*All We Imagine As Light*, le nouveau film de Payal Kapadia, a fait ses débuts à Cannes en mai, suscitant une forte anticipation. Après une projection réussie à Londres, le film a reçu un accueil chaleureux lors de divers festivals internationaux. Kapadia évoque les défis de la sortie en Inde et l’importance des productions locales. Le film, centré sur l’histoire de deux jeunes femmes, est une coproduction franco-indienne, marquant une collaboration enrichissante à travers deux cultures.
La Montée de *All We Imagine As Light* à Cannes
Les projections publiques de *All We Imagine As Light*, le deuxième long métrage de la talentueuse réalisatrice indienne Payal Kapadia, ont débuté au début du mois de mai, peu avant son lancement très attendu en compétition au Festival de Cannes. J’ai eu l’opportunité de découvrir le film lors d’une projection à Londres, dans les célèbres salles de Soho. Alors que le générique se déroulait, une atmosphère vibrante d’excitation flottait dans l’air. Les spectateurs, parmi lesquels se trouvaient certains des critiques les plus aguerris du milieu, échangeaient des sourires et des signes d’approbation.
Il était évident que chacun avait conscience d’avoir assisté à quelque chose de véritablement exceptionnel, mais personne n’osait prononcer des mots sur son potentiel futur. Cela pourrait être attribué à l’incertitude qui accompagne un premier pas à Cannes. Des films de réalisateurs plus célèbres, généralement plébiscités par le public sur la Côte d’Azur, ont pu faire une brève apparition avant de disparaître aussi vite qu’ils sont arrivés. La question qui se posait aussi était de savoir si un film de cette envergure, produit en Inde et réalisé par une femme, pouvait réellement s’imposer. La réponse s’est avérée être un retentissant et rafraîchissant oui. Après un triomphe historique à Cannes, *All We Imagine* a connu des débuts très positifs à des festivals tels que le NYFF, Londres, Tokyo, Chicago, Denver, San Sebastian, Mill Valley et Sydney, pour n’en citer que quelques-uns.
Le Parcours de Kapadia et le Défi du Marché Indien
« C’est tellement excitant, » déclare Kapadia depuis les bureaux lumineux de Janus Films, situés près de Park Avenue à Manhattan. La société a acquis *All We Imagine* à Cannes et a lancé une sortie limitée aux États-Unis le 14 novembre. Depuis ce jour, le film a fait preuve d’un succès constant, atteignant des sommets au box-office pour Janus.
Elle poursuit : « Lorsque vous réalisez un film, le plus beau, c’est de le voir projeté et d’espérer que les gens viennent le découvrir. » *All We Imagine As Light* s’apprête à entrer dans la saison des récompenses, en se positionnant comme l’un des titres les plus marquants et populaires de l’année. Toutefois, avant le coup d’envoi officiel de la campagne, Kapadia doit retourner en Inde, où elle lancera la sortie nationale. Elle confie être « un peu nerveuse » à l’idée de rentrer chez elle avec le film.
« Il n’est pas facile de faire sortir un film tel que celui-ci en Inde. À Kerala, cela pourrait être plus simple à vendre grâce à la langue malayalam, car les spectateurs n’auront pas besoin de lire des sous-titres, » explique Kapadia. « Les acteurs locaux, qui sont bien connus, ont un lien fort avec le public. » Elle décrit le paysage cinématographique indien comme un vaste « système autonome, » où les audiences locales se préoccupent moins des récompenses internationales et plus de leurs productions locales.
Le film, tourné en 25 jours à Mumbai, suivi de 15 jours dans la ville côtière de Ratnagiri, narre l’histoire de deux jeunes femmes, Prabha, une infirmière, et Anu, sa colocataire. Cette rare coproduction franco-indienne est le fruit d’une collaboration entre les producteurs parisiens Thomas Hakim et Julien Graff, ainsi que Zico Maitra de Chalk & Cheese Films à Mumbai. Kapadia décrit sa collaboration avec Hakim, Graff et Maitra comme une expérience familiale enrichissante à travers deux continents.
Dans une discussion enrichissante, Kapadia partage ses réflexions sur la production de *All We Imagine As Light*, son succès rapide et son ressenti face au fait que le film n’a pas été sélectionné comme la soumission de l’Inde pour la catégorie du meilleur film international aux Oscars. Elle révèle également quelques détails sur son futur projet de long métrage.
« Je vais bien. Je suis super excitée. Le film est sorti cette semaine en Amérique et nous ouvrirons le 22 novembre en Inde. J’avais des doutes sur la distribution indienne, car sortir un film comme celui-ci n’est pas aisé. Même les gros films ne cartonnent pas toujours au box-office, » confie-t-elle. « Cependant, grâce à notre parcours à Cannes, de nombreux distributeurs ont manifesté leur intérêt. »
Kapadia évoque une projection mémorable au Royaume-Uni, où, bien qu’elle n’y ait pas assisté, son actrice Kani a rapporté que le public était captivé par le film. La projection la plus marquante a eu lieu à Mumbai, au Regal Cinema, un ancien cinéma emblématique. « Le son était horrible, mais l’expérience était incroyable, car le film était enfin projeté à Mumbai, là où il a été tourné, » se remémore-t-elle, pleine d’enthousiasme.
En conclusion, Kapadia souligne l’importance d’un écosystème cinématographique riche, où les films locaux, notamment ceux en tamoul, sont attendus avec impatience. « Tout est centré sur le cinéma local et les productions qui y émergent, » conclut-elle, mettant en lumière l’immense potentiel du cinéma indien.