Emmanuel Macron propose de remplacer six anciennes fenêtres de Notre-Dame par des œuvres contemporaines, suscitant l’indignation des défenseurs du patrimoine. Lors de sa visite fin novembre, il a exprimé son désir de voir disparaître les fenêtres en noir et blanc, jugées de moindre qualité. Didier Rykner, à la tête d’une pétition rassemblant 240 000 signatures, s’oppose fermement à ce projet. Le diocèse envisage également de nouvelles fenêtres colorées, tandis que le financement pour ces initiatives reste incertain.
Quelle modernité pour Notre-Dame ? Le président Macron propose de remplacer six anciennes fenêtres par des œuvres contemporaines, provoquant l’ire des défenseurs du patrimoine qui envisagent une action en justice.
Lors de sa visite de fin novembre sur le chantier de la cathédrale récemment restaurée, Emmanuel Macron a été accompagné de caméras et du chef de chantier Philippe Jost pour découvrir les détails de cette reconstruction emblématique. Chaque élément a été restauré avec soin, selon les plans de l’illustre architecte du 19ème siècle, Viollet-le-Duc.
De manière apparemment décontractée, Macron a évoqué les fenêtres de la cathédrale. Bien que la plupart soient magnifiques, il s’interroge sur la raison pour laquelle Viollet-le-Duc avait créé six fenêtres en noir et blanc.
Philippe Jost lui a expliqué que ces fenêtres mettaient en avant certaines parties particulièrement sacrées de la cathédrale, tout en tenant compte des contraintes budgétaires de l’époque. Actuellement, le processus de sélection pour de nouvelles fenêtres contemporaines est en cours.
Une mobilisation massive contre les fenêtres modernes
Cette conversation entre Macron et Jost semble avoir été orchestrée pour le public, car le président est bien conscient des controverses entourant son projet. Il a clairement plaidé en faveur de l’installation de fenêtres contemporaines, jugeant les fenêtres en noir et blanc de qualité inférieure, et désireux de les voir disparaitre.
Les partisans d’une reconstruction fidèle à l’original, dirigés par Didier Rykner, fondateur de la revue d’art Tribune de l’art, s’opposent fermement à cette idée. Rykner a lancé une pétition contre les fenêtres modernes, recueillant environ 240 000 signatures, et envisage également des actions en justice.
Fin novembre, Macron a inspecté la cathédrale restaurée, mais les tensions demeurent vives.
Un combat inévitable pour la préservation du patrimoine
« La décision du président est discutable », déclare Rykner. Étant donné qu’il s’agit d’un bâtiment classé, aucune modification ne devrait se faire sans un processus approprié. « Nous allons nous battre dans tous les cas. Si nous ne nous battons pas, Macron fera ce qu’il veut », s’indigne-t-il.
Rykner et ses collègues bénéficient du soutien de la commission de protection du patrimoine, composée de 40 membres, qui a unanimement recommandé de conserver les six anciennes fenêtres en noir et blanc du 19ème siècle. Cependant, cette recommandation n’a pas force obligatoire.
Depuis l’incendie qui a ravagé Notre-Dame en avril 2019, le monument est en passe de rouvrir ses portes après plus de cinq ans de travaux.
Des idées nouvelles pour la cathédrale
En parallèle, le diocèse exprime également le souhait d’introduire de nouvelles fenêtres colorées avec des motifs figuratifs, notamment sur le thème de la Pentecôte. Le doyen Ribadeau-Dumas souligne que « la cathédrale n’a pas de date d’expiration, elle évolue à travers les âges. »
Construite il y a 860 ans, Notre-Dame a connu d’importantes modifications, notamment au 17ème siècle sous Louis XIV et une vaste restauration au 19ème siècle par Viollet-le-Duc. « Il est normal que chaque époque laisse son empreinte sur la cathédrale », ajoute Ribadeau-Dumas.
La proposition de Macron montre que le 21ème siècle devrait également marquer son temps. Philippe Jost trouve cette perspective intéressante : « Les nouvelles fenêtres devraient témoigner des événements qui ont eu lieu ici : l’incendie et la reconstruction impressionnante. »
Les créations contemporaines ont toujours apporté une nouvelle dimension au fil des siècles. « Cela pourrait être bénéfique pour la cathédrale », conclut Jost.
Un financement incertain pour les nouvelles fenêtres
La sélection des nouvelles fenêtres est toujours en cours, mais le financement reste fragile. Les dons destinés à la restauration ne peuvent pas être détournés vers d’autres projets, et la crise de la dette limite les possibilités de financement pour des initiatives artistiques coûteuses.
Malgré cela, Macron persiste dans ses projets. Ses détracteurs l’accusent de vouloir ériger un monument à sa propre audace en rouvrant cette célèbre cathédrale en seulement cinq ans.