Le cargo maltais ‘Ruby’, transportant 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium explosif, est ancré près de l’estuaire de la Tamise depuis fin septembre. Son voyage, entaché d’énigmes et de spéculations sur les intentions russes, a suscité des inquiétudes après un incident et des dommages au navire. Bien que des inspections confirment que la cargaison est sûre, son objectif initial de se rendre aux îles Canaries soulève des interrogations. Les autorités surveillent la situation, affirmant qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter.
Depuis plusieurs semaines, le cargo ‘Ruby’, transportant du nitrate d’ammonium potentiellement explosif, est ancré au large des côtes anglaises, suscitant mystères et spéculations notamment sur l’implication de la Russie.
Depuis fin août, le cargo ‘Ruby’, immatriculé à Malte et dont la cargaison pose question, erre dans les eaux européennes. Il y a trois semaines, le navire, endommagé, s’est arrêté près de l’estuaire de la Tamise. Les raisons de cette situation intrigante sont souvent interprétées comme relevant d’une guerre hybride orchestrée par la Russie. Quels éléments éclaircissent cette affaire, et comment les analyser ?
Le ‘Ruby’ a pris la mer le 22 août à partir de Kandalskcha, situé au sud de la péninsule de Kola, en Russie. Dès son départ, il a heurté un haut-fond, mais a réussi à se dégager et a continué sa route en contournant la Scandinavie jusqu’à atteindre Tromsø, sur la côte nord-ouest de la Norvège.
Le navire transporte 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium, un ingrédient majeur des engrais. Ce même produit était également à l’origine d’une explosion dévastatrice dans le port de Beyrouth, il y a quatre ans, tuant plus de 200 personnes et laissant des cicatrices visibles dans la ville.
Un chargement à risque
Le potentiel explosif du nitrate d’ammonium soulève des interrogations quant à la sécurité du ‘Ruby’. Bien que ce produit chimique nécessite des conditions spécifiques et une forte chaleur pour provoquer une réaction, avec des précautions adéquates, il peut être transporté en toute sécurité par des navires commerciaux selon les normes internationales. La ‘Norwegian Maritime Authority’ (NMA) confirme que la cargaison du ‘Ruby’ ne présente pas de risque majeur.
En théorie, la Russie a la possibilité d’exporter du nitrate d’ammonium vers des pays tiers, et la navigation dans les eaux européennes n’est pas restreinte. Cependant, l’UE interdit l’importation de nitrate d’ammonium en provenance de Russie, rendant la destination initiale du ‘Ruby’, les îles Canaries, pour le moins déroutante. Cette cargaison ne devrait pas y être déchargée.
La recherche d’un port d’accueil pour le navire semble compliquée, Malte ayant également refusé son entrée.
Inspection en Norvège
Le comportement de l’équipage est également jugé suspect. Plutôt que de retourner au port le plus proche après l’incident, la direction du ‘Ruby’ a d’abord emprunté une route plus longue en mer agitée avant de déclarer que le navire ne pouvait naviguer près de la Norvège.
Le navire a été inspecté pendant une semaine par la ‘Norwegian Maritime Authority’ et le ‘Schiffs-TÜV’ DNV, qui ont noté des dommages au gouvernail, à l’hélice, et quelques fissures dans la coque. Toutefois, ces dommages ne compromettraient pas la sécurité de la cargaison. Tous les certificats de sécurité étaient en règle, à l’exception d’un document concernant le personnel. Une fois que l’évaluation a permis de considérer que le ‘Ruby’ pouvait se diriger vers un chantier naval pour des réparations, les autorités norvégiennes ont donné leur accord pour la poursuite du voyage, sous condition de l’accompagnement par un remorqueur.
Malgré les interdictions, de nombreux navires continuent de livrer du pétrole brut russe vers des ports européens.
Dégâts notables
L’évaluation a également examiné la salle des machines, les systèmes de commande et d’urgence sans déceler de défauts. Cependant, le capitaine a rapidement rapporté une panne totale du moteur, qui ne dura pas longtemps. Le navire a alors dérivé vers la mer Baltique avant de se diriger à nouveau vers Malte, où il est enregistré. Toutefois, les autorités maltaises ont également interdit son accès.
À la fin septembre, le ‘Ruby’ a jeté l’ancre en mer du Nord, près de l’embouchure de la Tamise. Selon la ‘Maritime and Coastguard Agency’ britannique, le navire a reçu un nouveau approvisionnement en carburant ainsi que des vivres fraîches