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L’inflation, combinée aux efforts de la Commission européenne pour atteindre les ambitions énoncées dans le Green Deal, menace le budget de la politique agricole commune (PAC) de l’UE, selon un nouveau rapport publié par le groupe de réflexion Farm Europe.
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L’inflation record, désormais de 10% contre 2% lors de la fixation du budget de la PAC, pourrait conduire à une « réduction de la valeur réelle des aides », prévient le groupe de réflexion dans son rapport.
Sur la base des prévisions d’inflation de la Banque centrale européenne, le premier « pilier » de la PAC, destiné à financer les paiements directs aux agriculteurs, devrait perdre 68,6 milliards d’euros. Le second, qui soutient le développement rural, diminuerait de 15,97 milliards d’euros, soit une baisse budgétaire combinée de 84,57 milliards d’euros de 2021 à 2027.
Cela créerait une brèche importante dans le nouveau budget de la PAC pour 2023-2027, qui a été fixé à un total de 387 milliards d’euros.
A ce titre, le rapport, publié jeudi 13 octobre, propose de réévaluer le budget de la PAC en termes réels, « pour l’ajuster chaque année en fonction du niveau de l’inflation ».
En plus de cela, Farm Europe propose également « un véritable fonds d’investissement européen » pour les secteurs stratégiques nécessitant une transition, comme l’agriculture et l’énergie.
La législatrice européenne et membre de la commission de l’agriculture du Parlement européen, Anne Sander, a déclaré à EURACTIV que l’érosion de ce budget « met en péril la viabilité économique de certaines exploitations et signifie moins d’investissements dans la transition écologique ».
« C’est aussi une nouvelle inquiétante pour notre sécurité alimentaire », a-t-elle ajouté.
Pour Sander, la PAC ne peut pas être utilisée comme la « vache à lait de la politique européenne », soulignant que la Commission européenne propose de « retirer de l’argent de la PAC » pour aider à gérer l’Ukraine et la crise énergétique.
« Maintenant, soit nous complétons au fur et à mesure, soit nous mettons à disposition de nouvelles lignes financières », a-t-elle déclaré à EURACTIV.
Le Green Deal menace le budget de la PAC
Pendant ce temps, le budget plus léger sera encore plus étiré par les ambitions vertes de l’UE, a averti le rapport, critiquant l’utilisation systématique du budget de la PAC pour financer des mesures conformes au Green Deal européen, telles que les récentes propositions de la Commission pour un règlement sur le l’utilisation durable des pesticides ou avec le nouveau RePowerEU sur le biométhane.
Pour réaliser les ambitions de la politique alimentaire phare de l’UE, la stratégie De la ferme à la table, le groupe de réflexion a proposé de trouver « une nouvelle voie politique » basée sur une stratégie de croissance verte pour le secteur agricole.
Elle propose de remplacer « une stratégie réglementaire visant à réduire les outils de productivité » par « une stratégie d’investissement appropriée favorisant les approches agronomiques et l’innovation ».
Pour Mathieu Courgeau, porte-parole du collectif Pour Une Autre PAC, l’inflation « ne doit pas servir d’excuse pour ne pas utiliser la PAC pour mettre en place le Green Deal ».
« Face aux urgences environnementales urgentes, il est logique de donner la priorité à cet argent pour des changements de pratiques », a-t-il déclaré à EURACTIV.
Courgeau a proposé de se concentrer également sur la répartition du budget de la PAC, qui, selon lui, est tout aussi important que le budget lui-même compte tenu des multiples crises auxquelles le secteur agricole est actuellement confronté.
« L’Europe doit aussi régler les questions de régulation des marchés, de mesures miroir aux frontières, de relations commerciales entre agriculteurs, transformateurs et distributeurs pour augmenter les revenus des agriculteurs. Et cela ne concerne pas la PAC », a-t-il ajouté.
[Edited by Nathalie Weatherald]
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