Ruth Sunderland: Investir dans des actions pour la prospérité britannique

Ruth Sunderland: Investir dans des actions pour la prospérité britannique

L’article retrace comment, il y a 70 ans, la Bourse de New York a transformé l’investissement en actions en un acte patriotique, renforçant la culture de l’actionnariat aux États-Unis. En contraste, il souligne la détérioration du marché boursier britannique, où le nombre de petites entreprises cotées a chuté de près d’un tiers. Pour revitaliser ce secteur crucial, l’article appelle à un changement culturel et encourage des investissements à long terme, notamment par les fonds de pension, dans les entreprises britanniques.

Il y a 70 ans, la Bourse de New York a lancé une initiative de relations publiques qui a profondément transformé la situation économique tant pour les investisseurs individuels que pour les entreprises. À cette époque, le monde était marqué par la guerre froide, et les séquelles du krach boursier de 1929 pesaient encore lourdement sur Wall Street.

Ce programme présentait l’investissement en actions comme un acte patriotique, associant les bénéfices personnels à l’intérêt national en soutenant les entreprises américaines, en créant des emplois et en favorisant la prospérité. Investir en bourse était perçu comme une contribution au rêve américain et une protection contre les menaces du communisme.

Aujourd’hui, l’impact de cette initiative demeure visible dans la forte culture de l’actionnariat individuel qui existe aux États-Unis. En revanche, au Royaume-Uni, cette culture s’efface progressivement.

Les dernières années ont été particulièrement difficiles pour les entreprises cotées sur les marchés boursiers britanniques, en particulier pour les petites entreprises, comme le révèle un rapport du groupe de recherche New Financial.

Le nombre de petites entreprises à capitalisation boursière inférieure à 1 milliard de livres sterling a diminué de près d’un tiers, entraînant la disparition de 600 sociétés cotées. Ce déclin aurait pu être moins préoccupant si de nouvelles entreprises avaient été régulièrement introduites en bourse, mais ce n’est pas le cas. Avant la crise financière, environ 300 petites entreprises faisaient leur entrée en bourse chaque année. En revanche, les fonds de capital-investissement prennent de plus en plus de place : la valeur des rachats de petites entreprises a presque doublé récemment. Cependant, ces investisseurs privilégient souvent des stratégies à court terme, avec un horizon d’investissement de trois à cinq ans.

Pour que les petites entreprises puissent croître, elles ont besoin d’un financement à long terme. Pourquoi cela est-il crucial ? Les petites entreprises cotées jouent un rôle essentiel dans l’économie, affichant un chiffre d’affaires combiné de 170 milliards de livres sterling, employant plus d’un million de personnes et étant présentes dans toutes les régions du pays.

Que peut-on faire ? L’une des propositions serait d’encourager, voire d’inciter, les fonds de pension à augmenter leurs investissements dans les actions britanniques, en mettant l’accent sur les petites entreprises. Une autre possibilité serait de maintenir les avantages fiscaux offerts aux investisseurs sur le marché AIM. En réalité, nous avons besoin d’un véritable changement culturel pour convaincre les gens d’utiliser leurs épargnes et pensions pour soutenir l’économie britannique.

Ce phénomène s’est produit aux États-Unis depuis les années 1970, lorsque les épargnants ont commencé à prendre en main le financement de leur retraite, plutôt que de compter uniquement sur leurs employeurs. Nous avons un retard d’environ 20 à 30 ans dans cette évolution.

Bien que la guerre froide n’existe plus, de nouveaux défis géopolitiques, avec des acteurs comme Poutine et des tensions au Moyen-Orient, rendent notre avenir incertain.

Il est grand temps de s’inspirer de la Bourse de New York et d’encourager la détention d’actions des entreprises britanniques. La santé des marchés de capitaux est essentielle à la vitalité du capitalisme.