Plus de quatre ans après l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty par un islamiste radical, le procès de huit personnes impliquées dans la campagne de haine contre lui débute aujourd’hui. Pour sa famille, cela représente une étape importante dans leur quête de justice et de rétablissement de l’honneur de Paty. L’affaire met en lumière comment des mensonges propagés par une élève ont déclenché une réaction en chaîne menant à son meurtre. Les accusés risquent jusqu’à 30 ans de prison.
Il y a plus de quatre ans, le professeur d’histoire Samuel Paty a été décapité en France par un islamiste radical. Aujourd’hui commence le procès de huit personnes soupçonnées d’avoir participé à la campagne de haine contre lui.
Pour la famille de Samuel Paty, ce procès représente un soulagement, affirme Virginie Leroy, avocate représentant ses parents et sa sœur Gaëlle. « Ils souhaitent surtout rétablir la dignité de Samuel, le représenter de manière juste et correcte », a déclaré Leroy dans une interview avant le procès.
Pourquoi des adolescents ont-ils aidé l’agresseur à identifier leur enseignant ? Cette question hante de nombreuses personnes.
Comprendre la réaction en chaîne qui a mené à l’attentat
Samuel Paty a montré des caricatures de Mohammad lors d’un cours sur la liberté d’expression, tirées de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Les élèves devaient discuter du dilemme : Être ou ne pas être Charlie ? En d’autres termes, publier ou non de telles caricatures ? Pour ne pas heurter les sentiments religieux, Paty avait donné aux élèves l’option de quitter la salle ou de détourner le regard.
Une élève a alors prétendu que Paty avait insulté et discriminé les musulmans alors qu’elle n’était même pas présente ce jour-là. Ce mensonge a déclenché une vague de menaces, de accusations et de fausses apologétiques, culminant avec l’attentat contre Samuel Paty.
La famille recherche justice pour Samuel, souligne l’avocate Virginie Leroy : « Ils veulent voir les accusés en face et obtenir des réponses – comprendre ce qui s’est passé. La peine encourue a également une grande importance pour eux, car ils estiment que les mécanismes de cette réaction en chaîne qui a conduit à la mort de Samuel sont cruciaux. »
Les accusés : sept hommes et une femme
Aujourd’hui, sept hommes et une femme se retrouvent devant la justice, dont Brahim Chnina et l’activiste islamiste Abdelhakim Sefrioui. Chnina est le père de l’élève à l’origine du mensonge sur Paty. Lui et Sefrioui sont accusés d’avoir diffusé ces fausses allégations sur Internet, alimentant ainsi la campagne de haine contre le professeur. Ils risquent jusqu’à 30 ans de prison.
Deux autres hommes sont également jugés pour avoir aidé l’agresseur à se procurer l’arme. L’agresseur, Abdoullakh Anzorov, a été abattu par la police peu après l’attentat.
Dans le cadre de cette affaire, six élèves ont déjà été condamnés pour leur implication dans ce meurtre motivé par l’islamisme.
À la fin de l’année dernière, six jeunes avaient déjà comparu devant le tribunal, recevant des peines de liberté surveillée de 14 mois et jusqu’à 6 mois avec un bracelet électronique.
Selon Virginie Leroy, l’une des avocates de la famille Paty, ce jugement a été plutôt décevant : « Nous étions face à des jeunes qui n’avaient pas vraiment évolué. Leur compréhension de ce qui s’était passé et de leur présence au tribunal était très froide et peu réfléchie. Ils ont fourni très peu d’explications sur leurs motivations. »
Question des éventuelles erreurs dans le système
Démêler la spirale de la haine est un défi, affirme l’avocate Virginie Leroy. Pour la famille, il s’agit également de mettre en lumière les éventuels manquements des autorités. En 2022, Leroy a donc déposé une autre plainte, visant le ministère de l’Éducation et celui de l’Intérieur.
Elle souhaite également contribuer à corriger les dysfonctionnements éventuels, dit-elle.
Partout en France, les gens rendent hommage aujourd’hui à Samuel Paty, tué il y a un an.
La sœur de Paty déplore le manque de solidarité de certains collègues
Elle attend de la justice qu’elle fasse preuve de détermination, affirme la sœur de Paty, Mikaëlle. Elle espère également que le procès démontrera que son frère a agi correctement.
Il y a eu des commémorations nationales qui l’ont élevé au rang de héros, dit Mikaëlle Paty dans