Retour des touristes israéliens en Égypte : plage et soleil au programme ?

Retour des touristes israéliens en Égypte : plage et soleil au programme ?

Dahab, oasis égyptienne prisée, subit des transformations économiques et sociales suite à la guerre de Gaza. Les touristes israéliens, auparavant nombreux, se font rares, impactant le secteur du tourisme vital pour l’économie égyptienne. Les acteurs locaux, comme Nihad et Reziq, expriment leurs préoccupations face à cette situation, tout en faisant face à une crise économique persistante. Le désir de rétablir les liens avec les visiteurs israéliens est teinté d’incertitudes et de tensions émotionnelles.

Un Paradis Égyptien en Mutation

La mer d’un turquoise éclatant s’assombrit lentement en un bleu profond, tandis que les majestueuses montagnes se dressent en arrière-plan, avec des palmiers qui ondulent doucement au gré du vent. En plein hiver, lorsque l’Europe est grise et froide, Dahab se présente comme une véritable oasis de bonheur. Ce charmant coin, situé un peu au nord de Sharm al-Sheikh sur la péninsule du Sinaï en Égypte, séduit des visiteurs venus des quatre coins du monde. Cependant, jusqu’au 7 octobre 2023, un groupe a particulièrement afflué : les Israéliens.

Un Impact Économique et Émotionnel

« Avant la guerre, nous avions plus d’Égyptiens que d’Israéliens à Dahab », explique Nihad, la gestionnaire d’un petit hôtel-boutique. Cette femme d’une cinquantaine d’années, qui préfère garder son nom de famille secret, a observé les changements au fil des ans. À travers de grandes fenêtres, la vue imprenable sur la plage est accompagnée du doux bruit des vagues. Même le jour tragique du massacre de Hamas, six Israéliens étaient présents chez elle, mais ils ont rapidement quitté les lieux. « Depuis, plus personne ne vient d’Israël », ajoute-t-elle.

Pour Nihad, bien que la situation entraîne des pertes, cela ne représente pas une catastrophe existentielle. « Nous perdons quelques clients, mais d’autres arrivent », dit-elle avec un sourire. Avec la libéralisation en Arabie Saoudite, un afflux de touristes en provenance de cette monarchie du Golfe semble prometteur. Toutefois, la guerre a durement impacté l’économie du Sinaï, qui souffre déjà d’une crise économique profonde.

L’Égypte, dépendante du tourisme, voit ce secteur représenter environ 13 % de son produit intérieur brut. Alors que le pays fait face à une crise économique persistante, il compte sur les devises provenant du tourisme et des revenus du canal de Suez pour faire face à ses lourdes dettes. Au printemps dernier, un soutien financier massif de la part des Émirats, de l’Union Européenne, du FMI et de la Banque mondiale a permis à l’Égypte d’éviter la faillite.

Après un coup dur initial suite à la guerre de Gaza, le secteur du tourisme a commencé à se redresser, générant 15,3 milliards de dollars l’année dernière, plus du double de la somme d’il y a dix ans. Néanmoins, pour maintenir cette dynamique, le pays doit continuer à attirer les visiteurs. L’année dernière, 15,7 millions de touristes ont visité l’Égypte, et le gouvernement aspire à doubler ce chiffre d’ici 2028. Malgré la tendance à la hausse, les répercussions de la guerre de Gaza continuent d’affecter le Sinaï.

Reziq, un instructeur de plongée ayant vécu à Dahab plus de dix ans, témoigne des changements. « C’est devenu encore plus commercial, tout le monde essaie de tirer profit des quelques touristes qui viennent », dit-il. Préférant garder son nom de famille secret, il a pris la décision de quitter Dahab pour gérer un hôtel dans l’oasis de Siwa, à plus de 800 kilomètres à l’est. Il exprime des doutes quant à la possibilité de travailler à nouveau avec des Israéliens après les événements récents.

En évoquant la situation actuelle, Reziq qualifie le conflit dans la bande de Gaza de « génocide » contre les Palestiniens. Il souligne que même ceux qui prônaient la paix affirment désormais défendre leur pays. En contact avec d’anciens clients via WhatsApp depuis le début du conflit, il a cessé toute communication avec eux.

Nihad, quant à elle, n’est pas certaine de vouloir accueillir à nouveau des Israéliens après la guerre. Elle craint que sa communauté ne réagisse mal à cette situation. « Beaucoup d’Israéliens pensent que nous, Égyptiens, sommes indifférents à la souffrance des Palestiniens, mais ce n’est pas le cas », déclare-t-elle. « Ce serait extrêmement difficile pour nous de les accueillir maintenant. » Cependant, face à une situation économique déjà précaire, il reste à voir si ces sentiments perdureront lorsque les touristes israéliens reprendront leur route vers le sud.