Rashid Masharawi a présenté son film « Passing Dreams » au Festival du film du Caire, un road movie palestinien centré sur Sami, un jeune garçon de 12 ans en quête de son pigeon voyageur. Malgré les défis du tournage dans les Territoires occupés, le film transmet un message d’espoir. Masharawi, influencé par son expérience à Gaza, insiste sur la nécessité de représenter la réalité palestinienne à travers son art cinématographique, au-delà des préoccupations politiques.
Un Nouveau Chapitre pour le Cinéma Palestinien
Le réalisateur palestinien Rashid Masharawi a lancé le Festival du film du Caire en présentant la première mondiale de son dernier chef-d’œuvre intitulé « Passing Dreams », un road movie palestinien qui promet de surprendre.
Une Histoire d’Espoir au Milieu des Défis
Ce film captivant suit le parcours de Sami (Adel Abu Ayyash), un jeune garçon de 12 ans vivant dans un camp de réfugiés en Cisjordanie. Alors que son père est incarcéré et son pigeon voyageur s’est échappé, Sami se rend à Bethléem pour demander de l’aide à son oncle (Ashraf Barhom) afin de retrouver son précieux compagnon.
Bien que le film aborde les réalités difficiles des Territoires occupés, il conserve un message d’optimisme. Masharawi, en discutant avec des journalistes avant le festival, a déclaré : « Là où l’espoir est absent, le cinéma doit le créer pour le faire ressentir aux gens, car c’est également une forme de résistance. Après tant d’années d’occupation, nous continuons de croire en un avenir meilleur, car nous aimons ce que demain peut nous offrir. »
Tourné dans des lieux authentiques, notamment à Bethléem, dans la vieille ville de Jérusalem et à Haïfa, le processus de réalisation a été semé d’embûches. « Pour les cinéastes palestiniens, la création d’un film de fiction demeure un défi. Chaque détail doit être minutieusement planifié en raison des contraintes de lumière, des acteurs et des autorisations nécessaires pour les personnes venant de l’extérieur de la Palestine. Nous devons toujours avoir plusieurs plans d’action. Souvent, nous nous retrouvons à utiliser notre plan B ou C », a-t-il expliqué.
Le déplacement de l’équipe et des acteurs entre les différents lieux de tournage a également été un casse-tête logistique. « Les membres de l’équipe proviennent de divers endroits, chacun nécessitant des permis spécifiques pour circuler. Nous tournons souvent sans l’approbation des autorités israéliennes, et l’ambiance peut rapidement changer, car tout peut survenir durant le tournage. »
Le contexte du conflit à Gaza, où Masharawi est né, a également influencé son travail. « Né à Gaza en 1962, ma première mémoire est celle d’une guerre. J’ai grandi entre des points de contrôle, un aspect de mon quotidien. Pour atteindre Bethléem, il me fallait franchir trois barrages, rendant un trajet d’une heure incroyablement long. »
Pour Masharawi, filmer dans des lieux réels était essentiel, surtout pour le public palestinien. « Ils reconnaissent ces lieux, connaissent les chemins à emprunter et les points de contrôle. Je ne souhaite pas créer des images de carte postale. Mon but est de montrer la réalité de A à B, illustrant le paysage. J’aspire à présenter la beauté sans la traiter comme une attraction touristique, même à Bethléem, l’un des sites les plus emblématiques au monde. Nos personnages ne font que passer, car ils sont en route vers une autre destination. »
Bien que profondément touché par la situation à Gaza – ayant produit récemment « From Ground Zero », une anthologie de courts métrages capturant le conflit actuel – Masharawi se concentre avant tout sur son identité de cinéaste. Ayant vu ses œuvres présentées dans des festivals prestigieux comme Venise et Cannes, il se réjouit d’ouvrir le festival du Caire, mais met l’accent sur l’art cinématographique plutôt que sur des préoccupations politiques. « Je ne cherche pas de solidarité à travers notre situation politique : je désire que nous soyons vus comme des artistes. Avant d’être arabe, palestinien ou originaire de Gaza, ma passion, c’est le cinéma. »