Qatargate: le principal suspect dans le scandale de la corruption de l’UE coupe l’accord avec les procureurs


L’ancien eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri, l’un des principaux suspects du soi-disant scandale de corruption de l’UE appelé « Qatargate », a conclu un accord pour divulguer des informations sur les pays impliqués et les pots-de-vin versés, ont déclaré les procureurs belges mardi 17 janvier.

En échange, il s’est vu proposer une « peine limitée » comprenant une peine d’emprisonnement, une amende et la confiscation d’un million d’euros d’avoirs, ont indiqué les procureurs dans un communiqué.

Le développement a été un tournant dramatique dans le scandale de corruption dans lequel les procureurs soupçonnent le Qatar et le Maroc d’avoir acheminé des pots-de-vin par l’intermédiaire de Panzeri et d’autres personnalités pour influencer les décisions du Parlement européen.

Le Qatar a nié tout acte répréhensible et le Maroc a accusé les médias de commettre des « attaques » injustifiées.

Les allégations ont troublé le Parlement et suscité un malaise dans d’autres institutions de l’UE, craignant que leur crédibilité publique ne soit ébranlée.

Panzeri est l’un des quatre suspects en détention provisoire en Belgique à la suite de descentes de police sur des adresses le mois dernier qui ont rapporté 1,5 million d’euros en espèces.

Les perquisitions ont été menées au domicile et dans les bureaux de députés européens, d’anciens députés européens, d’assistants parlementaires et de responsables d’ONG qui traitaient avec le parlement.

Les quatre suspects sont détenus pour « organisation criminelle, corruption et blanchiment d’argent ».

Les trois autres sont : l’eurodéputée grecque Eva Kaili, déchue de son poste de l’une des 14 vice-présidentes du parlement après son arrestation ; son petit ami italien Francesco Giorgi, assistant parlementaire ; et Niccolo Figa-Talamanca, le responsable italien d’une ONG.

Panzeri, un ancien législateur de 67 ans, dirige une autre ONG soupçonnée de recevoir de l’argent de certains pays pour payer des députés européens en exercice afin d’influencer la prise de décision parlementaire sur des questions importantes pour ces pays.

Les médias belges ont déclaré que Panzeri avait été placé sous surveillance par les services de renseignement belges pendant au moins un mois avant son arrestation.

Les rapports indiquent qu’il a reçu de l’argent du Maroc pour promouvoir ses intérêts au parlement.

L’Italie a arrêté la femme et la fille de Panzeri en vertu d’un mandat délivré par la Belgique et a autorisé leur extradition.

Mais sa femme conteste l’ordonnance du tribunal et sa fille devrait emboîter le pas, selon les médias italiens.

Panzeri avait une audience d’appel prévue mardi mais ne s’est pas présenté, ayant décidé de se retirer en raison de ce que les procureurs avaient initialement qualifié de « raisons personnelles ».

Dans leur déclaration ultérieure disant que Panzeri avait accepté de produire des preuves, ils ont déclaré qu’ils appliquaient une loi sur les « pentiti » conçue pour les affaires de mafia dans lesquelles un suspect criminel se repent.

Ce n’est que la deuxième fois dans l’histoire du droit belge que le statut de « repenti » est utilisé.

Les procureurs ont déclaré que, selon les termes de l’accord, Panzeri s’était engagé à tout dire honnêtement aux enquêteurs sur « l’identité des personnes qu’il admet avoir soudoyées ».

Il doit également divulguer ses méthodes, les « arrangements financiers avec d’autres pays impliqués » et « l’implication de personnes connues et inconnues dans l’enquête ».

Ce dernier engagement pourrait faire froid dans le dos aux suspects potentiels qui n’ont pas été interrogés par les autorités belges.

Un examen minutieux est déjà dirigé contre tout fonctionnaire ou législateur de l’UE qui a fait des déclarations effusives en faveur du Qatar ou du Maroc.

Le Qatar a souligné certaines de ces déclarations qui ont été faites pour le défendre contre les accusations de violations des droits des travailleurs à l’approche de la Coupe du monde de cette année, qu’il a accueillie, et sa tentative d’obtenir un voyage sans visa vers l’UE.

Le Maroc tient à gagner des positions favorables de l’Europe à sa revendication sur le Sahara occidental contesté, où un mouvement Polisario soutenu par Alger cherche l’indépendance.

Le Parlement européen continue d’être secoué par le scandale. Les procureurs belges ont demandé la levée de l’immunité de deux autres eurodéputés, le Belge Marc Tarabella et l’Italien Andrea Cozzolino, pour poursuivre leurs investigations.

Le législateur a lancé cette procédure, qui devrait s’achever le mois prochain.

Kaili n’a pas pu faire valoir son immunité car un juge belge a estimé qu’elle avait été prise en flagrant délit.

La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a annoncé lundi des propositions visant à nettoyer la législature et à la protéger de la « corruption » et des « ingérences étrangères ».

Ils incluent davantage de contrôles sur qui a accès aux locaux parlementaires, restreignant les activités des députés avec les pays non membres de l’UE et disposant d’un registre public des finances des députés.





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