Macron irrite avec une déclaration sur le nucléaire

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Statut : 24/10/2022 17h21

Dans un programme politique, Macron décrit la réponse de la France à une éventuelle attaque nucléaire russe en Ukraine. Il s’écarte de la doctrine précédente et déclenche des froncements de sourcils même parmi les experts.

Par Cai Rienäcker, ARD Studio Paris

Les experts politiques et les stratèges militaires ont dressé l’oreille lorsque le président Emmanuel Macron a évoqué les scénarios nucléaires en Ukraine dans une longue émission politique télévisée. L’animateur a insisté et a voulu savoir exactement si l’utilisation d’armes nucléaires tactiques par la Russie en Ukraine serait comptée comme une attaque nucléaire par la France. Macron a répondu avec une franchise surprenante :

Notre doctrine repose sur ce que nous appelons les intérêts fondamentaux de la nation. Et ils sont très clairement définis. Et ils ne seraient pas affectés s’il y avait une attaque de missile nucléaire en Ukraine ou dans la région.

Ainsi, une frappe nucléaire russe en Ukraine ne déclencherait pas de représailles nucléaires de la France. Le fait que Macron l’ait dit si clairement déviait de la ligne précédente de l’Elysée. Dans la même émission, Macron avait déclaré quelques minutes plus tôt que trop de gens parlaient de scénarios militaires nucléaires en Ukraine. Cela a été adressé au président américain Joe Biden avec son avertissement d’un « Armageddon nucléaire ». Mais ensuite, Macron en a soudainement parlé lui-même – et a fait froncer les sourcils aux experts.

« Calmez-vous les Français »

Bruno Tertrais, politologue du think tank « Fondation pour la recherche stratégique » est persuadé que ce message n’avait qu’un sens politique intérieur : « Je pense qu’il était important pour lui de rassurer les Français », dit-il – bien qu’il ait été « très surpris par les détails » des déclarations de Macron.

Tertrais est persuadé que Macron a improvisé un peu maladroitement dans l’interview. La formulation selon laquelle la doctrine française de dissuasion ne serait pas affectée par une frappe de missile nucléaire russe en Ukraine « ou dans la région » était particulièrement frappante : « Quand vous dites ‘dans la région’, vous pensez à l’Europe centrale ou orientale. Mais normalement Macron parle toujours d’une dimension européenne dans la stratégie de dissuasion française. »

Le rejet des représailles nucléaires par les armes nucléaires françaises s’applique-t-il également en cas de frappe nucléaire russe contre un État balte ou contre la Pologne – tous membres de l’UE et de l’OTAN ? Après le Brexit, la France est la seule puissance nucléaire restante dans l’Union européenne.

Qu’en est-il des partenaires de l’UE et de l’OTAN ?

Jusqu’à présent, les partenaires de l’UE avaient supposé que les armes nucléaires françaises les protégeraient également si le pire arrivait au pire. En ce sens, le président français a déclaré dans son dernier discours d’ouverture sur la doctrine militaire en février 2020 devant une école d’officiers à Paris : « Notre capacité nucléaire joue son propre rôle de dissuasion en Europe. Elle renforce la sécurité de l’Europe par son existence même et a en ce sens une authentique dimension européenne. »

Macron a souligné à plusieurs reprises la dimension européenne de la stratégie de dissuasion française dans ce discours. La France voulait aussi combler le vide laissé dans l’UE par la sortie de l’autre puissance nucléaire européenne, la Grande-Bretagne, après le Brexit. Après les récentes déclarations du président français, cela ne semble plus aussi clair.

Désaccord entre Berlin et Paris

Le politologue Tertrais donne cependant le feu vert : Macron s’est tout simplement mal exprimé. « Le message de l’Elysée depuis cet entretien est que le discours de 2020 reste la référence. Dans ce discours, Macron est allé assez loin dans l’expression d’une définition européenne de la dissuasion française. »

Cela signifierait que la France – en plus des accords militaires au niveau de l’OTAN – défendrait également ses partenaires de l’UE et donc aussi l’Allemagne au-delà de son propre territoire.

Pour le moment, cependant, les relations franco-allemandes ne se portent pas aussi bien au plus haut niveau politique. Au début de son premier mandat, Macron nourrissait notamment de grands espoirs dans l’expansion des structures de défense européennes, y compris des projets d’armement communs. Du point de vue parisien, cependant, l’Allemagne s’appuie avant tout sur les États-Unis en matière de dissuasion nucléaire – comme si l’Allemagne avait carrément peur d’un contact avec ses voisins sur le sujet, ce que la France trouve incompréhensible.

D’autant plus que la situation politique aux USA – par exemple avec une présidence renouvelée de Donald Trump – pourrait à nouveau changer rapidement. Du point de vue français, les Européens doivent se préparer à un scénario dans lequel ils devront prendre soin de leur propre sécurité – également dans la perspective d’une stratégie commune de dissuasion nucléaire.

La doctrine nucléaire française et la guerre en Ukraine

Cai Rienäcker, ARD Paris, 24/10/2022 13h34

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