La Commission européenne lance le Clean Industrial Deal pour réduire les coûts énergétiques et soutenir l’industrie face à des défis majeurs comme la concurrence chinoise et la demande faible. En prévoyant des accords d’achat d’électricité et des contrats de différence, elle vise à stabiliser les prix et à encourager les investissements dans les énergies renouvelables. Des mesures fiscales et une clause « Achetez européen » sont également envisagées pour stimuler la production locale et diminuer la dépendance extérieure.
Avec son Clean Industrial Deal, la Commission européenne ambitionne de faire baisser les prix de l’énergie au sein de l’UE tout en soutenant l’industrie. Clauda Kemfert, experte en énergie à l’Institut allemand de recherche économique (DIW), estime que ces initiatives sont cruciales et attendues depuis longtemps. Cependant, le financement de ces projets pourrait représenter un défi pour le nouveau gouvernement fédéral.
Défis du secteur industriel européen
L’industrie européenne est confrontée à plusieurs obstacles, notamment une faible demande, la concurrence accrue de fabricants chinois à bas coût, et une possible augmentation des droits de douane sur l’acier et l’aluminium annoncée par le président américain Donald Trump. Dans ce contexte difficile, la Commission européenne s’apprête à présenter la semaine prochaine le Clean Industrial Deal.
Ce plan ambitieux vise non seulement à revitaliser les secteurs industriels en difficulté, mais également à réduire leur empreinte carbone. Les documents préliminaires, déjà divulgués par des agences comme Reuters et le ‘Handelsblatt’, suggèrent que l’objectif principal est de diminuer considérablement les coûts énergétiques dans l’UE.
Pour alléger la pression sur les entreprises, la Commission européenne compte sur la Banque européenne d’investissement (BEI) pour garantir des contrats d’achat d’électricité avec des producteurs d’énergie renouvelable. Ces accords, connus sous le nom de PPA (Power Purchase Agreements), permettront aux entreprises d’acquérir de l’électricité à des tarifs avantageux tout en assurant une sécurité aux investisseurs en énergie renouvelable grâce à des engagements à long terme. L’UE envisage également d’utiliser des contrats de différence, où l’État compenserait la différence si les prix du marché sont inférieurs aux montants garantis.
Kemfert : l’importance d’accords durables
Dans une interview, Claudia Kemfert souligne l’importance des Power Purchase Agreements, affirmant qu’ils sont indispensables. Concernant les contrats de différence, elle préconise une conception prudente afin d’éviter un surfinancement, réservant ces contrats aux entreprises à forte consommation énergétique qui en ont réellement besoin.
Les contrats à long terme offrent aux entreprises une certaine stabilité, mais peuvent engendrer des coûts pour l’État si les prix du marché diminuent. Kemfert insiste sur le fait que ces mesures apportent des avantages significatifs aux entreprises, notamment des prix constants et une meilleure planification. Le nouveau gouvernement devra clarifier les sources de financement pour ces compensations, en envisageant par exemple de renforcer le fonds climatique ou de réformer le frein à l’endettement.
Dans une analyse pour le ‘Tagesspiegel’, Lukas Hermwille, co-directeur de la recherche en politique industrielle à l’Institut Wuppertal pour le climat, indique que les ambitions de l’UE doivent être accompagnées de ressources financières adéquates, soulignant la nécessité d’un mécanisme de financement solide pour équilibrer les aides d’État que les pays membres les plus riches pourraient accorder.
Des estimations révèlent que les investissements nécessaires pour la transition écologique dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie et des transports atteignent 480 milliards d’euros par an. La Commission européenne prévoit de réaffecter le budget existant pour financer ces initiatives et introduire un fonds de compétitivité dans le prochain budget de l’UE, allant de 2028 à 2034.
Favoriser la production locale
Bruxelles incitera également les 27 États membres à minimiser les taxes sur l’électricité, afin de réduire rapidement les factures des consommateurs. Par ailleurs, la Commission envisage d’assouplir les objectifs de remplissage des réserves de gaz, en réponse aux préoccupations de certains pays, dont l’Allemagne, qui craignent que des délais fixes n’entraînent une hausse des prix du gaz.
Les mesures proposées par l’UE devraient également faciliter l’accès des entreprises à des aides d’État et à d’autres incitations financières pour leurs projets de réduction des émissions de carbone. Les gouvernements pourraient offrir des allégements fiscaux pour les investissements dans des installations industrielles écologiques, notamment via des amortissements accélérés.
Pour stimuler la demande de produits locaux, l’UE prévoit d’introduire une clause « Achetez européen ». Selon le ‘Handelsblatt’, l’objectif est que 40 % des produits Clean-Tech, comme les panneaux solaires et les éoliennes, soient désormais fabriqués en Europe, avec l’espoir de réduire la dépendance vis-à-vis des États-Unis et de la Chine.