réalisé que les nouveaux bateaux prenaient une avance considérable. Le vainqueur, Charlie Dalin, a même battu un record impressionnant en terminant en moins de soixante-dix jours, un exploit réalisé à bord d’un voilier de dernière génération.
Les Avantages et Inconvénients des Foils
Les nouveaux voiliers à foils offrent une performance accrue, atteignant jusqu’à 15 % de vitesse supplémentaire par rapport à leurs homologues sans foils. Cela permet aux skippers de naviguer stratégiquement devant des zones de basse pression tout en optimisant les conditions de vent. De plus, ces bateaux sont capables de quitter rapidement les zones dangereuses, où les vagues peuvent être particulièrement violentes.
Toutefois, les foils présentent également des vulnérabilités. En cas de collision, ces appendices de trois mètres peuvent subir des dommages importants. Sébastien Simon, qui a longtemps été en lice avec Dalin et Richomme, a été contraint d’abandonner après avoir cassé un foil. Malgré cela, il a réussi à terminer à la troisième place grâce aux conditions météorologiques favorables qui lui ont permis de garder un bon rythme.
Les foils fonctionnent comme des ailes sous-marines sur les monocoques Open-60, créant une force de portance qui soulève partiellement la coque hors de l’eau. À des vitesses de 12 à 14 nœuds, les bateaux commencent à « voler ». Cependant, maintenir un vol stable sur une longue distance reste un défi, car même les modèles les plus récents n’ont pas de gouvernails T, contrairement à ceux de la Coupe de l’Amérique. Cette situation ne changera pas lors de la prochaine édition du Vendée Globe prévue en 2028.
Un autre aspect à considérer est le coût : des foils neufs avec des systèmes de gouvernance sophistiqués représentent environ 10 % du prix d’un nouveau voilier Open-60, dont le coût total varie entre cinq et sept millions d’euros. Justine Mettraux a réussi à moderniser son bateau avec des foils grâce au soutien d’un mécène privé.
Les voiliers à foils montrent leur potentiel surtout dans des conditions météorologiques idéales. Lors de l’édition précédente, Jean Le Cam avait terminé quatrième avec un bateau sans foils. Pour l’édition anniversaire de cette année, il a décidé d’opter pour un nouveau yacht sans foils, arguant que ces derniers ne sont pas assez marins. Yannick Bestaven, vainqueur de l’édition précédente, a également exprimé son avis, soulignant qu’il faut savoir ralentir quand les conditions deviennent trop extrêmes.
Cette précaution semble avoir été adoptée par les navigateurs de cette édition : jusqu’à présent, seulement six des quarante participants ont dû abandonner, dont trois naviguaient sur les nouveaux modèles à foils. Cela contraste avec les taux d’abandon plus élevés des éditions précédentes.
Tandis que la course est encore en cours, Antoine Mermod, président de la classe Open-60 (Imoca), a partagé ses premières impressions : « Nous n’avons pas rencontré de course d’élimination, ce qui a permis aux skippers d’exploiter pleinement leurs capacités. Ils avaient les outils techniques pour faire briller leur talent. » Le niveau de compétition a considérablement augmenté, grâce à l’introduction de régates de qualification qui ont permis une meilleure préparation des équipes.
Trois éditions après l’introduction des foils en 2016, cette innovation a indéniablement transformé la classe des bateaux Open-60. Cependant, cela a également conduit à une dichotomie dans le sport, selon Jean Le Cam. « Je ne souhaitais pas naviguer sur un bateau que je ne pouvais pas maîtriser entièrement. Je ne sais pas comment gérer un bateau à foils pendant quatre-vingts jours en mer. Peut-être que je suis juste trop vieux, » a-t-il déclaré, ajoutant que nous pourrions bientôt voir des « machines de guerre » aux mains de marins.
Pour la Bretagne, le Vendée Globe et le secteur de la navigation de compétition représentent un enjeu économique crucial. Plus de 100 voiliers Imoca ont été construits dans la région depuis l’introduction de la classe Open-60 dans les années 1990. Une étude de 2020 révèle que le secteur de la voile de compétition a donné naissance à 210 entreprises et 2355 emplois en Bretagne, avec un chiffre d’affaires de 348 millions d’euros, dont 83,5 millions d’euros pour la voile de compétition. L’avenir semble prometteur pour l’industrie de la voile, alors que plusieurs nouveaux bâtiments sont attendus pour 2028, tandis que les voiliers Open-60 existants seront modernisés.
Les architectes et designers de nouveaux voiliers Imoca voient un potentiel immense dans les foils. Le défi consistera à maîtriser ces machines de plus en plus sophistiquées. Charlie Dalin a exprimé son avis sur la possibilité que les Open-60 puissent un jour vraiment « voler », qualifiant cela d’évolution logique, tout en soulignant que cela pourrait engendrer des dangers, notamment des difficultés à ralentir.