L’organisme de l’aviation de l’ONU s’accorde sur l’objectif de « zéro net »


Les représentants de 184 États au sein de l’organisme des Nations Unies pour l’aviation civile se sont mis d’accord sur un objectif « ambitieux » de zéro émission nette de CO2 d’ici 2050, un objectif qui dépendra fortement de mesures de compensation en dehors du secteur.

Comme les émissions produites par l’aviation internationale ne sont pas attribuables à des pays individuels, elles ne sont pas couvertes par les engagements nationaux dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat, mais sont plutôt gérées par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), un organisme des Nations Unies.

Les États membres de l’OACI ont maintenant approuvé un « objectif mondial ambitieux » pour atteindre « zéro émission nette de carbone » d’ici 2050 lors d’une conférence de deux semaines à Montréal, au Canada, qui se terminera le vendredi 7 octobre. Ainsi, le secteur s’appuiera massivement sur ce qu’on appelle la compensation, c’est-à-dire qu’il financera des réductions d’émissions en dehors de l’industrie aéronautique pour compenser celles des vols.

Compenser les émissions

L’adoption de l’objectif intervient un an après que la majeure partie de l’industrie aéronautique mondiale, représentée par l’Association du transport aérien international (IATA), s’est elle-même engagée à atteindre le « zéro net » d’ici 2050.

La dépendance à l’égard de la compensation des émissions à la fois par l’industrie et par l’ONU a été critiquée par les écologistes, qui ont fait valoir qu’elle n’incite pas les compagnies aériennes à développer des solutions technologiques pour des vols climatiquement neutres, comme les carburants synthétiques, et qu’elle ne rend pas le vol beaucoup plus cher.

Pour un vol depuis l’Europe vers les Etats-Unis, seuls 1,70 € seraient ajoutés au prix du billet d’ici 2030 en raison des coûts des attestations de compensation, a calculé l’ONG environnementale Transport & Environment (T&E).

Pendant ce temps, les émissions réelles de l’aviation internationale pourraient même encore augmenter. Dans un rapport de l’OACI sur la manière d’atteindre «l’objectif ambitieux», un scénario représentant le rythme actuel du développement technologique et politique prévoit une augmentation à 954 mégatonnes (Mt) de CO2 en 2050, soit près du double des 500 Mt de 2019.

Le scénario le plus ambitieux prévoit une réduction des émissions à 200 Mt CO2 d’ici 2050, principalement grâce à l’utilisation de biocarburants et de carburants synthétiques.

Objectif « ambitieux »

Néanmoins, l’IATA a salué l’objectif comme un « pas en avant important » et a appelé les gouvernements à subventionner le développement des carburéacteurs verts. Au cours des trois prochaines années, l’objectif ambitieux « doit être transformé en un objectif ferme avec un plan d’action clair », a déclaré le directeur général de l’IATA, Willie Walsh, dans un communiqué.

Les écologistes ne sont pas d’accord avec les acclamations de l’industrie. « Ce n’est pas le moment de l’accord de Paris de l’aviation. Ne prétendons pas qu’un objectif non contraignant réduira l’aviation à zéro », a déclaré Jo Dardenne, directeur de l’aviation chez T&E à Bruxelles.

Selon T&E, l’UE devrait plutôt montrer l’exemple en exigeant que tous les vols au départ paient un prix du carbone dans le cadre de son système d’échange de quotas d’émission (ETS). Cela les rendrait plus chers et soumis à une limite supérieure totale d’émissions, ce qui n’est pas pris en compte dans l’instrument mondial de l’OACI.

[Edited by Nathalie Weatherald]





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