Mia Bendrimia, cinéaste franco-algérienne, explore l’héritage familial complexe dans son documentaire « Magma », présenté au Festival international du documentaire de Thessalonique. À travers son voyage en Algérie, elle examine les impacts du passé colonial et du traumatisme intergénérationnel sur sa famille, marquée par le silence autour des événements historiques. Bendrimia espère susciter des conversations sur le passé colonial de la France et inciter d’autres à explorer leurs propres histoires familiales.
Mia Bendrimia : Un Voyage Émotionnel à Travers l’Histoire Familiale
Le cinéaste franco-algérien Mia Bendrimia nous invite à explorer un héritage familial complexe et chargé d’émotion dans son premier long métrage documentaire intitulé « Magma ». Ce film, qui fait partie de la section Docs in Progress du Festival international du documentaire de Thessalonique, Agora, met en lumière une quête personnelle pour comprendre les racines algériennes de sa famille, longtemps étouffées par le silence entourant un passé colonial douloureux.
Produit par Bendrimia elle-même, ainsi que par la nominée aux Oscars Kira Simon-Kennedy et Imane Lamime, « Magma » suit le parcours de la réalisatrice alors qu’elle s’aventure en Algérie pour la première fois. Cette exploration vise à dévoiler comment les souvenirs du passé continuent à influencer le présent, en particulier dans le contexte de la guerre d’indépendance algérienne. Pour Bendrimia, ce film ne se limite pas à une histoire familiale ; c’est une réflexion sur le traumatisme intergénérationnel et les répercussions de la colonisation.
Révélations et Mémoires Familiales
Dans une interview, Bendrimia partage que l’Algérie était un sujet « tabou » durant son enfance. Son père, né en France, n’a jamais eu l’occasion de visiter le pays ni d’apprendre l’arabe. « Nous étions très déconnectés, » déclare-t-elle, expliquant que ce silence était nourri par la peur et le passé compliqué de son grand-père, un harki ayant servi aux côtés de l’armée française pendant la guerre d’indépendance. Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, ces hommes étaient souvent perçus comme des traîtres, entraînant des conséquences tragiques pour eux et leurs familles.
Cette histoire difficile n’a jamais été traitée dans l’éducation de Bendrimia, ni même au sein de sa propre famille. Sa grand-mère, gardienne de la mémoire familiale, évitait de discuter des « années douloureuses et difficiles ». « Il a fallu des années pour que ma famille accepte enfin de me parler de ce qui s’est passé, » confie-t-elle. Grâce à un processus patient et diligent, « Magma » a progressivement pris forme, permettant à la réalisatrice de dévoiler des vérités surprenantes sur son histoire familiale, y compris le rôle de son cousin, un combattant de la liberté reconnu pour son courage.
Avec « Magma », Bendrimia espère amorcer des conversations essentielles sur le passé colonial de la France et encourager d’autres à entreprendre leurs propres voyages de découverte. Le film se veut non seulement une catharsis personnelle, mais aussi un guide pour ceux qui souhaitent explorer des sujets tabous au sein de leur propre histoire. « Ce film est un appel à la reconnaissance du passé et à la nécessité d’engager des dialogues ouverts, » conclut-elle.
Le Festival international du documentaire de Thessalonique se déroule du 6 au 16 mars, offrant une plateforme précieuse pour des œuvres qui abordent des thématiques aussi importantes que celles explorées dans « Magma ».