Ocean Viking : La première vraie crise diplomatique entre la France et l’Italie ?


La France a dénoncé jeudi 10 novembre l’attitude « incompréhensible et inacceptable » de l’Italie en refusant d’accueillir les migrants à bord du navire Ocean Viking, en mer depuis plus de 15 jours, créant la première crise diplomatique entre les nouveaux gouvernements des deux pays.

A l’issue du Conseil des ministres de jeudi, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé que la France accueillerait « exceptionnellement » l’Ocean Viking, un navire de transport de migrants de l’ONG SOS Méditerranée, et a durement attaqué le gouvernement de droite du Premier ministre italien Giorgia Meloni, en poste. depuis moins de trois semaines.

La présence du ministre de l’Intérieur à la conférence de presse, généralement animée par le seul porte-parole du gouvernement, est un autre indice de la gravité de la crise entre Paris et Rome.

L’Italie viole le droit international

« La situation humanitaire sur l’Ocean Viking […] appelle à une action immédiate », a déclaré Darmanin.

Les 234 personnes à bord, secourues après le naufrage de leurs bateaux, sont à « très haut risque » après avoir passé plus de 15 jours en mer. Parmi eux, il y a 57 enfants et quelques dizaines de malades.

La France accueillera l’Ocean Viking dans le port militaire de Toulon. Cependant, il a souligné que le navire était « sans aucune contestation possible dans la zone italienne de recherche et de sauvetage ».

Pour Darmanin, il ne faisait « aucun doute, au regard du droit international et du droit de la mer, qu’il était de la responsabilité de l’Italie de désigner immédiatement un port sûr pour accueillir ce navire ».

L’Italie ne l’ayant pas fait, les autorités françaises « ont décidé de compenser le comportement inacceptable du gouvernement italien », a-t-il dit, ajoutant que « la France regrette profondément que l’Italie ait choisi de ne pas se comporter en Etat européen responsable ».

Mesures de représailles

La France a utilisé un ton inhabituellement dur envers un partenaire historique comme l’Italie, et a également pris des mesures de représailles contre Rome.

Alors que la France était censée relocaliser 3 500 réfugiés vers l’Italie en 2023, Darmanin a expliqué qu’elle « suspendait désormais toutes les relocalisations ». […] et appelle tous les autres participants au mécanisme de l’UE, notamment l’Allemagne, à faire de même ».

L’Allemagne s’est également engagée à relocaliser 3 500 personnes mais au moment de la publication de cet article, Berlin n’a pas encore indiqué si elle répondra à l’appel de la France.

En outre, il y aura également un « renforcement des contrôles aux frontières intérieures [in France] avec l’Italie ».

Dans le commentaire peut-être le plus inquiétant, Darmanin a annoncé que cet épisode aura « des conséquences extrêmement fortes sur la relation bilatérale et sur la relation entre l’Europe et le gouvernement italien ».

Le ministre a indiqué que l’Italie avait accepté ces derniers jours plusieurs bateaux d’ONG sur son sol mais avait refusé de le faire pour l’Ocean Viking.

Solidarité et réponse européennes

« L’Italie se met en dehors de la solidarité européenne et de ses engagements », ce qui ne peut qu’avoir « des conséquences extrêmement fortes sur la relation bilatérale [between France and Italy] et sur les relations entre l’UE et le gouvernement italien », a déclaré le ministre français.

Darmanin a également annoncé que la France, l’Allemagne et la Commission européenne organiseraient « une réunion pour discuter des conséquences du comportement de l’Italie [and] mieux encadrer les opérations de sauvetage en mer des navires des ONG en Méditerranée ».

Il a dit avoir parlé avec un certain nombre de collègues de l’UE, qui « sont tous conscients que les choses doivent maintenant s’organiser différemment pour que l’Italie ne puisse pas profiter de la solidarité tout en étant elle-même égoïste ».

Darmanin a même suggéré des «conséquences juridiques» pour la décision du gouvernement de Meloni mais n’a pas donné de détails.

Un sénateur de la Ligue fustige les « moralistes » de l’UE sur la migration

Alors que les navires des ONG arrivent en Sicile chargés de migrants, Massimiliano Romeo, le chef de la Ligue d’extrême droite au Sénat, s’en est pris aux « moralistes » de l’UE qui exigent l’humanitarisme mais comptent sur les ports des autres en matière de migration.

[Edited by Zoran Radosavljevic]





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