Une étude d’Incogni révèle que de nombreuses applications, en particulier dans les domaines des rencontres et des médias sociaux, collectent des données sensibles sur les convictions politiques et religieuses des utilisateurs pour les vendre à des tiers. Sur 100 applications examinées, 74 recueillent ces informations, souvent sous des prétextes vagues. Cette collecte soulève des préoccupations en matière de confidentialité, surtout après plusieurs violations de données connues. Les utilisateurs sont encouragés à limiter le partage d’informations sensibles et à revoir régulièrement leurs paramètres de confidentialité.
Les applications de rencontres et les plateformes de médias sociaux sont largement reconnues comme de véritables gouffres de données. Cependant, il est moins connu que beaucoup d’entre elles recueillent systématiquement des informations concernant vos opinions politiques et croyances religieuses, souvent dans le but de les vendre à des tiers.
Cette révélation provient d’une étude menée par Incogni, un service conçu pour la suppression des données, développé par Surfshark. Les chercheurs ont examiné les pratiques de collecte de données des 100 applications gratuites les plus populaires dans 36 catégories aux États-Unis, découvrant que 74 d’entre elles collectaient des données sensibles. Parmi ces dernières, on trouve en grande majorité des applications de rencontres (47), suivies par des services de médias sociaux (7) et des applications médicales (6).
Darius Belejevas, directeur d’Incogni, commente cette tendance en soulignant que même si certaines applications laissent le choix aux utilisateurs de partager leurs convictions politiques, les raisons avancées par les développeurs sont souvent floues et discutables.
Pourquoi ces applications s’intéressent-elles à vos opinions politiques et religieuses ?
Comme mentionné, un total de 74 applications sur plus de 3 400 analysées collectent et parfois partagent vos opinions politiques et croyances religieuses, dont 15 le font systématiquement. À première vue, cela pourrait sembler inoffensif, mais la réalité est plus préoccupante lorsque l’on se rend compte que les applications de rencontres et de médias sociaux les plus populaires sont celles qui récupèrent le plus ces informations.
Souvent, les applications comme Facebook, Instagram, Bumble et Hinge affirment que la collecte de ces données est nécessaire pour améliorer leurs fonctionnalités. Cependant, les chercheurs estiment qu’il est difficile de comprendre en quoi ces informations pourraient réellement contribuer à l’amélioration de l’expérience utilisateur.
D’autres applications, comme Hinge et Receipt Hog, justifient cette collecte par des analyses de données, un processus typiquement utilisé pour suivre les utilisateurs et évaluer les performances des applications. Mais encore une fois, il n’est pas clair comment ces données pourraient être utiles pour ces objectifs.
La personnalisation est une autre raison fréquemment invoquée, surtout pour les applications sociales et de rencontres. Néanmoins, les chercheurs notent que cela semble moins pertinent dans des domaines comme la santé ou les services financiers.
Quels dangers cela représente-t-il ?
Selon M. Belejevas, une fois que des informations sensibles sont fournies à une application, elles deviennent vulnérables, que ce soit lors de violations de données ou d’accès non autorisés. Des applications connues comme Bumble, Tinder et Facebook ont été impliquées dans des breaches de données majeures par le passé, comme la fuite de plus de 70 000 photos d’utilisatrices de Tinder en 2020.
Il y a également eu des incidences où ces données ont été exploitées à des fins politiques, comme l’illustre le scandale Cambridge Analytica, où des informations personnelles de près de 87 millions d’utilisateurs de Facebook ont été utilisées pour cibler des publicités politiques durant la campagne présidentielle de 2016.
Au final, de nombreuses personnes préfèrent garder leurs opinions politiques et autres informations sensibles privées, car leur divulgation pourrait même avoir des répercussions sur le fonctionnement du système démocratique.
Comment sécuriser vos données personnelles
Il est important de noter que les outils de sécurité, tels que les VPN ou les antivirus, ne peuvent pas protéger vos croyances politiques ou religieuses, car ce sont des informations que vous choisissez de partager. Toutefois, vous pouvez prendre des mesures pour réduire les données que vous divulguez.
M. Belejevas recommande de ne communiquer aucune information, surtout lorsqu’elle n’est pas obligatoire. Posez-vous des questions comme : « Suis-je à l’aise de partager ceci ? Pourquoi l’application a-t-elle besoin de ces informations ? »
En général, il convient de limiter le partage de données et de faire particulièrement attention sur les réseaux sociaux, car nos publications peuvent parfois révéler des détails très personnels, comme notre adresse ou notre lieu de travail.
Il est également conseillé de vérifier régulièrement les permissions des applications et les paramètres de confidentialité de vos appareils pour identifier celles qui ont des pratiques de suivi excessives. Les applications qui collectent des données comportementales non pertinentes peuvent revendre ces informations à des courtiers.
Enfin, envisagez des solutions de suppression de données comme Incogni, qui peuvent vous aider à effacer facilement les informations personnelles