Scandale à Hong Kong : Le coût du conflit personnel de Tidjane Thiam pour Credit Suisse

Scandale à Hong Kong : Le coût du conflit personnel de Tidjane Thiam pour Credit Suisse

Le 15 octobre 2016, Tidjane Thiam, PDG de Credit Suisse, ignore les consignes de sécurité et se rend au centre commercial près de son hôtel à Hong Kong. Une femme lui remet une lettre, provoquant une intervention policière. Cette lettre, d’un ex-mari lié à sa vie personnelle, entraîne des poursuites contre Thiam, accusé d’espionnage. Suite à des menaces et préoccupations de sécurité, Thiam engage une protection renforcée, entraînant des coûts élevés pour sa sécurité personnelle et celle de sa villa.

Le 15 octobre 2016, un incident marquant se produit à Hong Kong, alors que Tidjane Thiam, le PDG de Credit Suisse, s’écarte des consignes de sécurité. Pendant son voyage d’affaires, il a été spécifiquement averti par ses agents de sécurité de ne jamais quitter l’hôtel de luxe Four Seasons sans les prévenir. Pourtant, piqué par l’ennui, Thiam décide de se rendre au centre commercial attenant pour acheter un cigare, une de ses habitudes.

Peut-être en raison de la sécurité apparente de l’hôtel, avec un accès direct aux boutiques par escalator, Thiam se sent à l’aise et ne pense pas à prévenir ses gardes. Cependant, alors qu’il traverse le hall près de la réception, une femme asiatique s’approche de lui, tentant de lui remettre un objet brun. Dans un geste instinctif, Thiam lève les mains, laissant tomber l’objet au sol, avant de se diriger rapidement vers les escalators.

Intervention des autorités

Immédiatement après l’incident, le service de sécurité de l’hôtel intervient et saisit l’objet. Ils alertent également la police, qui interroge la femme ainsi qu’un homme qui l’accompagne. Il s’avère que l’objet était une lettre destinée à Thiam. Après l’interrogatoire, les deux individus quittent l’hôtel sans incident.

Le lendemain matin, les agents de sécurité de Thiam sont mis au courant de la situation. Plus tard dans la journée, Credit Suisse découvre que les deux personnes impliquées travaillent pour une agence de détectives locale à Hong Kong. La lettre, révélée comme étant envoyée par un cabinet d’avocats, est en fait une missive de l’ex-mari de Marie-Soazic Geffroy, l’ancienne partenaire de Thiam, qui a récemment divorcé.

Bien que cet événement ait eu lieu il y a plusieurs années, il a encore des répercussions aujourd’hui. Récemment, l’ex-mari de Geffroy a engagé des poursuites contre Credit Suisse et son propriétaire actuel, UBS, au motif que Thiam aurait orchestré un programme d’espionnage à son encontre entre 2016 et 2019.

Ordres de surveillance

À l’automne 2016, il devient évident que Thiam a lui-même ordonné deux opérations de surveillance. La première vise un ancien employé qu’il a licencié lors de son passage à la tête de Prudential, une compagnie d’assurance britannique. Cet ancien employé, considéré comme un « homme des affaires délicates », proférait des menaces à l’encontre de Thiam, même après son arrivée chez Credit Suisse en juillet 2015.

Au fur et à mesure que le mois d’octobre avance, la tension monte. Les menaces se multiplient et la sécurité de Thiam devient une préoccupation majeure. Initialement, les agents ne peuvent pas écarter l’idée que l’incident dans le hall pourrait être lié à cet ancien employé. Cependant, après examen de la lettre, il apparaît que l’incident est plutôt lié à sa vie personnelle avec Geffroy.

Une copie de la lettre a été obtenue, révélant que l’ex-mari de Geffroy cherchait à obtenir des informations compromettantes sur Thiam. Dans cette lettre de quatre pages, il lui est demandé de signer une confession d’un comportement inapproprié et de la retourner au cabinet d’avocats.

Un porte-parole de Thiam a déclaré que celui-ci n’a jamais signé une telle confession, la qualifiant d’absurde. De l’autre côté, l’avocat de l’ex-mari nie que Thiam ait été surveillé lors de la remise de la lettre, affirmant qu’il s’agissait d’une procédure standard à Hong Kong.

Ce qui est indéniable, c’est que cet incident au Four Seasons est profondément enraciné dans un conflit personnel. Se sentant menacé, Thiam intensifie sa sécurité personnelle. Huit agents de sécurité d’une agence locale, tous anciens policiers, sont engagés pour assurer sa protection, et les coûts de ces mesures de sécurité s’élèvent à environ 45 000 dollars américains pour trois jours.

En outre, des mesures de sécurité renforcées sont mises en place pour sa villa à Herrliberg, près de Zurich, avec une surveillance 24 heures sur 24, coûtant environ 59 000 francs par mois, selon des documents internes.