L’Union africaine condamne le « discours de haine » de la Tunisie contre les migrants

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Le président Kais Saied a affirmé que la migration depuis l’Afrique subsaharienne visait à modifier la composition démographique de son pays.

L’Union africaine (UA) a critiqué la Tunisie et l’a exhortée à éviter les « discours de haine raciste » à la suite des propos du président Kais Saied à l’encontre des migrants venus d’ailleurs sur le continent.

Saied a ordonné mardi l’expulsion des migrants sans papiers de Tunisie, affirmant que l’immigration était un complot visant à modifier la composition démographique de son pays. Des militants des droits locaux ont condamné ses propos, les qualifiant de « racistes ».

Dans un communiqué publié vendredi soir, la Commission de l’UA a déclaré qu’elle avait convoqué le représentant de la Tunisie à une réunion urgente pour enregistrer « un profond choc et une inquiétude quant à la forme et au fond » des remarques au nom du bloc continental.

« Le président de la Commission de l’Union africaine, SE Moussa Faki Mahamat, condamne fermement la déclaration choquante publiée par les autorités tunisiennes à l’encontre de leurs compatriotes africains, qui va à l’encontre de la lettre et de l’esprit de notre organisation et des principes fondateurs », lit-on dans la déclaration.

L’UA a rappelé à la Tunisie son obligation au sein du bloc des 55 membres. Faki a déclaré que les États membres de l’UA étaient tenus « de traiter tous les migrants avec dignité, d’où qu’ils viennent, de s’abstenir de tout discours de haine raciste qui pourrait nuire aux gens et de donner la priorité à leur sécurité et à leurs droits humains ».

Le ministère tunisien des Affaires étrangères a déclaré samedi qu’il était surpris par la déclaration de l’UA et a rejeté ce qu’il a appelé des « accusations sans fondement » qui, selon lui, ont mal compris la position du gouvernement.

Saied, qui s’est emparé du pouvoir presque total depuis une décision dramatique de juillet 2021 contre le Parlement, a exhorté mardi son conseil de sécurité nationale à prendre des « mesures urgentes » pour lutter contre la migration irrégulière.

« Le but non déclaré des vagues successives d’immigration clandestine est de considérer la Tunisie comme un pays purement africain qui n’a aucune affiliation avec les nations arabes et islamiques », a-t-il déclaré.

Les commentaires de Saied ont été salués par l’homme politique français d’extrême droite Eric Zemmour. Cela survient alors que sa campagne d’arrestations a provoqué une peur généralisée parmi les Africains subsahariens ainsi que les Tunisiens noirs.

Des groupes de défense des droits tunisiens ont accusé Saied de discours de haine.

« C’est une approche raciste tout comme les campagnes en Europe », a déclaré mardi à l’agence de presse Reuters Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). « La campagne présidentielle vise à créer un ennemi imaginaire pour les Tunisiens afin de les distraire de leurs problèmes fondamentaux. »

Le président a déclaré que ceux qui l’accusaient de racisme « veulent la division et la discorde et cherchent à nuire à nos relations avec nos frères ».

Saied a déclaré qu’il n’était pas raciste et que les migrants vivant légalement en Tunisie n’avaient rien à craindre.

Samedi, des groupes de défense des droits avaient prévu d’organiser une manifestation pour protester contre les commentaires de Saied et la répression contre les migrants et les réfugiés.

Selon les chiffres officiels cités par le FTDES, la Tunisie, qui compte quelque 12 millions d’habitants, abrite plus de 21 000 citoyens des pays d’Afrique subsaharienne.



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