Le Conseil national a décidé de prolonger jusqu’en 2026 le programme d’impulsion pour les crèches. Ce programme vise à augmenter le nombre de places d’accueil et à réduire les frais de garde. Toutefois, son maintien sans alternatives ne semble pas judicieux. L’article souligne l’importance de définir des objectifs clairs pour les subventions, d’analyser les raisons de la faible utilisation des crèches et d’adopter une approche décentralisée, impliquant cantons et entreprises, pour répondre aux besoins des familles.
Au cours de la session d’automne, le Conseil national a prolongé son programme de soutien pour les crèches, agissant comme deuxième autorité. Ce programme favorise la création de nouvelles places, la réduction des coûts pour les parents et une meilleure adéquation des offres aux besoins familiaux. Initialement lancé en 2003 avec un financement temporaire, il sera désormais prolongé jusqu’en 2026.
Cependant, une prolongation d’un programme temporaire sans alternatives acceptées par une majorité politique n’est pas souhaitable. Actuellement, la commission du Conseil des États examine l’avenir de ce projet, une occasion idéale pour réorienter la stratégie de subvention des crèches. Voici trois aspects clés à considérer.
Définir clairement les objectifs et évaluer l’efficacité
Tout d’abord, il est crucial de définir clairement les objectifs des subventions aux crèches. Dans le cadre réglementaire actuel, l’aide vise à faciliter la conciliation entre vie de famille et engagement professionnel ou formation. Cependant, il n’est pas explicite si cette aide a pour but d’augmenter la participation des femmes ou des familles au marché du travail.
Une fois ces objectifs précisés, il est important d’évaluer l’efficacité des mesures mises en place. Par exemple, une étude réalisée dans le canton de Berne a révélé que, bien que l’offre de places d’accueil augmente le taux d’activité des femmes, cet impact est atténué par un déclin du taux d’activité des hommes, rendant ainsi le revenu familial stable.
De plus, les données montrent que l’entrée des femmes sur le marché du travail se produit principalement lorsque les enfants atteignent l’âge de six ans. Les enquêtes indiquent que les mères souhaiteraient élargir leur temps de travail si les frais de garde étaient réduits. Pourtant, cette perception est relativement homogène parmi les femmes de différents milieux professionnels.
Analyser les motifs de non-recours aux crèches
Ensuite, il est essentiel de comprendre pourquoi certaines familles n’utilisent pas de garde extrafamiliale. Aux côtés de la garde familiale, où les grands-parents jouent un rôle majeur, les normes et valeurs liées à la garde d’enfants influencent également les choix familiaux.
Selon le Panel suisse de ménages, l’acceptation de l’idée que « Un enfant en âge préscolaire souffre si sa mère travaille » varie selon les classes de revenus. Les réponses vont de 0 (pas du tout d’accord) à 10 (tout à fait d’accord).
Les femmes dans le quintile de revenus le plus bas soutiennent davantage cette affirmation (5,1 points), alors que celles des classes de revenus supérieures la rejettent presque entièrement (2,8 points). Il devient donc évident que les variations dans l’utilisation des places d’accueil et, par conséquent, dans la participation au marché du travail, sont en partie dues à des conceptions différentes des rôles. Ainsi, des changements de valeurs ne peuvent pas être obtenus uniquement par le biais de subventions.
Favoriser la subsidiarité
De plus, l’utilisation des crèches varie non seulement en fonction des revenus, mais aussi en fonction des régions. Par exemple, à Genève, plus de 60 % des foyers avec enfants de moins de douze ans ont recours à des structures institutionnelles, tandis qu’à Saint-Gall, ce chiffre est inférieur à 30 %. En général, l’utilisation est plus de deux fois plus fréquente dans les grandes villes par rapport aux zones rurales. Ces disparités justifient une organisation et un financement différents selon les cantons.
Ainsi, il est crucial de respecter le principe de subsidiarité. L’organisation et le financement des crèches ne devraient pas être une responsabilité fédérale. Il est nécessaire d’adopter des solutions décentralisées, où les cantons, communes et entreprises joueront un rôle clé. Les entreprises connaissent mieux les types de garde qui seraient bénéfiques pour leurs employés, et des initiatives ciblées peuvent être soutenues par les autorités locales.
La recherche de solutions pour améliorer l’accueil extrafamilial des enfants patine, surtout compte tenu des contraintes budgétaires de la Confédération. Il est essentiel de clarifier la complexité des subventions et de favoriser des stratégies ciblées et décentralisées qui répondent vraiment aux souhaiter des familles.
Melanie Häner-Müller dirige le domaine de la politique sociale à l’Institut de politique économique suisse (IWP)