Depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022, l’économie russe a fait preuve d’une résilience inattendue, malgré des défis tels que l’inflation, des taux d’intérêt élevés et un déficit budgétaire. Les revenus pétroliers ont stabilisé la situation, mais les choix budgétaires du Kremlin pourraient affecter le bien-être des citoyens. Les entreprises ont su s’adapter aux sanctions internationales, bien que des disparités de revenus persistent, notamment entre les secteurs. La modernisation de l’économie stagne, alors que le Kremlin peine à réduire les importations.
La résilience de l’économie russe face à la guerre
Le 24 février 2022, la Russie a lancé une invasion de l’Ukraine, un événement qui aurait pu entraîner une chute rapide de son économie. Cependant, après trois années de conflit, l’économie russe a montré une résilience surprenante. La question demeure : un effondrement économique est-il encore envisageable ?
Les défis économiques et les perspectives d’effondrement
Bien qu’une chute de l’économie russe soit envisageable, la situation actuelle ne reflète pas une stabilité durable. En examinant les données officielles sur la croissance et les revenus, on pourrait croire à une bonne santé de l’économie. Toutefois, des problèmes tels que des taux d’intérêt élevés, une inflation croissante et un déficit budgétaire alarmant remettent en question cette apparente stabilité. De plus, les secteurs en croissance, comme l’armement, sont inégalement répartis, laissant d’autres domaines en difficulté.
La possibilité d’un effondrement dépendra des capacités financières de l’État. En effet, les revenus provenant des exportations de pétrole ont permis de maintenir un certain équilibre. Cependant, la gestion financière du gouvernement et de la banque centrale sera cruciale pour l’avenir. Les réserves accumulées durant deux décennies ont permis de financer non seulement le conflit, mais aussi les obligations sociales. Cela ne pourra pas perdurer indéfiniment, surtout à partir de l’automne 2024.
En matière de dépenses, le Kremlin doit désormais faire des choix difficiles. Pour la première fois sous le mandat de Vladimir Poutine, les dépenses sociales sont appelées à diminuer en 2025, alors que les investissements militaires continuent d’augmenter de manière significative. Ces décisions pourraient avoir des répercussions profondes sur le bien-être des citoyens.
Les sanctions internationales imposées à la Russie représentent un phénomène inédit pour une économie de cette envergure. Bien qu’elles aient eu un impact, la réponse économique de la Russie a été largement sous-estimée. Les entreprises russes, malgré la peur initiale d’une rupture d’approvisionnement, ont su s’adapter rapidement, notamment grâce à des relations indirectes avec des fournisseurs en Turquie et en Chine. Ce phénomène a atténué l’effet des sanctions, et il a fallu jusqu’à 2024 pour que les sanctions secondaires commencent à montrer des résultats tangibles.
Une économie de marché face à la crise
La capacité de l’économie russe à faire face aux défis de la guerre peut être attribuée à son fonctionnement en tant qu’économie de marché. Après le tournant du siècle, des politiques économiques axées sur le marché ont permis l’émergence de nombreuses petites et moyennes entreprises. Bien que le pouvoir économique ait été en grande partie transféré aux « Siloviki », des entrepreneurs aguerris continuent d’opérer dans un environnement moins rigide qu’à la fin de l’Union soviétique.
Cette agilité s’est également manifestée dans la gestion des crises. Les entreprises russes, ayant déjà affronté des défis comme la crise financière de 2008 ou l’annexion de la Crimée, ont appris à maintenir des stocks plus élevés, leur permettant de mieux naviguer dans l’incertitude actuelle.
En ce qui concerne le niveau de vie des Russes, les statistiques montrent une amélioration des revenus moyens, mais cette situation ne reflète pas l’ensemble de la population. Les augmentations salariales dans l’industrie de l’armement ont entraîné des disparités, laissant de nombreux travailleurs dans des secteurs essentiels, comme l’éducation ou la santé, à peine au-dessus de la ligne de pauvreté, voire en perte de pouvoir d’achat à cause de l’inflation.
Enfin, l’ambition du Kremlin de remplacer les importations par une production nationale n’a pas porté ses fruits. Des décisions récentes, telles que le prolongement de l’utilisation d’équipements vieillissants, illustrent les difficultés persistantes de l’économie russe à se moderniser et à se diversifier.