L’opposition turque s’engage à défaire l’héritage d’Erdogan

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Ankara (AFP) – L’opposition turque s’est engagée lundi à défaire l’héritage de deux décennies de régime islamique du président Recep Tayyip Erdogan et à étendre les libertés démocratiques s’il prend le pouvoir lors des élections cruciales du 14 mai.

Les six partis unis contre Erdogan se sont également engagés à décider le 13 février d’un candidat commun à l’élection présidentielle – largement considéré comme le plus important de Turquie depuis des générations.

Le programme en 2 300 points de l’opposition vise à faire reculer bon nombre des pouvoirs qu’Erdogan a arrachés au parlement et aux ministères au cours des dernières années de son règne tumultueux.

Il limite le mandat du président à sept ans et rend un nouveau Premier ministre habilité responsable devant les législateurs.

« Nous allons passer à un système parlementaire renforcé », indique le programme.

« Nous mettrons fin au pouvoir du président de publier des décrets. »

Le rôle de la Turquie en tant que membre stratégique de l’OTAN et acteur clé dans des guerres allant de la Syrie à l’Ukraine rend le vote à venir vital pour ses alliés occidentaux traditionnels.

Erdogan a développé des relations de plus en plus étroites avec le président russe Vladimir Poutine tout en resserrant les libertés sociales et en bafouant les décisions des tribunaux européens pour libérer ses opposants emprisonnés.

Les puissances occidentales ont tenté de rester en dehors des élections pour éviter d’attirer la colère d’Erdogan.

Mais le président américain Joe Biden a suggéré dans une interview télévisée réalisée lors de sa campagne électorale de 2020 que Washington devrait aider des « éléments » de l’opposition turque à « affronter et vaincre Erdogan ».

Course serrée

Erdogan a commencé son règne en 2003 en tant que Premier ministre et a été élu président – ​​à l’époque un poste plus cérémoniel – lorsque ses mandats ont expiré en 2014.

Il a ensuite imposé des changements constitutionnels en 2017 qui ont éliminé le poste de premier ministre et créé un nouvel exécutif puissant qui a permis au président de gouverner efficacement par décret.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accumulé des pouvoirs considérables au cours de deux décennies de règne © Adem ALTAN / AFP

L’opposition s’est engagée à modifier la constitution pour qu’elle corresponde à la manière dont les choses ont fonctionné tout au long de la majeure partie de l’histoire post-ottomane de la Turquie.

Les changements constitutionnels peuvent être ratifiés par 400 voix au sein du parlement de 600 sièges.

Ils peuvent également être soumis à un vote national si l’opposition recueille les 360 voix nécessaires pour déclencher un référendum constitutionnel.

La promesse de l’opposition de réécrire la constitution ajoute une importance particulière aux élections législatives qui se déroulent parallèlement aux élections présidentielles.

Les sondages d’opinion indiquent une élection très disputée qui est trop proche pour être convoquée.

Référendum constitutionnel

L’opposition s’est engagée à modifier « de toute urgence » la constitution et à « mettre fin à la restriction vague et arbitraire des libertés de réunion et de manifestation ».

Erdogan a déclenché des purges radicales après une tentative de coup d’État ratée en 2016 qui a restreint de nombreuses libertés dont il jouissait sous ses premières années de règne plus prospères et plus populaires.

Les dirigeants de l'opposition turque se mettront d'accord sur un candidat commun à la présidence le 13 février
Les dirigeants de l’opposition turque se mettront d’accord sur un candidat commun à la présidence le 13 février © Adem ALTAN / AFP

Les analystes estiment que 90 % des médias turcs sont désormais sous le contrôle du gouvernement ou de ses alliés commerciaux.

Des milliers de militants – dont beaucoup sont kurdes – languissent en prison sous des accusations liées au terrorisme que les groupes de défense des droits pensent qu’Erdogan utilise pour réprimer la dissidence politique.

Le programme de l’opposition a été dévoilé lors d’une cérémonie à laquelle ont assisté des foules enthousiastes désireuses d’inverser la transformation de la Turquie par Erdogan en un État plus conservateur sur le plan religieux.

Adhésion à l’UE

Certains des plus grands applaudissements sont venus des promesses de réprimer la corruption et de restaurer la force des institutions traditionnelles de la Turquie, y compris ses médias d’État.

L’opposition s’est engagée à ce que le radiodiffuseur national turc TRT et l’agence de presse d’État Anadolu respectent « les principes d’indépendance et d’impartialité ». Ni émis une réponse immédiate.

Sa section de politique étrangère a souligné l’importance de rétablir la « confiance mutuelle » avec les États-Unis et d’atteindre l’objectif bloqué de la Turquie d’obtenir une « adhésion à part entière à l’Union européenne ».

Erdogan a développé une relation étroite avec le Russe Vladimir Poutine
Erdogan a développé une relation étroite avec le Russe Vladimir Poutine © Ozan KOSE / AFP

Il n’a fait aucune mention directe de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

« Nous maintiendrons des relations avec la Fédération de Russie en sachant que les deux parties sont égales et renforcées par un dialogue équilibré et constructif au niveau institutionnel », indique le programme.

Le refus d’Erdogan de se joindre aux sanctions occidentales contre Moscou a fait de la Turquie une voie clé pour que la Russie accède aux biens et services étrangers.

L’essor du commerce bilatéral qui en a résulté a aggravé les tensions d’Erdogan avec Washington et l’Union européenne.

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