Dans la région arctique, une compétition intense se profile entre les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Europe, exacerbée par le réchauffement climatique. Les nouvelles routes commerciales émergent, notamment le passage du Nord-Est et la route maritime transpolaire, facilitant le commerce. Bien que des tensions territoriales subsistent, la plupart des conflits frontaliers sont résolus, notamment concernant le plateau de Lomonossov, où la Russie a renforcé sa position. L’Arctique représente ainsi à la fois des opportunités économiques et des défis géopolitiques.
Dans la région arctique, une lutte acharnée pour la domination se déroule entre les États-Unis, la Russie, la Chine et l’Europe. Stratégiquement, le pôle Nord a captivé l’attention des experts en géopolitique depuis de nombreuses années. Avec le réchauffement climatique et la fonte des glaces, cette région pourrait jouer un rôle de plus en plus crucial dans l’économie mondiale, et ce, sans provoquer de conflits.
Autrefois caractérisée par ses étendues gelées, l’Arctique est en pleine mutation. L’intérêt croissant du président américain Donald Trump pour le Groenland, la plus grande île du monde, n’est qu’une facette de cette évolution. Les grandes puissances mondiales portent également un intérêt soutenu aux autres zones du pôle Nord. À mesure que la glace recule, de nouvelles routes commerciales commencent à voir le jour.
Émergence de nouvelles routes commerciales
Une grande partie de l’Arctique reste encore gelée la plupart de l’année, rendant la navigation difficile. Toutefois, les prévisions indiquent que d’ici les années 2030 et 2040, la glaciation devrait considérablement diminuer. Selon Klaus-Peter Saalbach, expert en sécurité et géopolitique à l’Université d’Osnabrück, trois routes maritimes seront particulièrement prometteuses.
Le passage du Nord-Est, qui longe la côte russe, est déjà au centre des ambitions de Moscou et de Pékin, qui voient en lui une voie commerciale stratégique, notamment pour leurs échanges bilatéraux. Actuellement, cette route est utilisée par la Russie pour transporter des matières premières, y compris du pétrole brut, de la région de Jamal en Sibérie vers la Chine. En 2022, 97 navires de fret ont emprunté cette voie, un chiffre record, bien qu’il demeure modeste par rapport à d’autres routes commerciales mondiales.
Environ 95 % des marchandises transportées, principalement du pétrole brut, ont été expédiées de la Russie vers la Chine, laissant la majorité des navires revenant presque vides. Le passage du Nord-Est pourrait devenir une alternative viable à la route maritime sud qui contourne l’Inde et passe par le canal de Suez, une option bien plus longue.
Les espoirs autour du passage du Nord-Ouest
En plus du passage du Nord-Est, la route maritime transpolaire pourrait également devenir navigable dans un avenir proche. Traversant l’océan Arctique, elle pourrait faire d’Islande un point névralgique pour le commerce mondial. Saalbach évoque les opportunités économiques pour l’île, qui pourrait développer des relations commerciales avec les pays arctiques si cette route devient accessible.
La troisième voie potentielle, le passage du Nord-Ouest, relie l’Atlantique au Pacifique en passant par les îles arctiques canadiennes. Bien que l’Empire britannique ait tenté de rendre cette route navigable dès 1845, des échecs tragiques ont marqué son histoire. Aujourd’hui, sa viabilité économique est remise en question, les experts soulignant qu’elle pourrait être moins rentable que le passage du Nord-Est pour le commerce entre l’Asie de l’Est et l’Amérique du Nord.
Conflits territoriaux et règlements
Malgré les tensions, la plupart des conflits frontaliers dans l’Arctique sont désormais résolus. Le principal point de discorde a longtemps été le plateau de Lomonossov, une zone sous-marine autour du pôle Nord. En 2023, la Commission des limites du plateau continental des Nations Unies a déclaré que 1,7 million des 2 millions de kilomètres carrés contestés appartenaient à la Russie. Bien que cette décision ne soit pas encore contraignante au niveau international, Saalbach affirme qu’il est de facto reconnu que ces territoires sont russes.
Seule la question de 300 000 kilomètres carrés du dos de Gakkel dans l’océan Arctique reste à trancher. Même dans ce cas, les revendications n’ont pas été définitivement rejetées. Alors que la Russie cherche à affirmer sa présence sur la scène internationale, la situation dans l’Arctique continue d’évoluer, offrant à la fois des opportunités et des défis pour les nations concernées.