Ministre français : Le commerce international fait face à un « changement de paradigme », la clé du plan industriel de l’UE


Le commerce avec des partenaires internationaux à « n’importe quel prix » n’a plus de sens, a déclaré le ministre français du Commerce Olivier Becht, exhortant l’UE à réagir à la loi américaine sur la réduction de l’inflation par un plan industriel.

Becht a évoqué un véritable « changement de paradigme » dans le monde du commerce international lors d’une conférence de presse mardi 7 février, soulignant la nécessité de commercer d’une manière où « l’environnement, la santé, les travailleurs et les consommateurs sont protégés ».

Le ministre a présenté les chiffres de la balance commerciale de la France pour 2022, qui a atteint un déficit record, en baisse de 78 milliards d’euros par rapport à l’année dernière, à -164 milliards d’euros, selon les données de la Banque centrale française et du ministère de l’Economie. Environ 86 % de cette baisse peut être attribuée à l’explosion des coûts de l’énergie après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui ont presque triplé, passant de 45 milliards d’euros à 115 milliards d’euros par rapport à 2021.

La dépréciation de 11 % de l’euro par rapport au dollar sur l’ensemble de l’année 2022 a également rendu les importations plus chères, ce qui s’est avéré particulièrement dommageable pour les produits énergétiques importés, notamment le gaz naturel liquéfié, le pétrole brut et d’autres produits pétroliers. De plus, les chaînes d’approvisionnement mondiales ne se sont pas complètement remises de l’ère de la pandémie de COVID-19.

Alors que le commerce des biens est au plus bas, les services augmentent considérablement, atteignant 50 milliards d’euros en raison de l’augmentation des flux touristiques, d’un secteur des transports en plein essor et d’un commerce des services financiers en croissance stimulé par le Brexit alors que les institutions financières quittent la ville. et en Europe continentale, dont Paris.

Des liquidités sont également rentrées dans le pays à partir de projets dans des pays hors de l’UE, atteignant 31 milliards d’euros. Il s’agit notamment de projets d’infrastructures en Afrique dont les bénéfices vont dans les caisses françaises.

Contre les pratiques commerciales déloyales, « l’UE doit réagir »

« Il y a un déficit structurel, qui existe depuis la désindustrialisation de la France dans les années 1990, et nous payons aujourd’hui un lourd tribut », a déclaré Becht aux journalistes lors de la conférence de presse.

« Nous avons désindustrialisé le pays sur une fenêtre de 20 ans, il nous faudra une décennie pour inverser le cours », a-t-il ajouté. Cela signifie protéger les intérêts de l’UE contre les subventions et les avantages fiscaux des pays tiers, dont le dernier en date – et le plus étendu – est la loi américaine sur la réduction de l’inflation (IRA), introduite par l’administration Biden en novembre.

Réduire la dépendance aux importations est crucial, a déclaré Becht dans une réponse à une question d’EURACTIV, et le nouveau plan industriel Green Deal de la Commission européenne, « largement soutenu et en fait pensé par les Français », va dans la bonne direction.

Dans le cadre de ce plan, les règles en matière d’aides d’État doivent être temporairement assouplies et le principe des «subventions de contrepartie» a été consacré, selon lequel un État membre peut égaler le montant des subventions qu’un pays tiers est prêt à offrir à une entreprise de l’UE, à condition qu’elle conserver leurs usines de production dans l’UE.

Becht soutient que la Chine et les États-Unis se sont positionnés comme des acteurs clés du marché des biens stratégiques, y compris les matières premières critiques, nécessaires pour assurer une transition écologique rapide et percutante grâce à de lourds programmes de subventions, même si cela signifie enfreindre les règles commerciales de l’Organisation mondiale du commerce.

Si ces concurrents ne changent pas leurs habitudes, « alors l’UE doit réagir », a déclaré Becht, « et nous compenserons les effets négatifs par des droits de douane plus élevés ». […] et renforcer nos instruments de défense commerciale ».

Réarmer l’industrie française

La France n’a pas attendu l’IRA américaine pour placer la réindustrialisation au premier rang des priorités du ministre, a-t-il dit.

Un nouveau plan d’investissement de 54 milliards d’euros baptisé « France 2030 » a été introduit en novembre dernier pour réindustrialiser le pays grâce à des programmes d’innovation et de reconversion. Le développement des Petits Réacteurs Modulaires (SMR) dans l’industrie nucléaire, ou l’accompagnement de la croissance de l’hydrogène bas carbone, est au cœur des objectifs de France 2030.

Le nombre de PME exportatrices, qui représentent aujourd’hui 98% de l’ensemble des entreprises en France mais seulement 13% des exportations françaises, doit également être augmenté, selon le ministre. La tendance est positive par rapport à l’année dernière et le nombre de PME exportatrices est passé de 116 000 à près de 145 000.

FUITE : la Commission détaille un système de subventions de contrepartie pour l’industrie verte

Quelques jours à peine après que la Commission a présenté son nouveau plan industriel Green Deal pour contrer les subventions étrangères à l’industrie propre, une communication divulguée détaille toute l’étendue de la flexion temporaire des règles en matière d’aides d’État dans tout le bloc, y compris une règle pour empêcher un Allemand seul.

[Edited by Alice Taylor/Nathalie Weatherald]





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