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Le président français Emmanuel Macron fait un effort accrocheur pour renforcer les partenariats avec les États d’Asie centrale, cherchant à renforcer l’influence de l’Europe dans une région stratégique où la Chine, la Russie, la Turquie et les États-Unis se bousculent déjà pour la suprématie.
Macron s’est entretenu à Paris au début du mois avec le président ouzbek Shavkat Mirziyoyev, qui effectuait une rare visite dans une capitale occidentale, et a accueilli mardi le président kazakh Kassym-Jomart Tokayev à l’Elysée.
L’année dernière, Macron a accueilli le président tadjik Emomali Rahmon à Paris lors d’une visite extrêmement inhabituelle et a également eu des entretiens téléphoniques avec le dirigeant du Tadjikistan samedi.
La vague de diplomatie entre Paris et les principales capitales d’Asie centrale survient alors que la France réévalue ses liens avec l’ancienne région soviétique à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine.
Macron avait précédemment cherché à cultiver une relation viable avec le président russe Vladimir Poutine.
Astana, Douchanbé et Tachkent ont adopté une position au mieux ambivalente sur l’invasion. Ils n’ont montré aucun enthousiasme mais se sont arrêtés avant une condamnation à pleine gorge qui irriterait leurs anciens maîtres soviétiques à Moscou.
Leurs liens avec la Russie intéressent également Paris, qui garde un œil sur une éventuelle solution négociée à l’invasion de l’Ukraine.
Tokaïev s’est entretenu à Moscou avec Poutine la veille de son voyage à Paris.
La visite de Tokaïev vise à « consolider nos relations et élargir notre dialogue dans un contexte également difficile pour les pays d’Asie centrale », a déclaré un responsable présidentiel français qui a requis l’anonymat.
« Nous continuons à (…) montrer à nos partenaires d’Asie centrale l’importance que nous attachons à leur région, coincée entre la Chine et la Russie, et qui a besoin d’ouvrir de nouveaux horizons », a ajouté le responsable.
Une source gouvernementale kazakhe a déclaré à l’AFP : « Nous soutenons fermement l’intégrité territoriale de l’Ukraine » face à l’invasion.
« Nous ne soutenons pas les sanctions par principe. Mais nous ne permettons pas que nos territoires soient utilisés pour échapper aux sanctions », a ajouté la source.
Pendant ce temps, l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) dirigée par la Russie, une alliance militaire régionale dont le Kazakhstan est membre, est également en crise.
Un sommet de l’OTSC en Arménie plus tôt ce mois-ci s’est effondré dans une quasi-acrimonie.
Cultiver de tels liens signifie que Paris accueille également des dirigeants qui sont sous le feu des critiques pour violations des droits chez eux.
Tokayev arrive à Paris fraîchement sorti d’une élection au cours de laquelle il a remporté un second mandat avec un écrasant 81,3 %.
L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a déclaré que le vote « s’est déroulé dans un environnement politique manquant de compétitivité ».
Environ 230 personnes ont été tuées lorsque Tokaïev a violemment réprimé les manifestations en janvier contre le coût de la vie.
Mirziyoyev est quant à lui crédité de l’ouverture de l’Ouzbékistan après la mort de son dirigeant post-soviétique Islam Karimov.
Il a fait passer d’importantes réformes économiques et sociales, mais son régime est accusé par les organisations humanitaires de bafouer les droits fondamentaux de la population.
Dans une touche française typique, les visites de Rahmon et Mirziyoyev ont toutes deux été accompagnées d’expositions à succès de trésors culturels rarement vus en dehors du Tadjikistan et de l’Ouzbékistan.
Alors que la Chine et les États-Unis rivalisent d’influence avec la Russie dans la région depuis la chute de l’URSS, la Turquie a montré ces dernières années un intérêt accru pour les nations avec lesquelles elle partage des liens culturels et linguistiques étroits.
Ankara a relancé un organisme connu aujourd’hui sous le nom d’Organisation des États turcs et le président Recep Tayyip Erdogan, avec qui Macron entretient des relations tendues, a été un visiteur régulier de la région.
Les analystes disent qu’à court terme, l’Europe souhaite promouvoir les liens énergétiques avec l’Asie centrale, en particulier avec le Kazakhstan riche en hydrocarbures, alors que les approvisionnements en provenance de Russie diminuent. Il valorise également le rôle de la région en tant que plaque tournante clé du pipeline.
« Ce qui intéresse les Européens en Asie centrale, ce sont les ressources énergétiques alors que les hydrocarbures russes sont sous embargo… et les corridors de transport entre la Chine et l’Union européenne », estime Michael Levystone, chercheur associé au think tank IFRI.
« (En attendant) les sanctions contre l’économie russe encouragent les pays d’Asie centrale à diversifier leurs partenariats sur la scène internationale », a ajouté Levystone, dont l’organisation basée à Paris est spécialisée dans l’Asie centrale.
La source kazakhe a déclaré: « À la lumière des incertitudes actuelles concernant la sécurité énergétique en Europe, le Kazakhstan est déterminé à continuer à jouer un rôle de partenaire énergétique fiable et digne de confiance ».
(AFP)
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