Schnabl, économiste, évoque les éléments du programme de Trump nécessaires à l’Allemagne dans une interview – n-tv.de

Schnabl, économiste, évoque les éléments du programme de Trump nécessaires à l'Allemagne dans une interview - n-tv.de

L’économie allemande est confrontée à une crise persistante, nécessitant un retour aux principes de l’économie de marché, selon l’économiste Gunther Schnabl. Il souligne l’importance d’une monnaie stable, de la réduction des dépenses publiques et d’une diminution des réglementations. Schnabl critique également la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie et les politiques actuelles qui favorisent les inégalités, suggérant que des réformes sont essentielles pour améliorer la situation économique du pays.

L’économie allemande traverse une crise persistante. L’économiste Gunther Schnabl appelle à un changement de cap en faveur des principes fondamentaux de l’économie de marché, comme il l’explique dans une interview. Selon lui, la politique allemande pourrait tirer des leçons intéressantes de l’approche de Donald Trump.

Les enjeux économiques en Allemagne

ntv.de : Les questions économiques sont au centre des préoccupations durant cette campagne électorale, un fait plutôt rare. En tant qu’économiste, cela vous enthousiasme-t-il ?

Gunther Schnabl : Absolument, car je considère cela comme une question cruciale. La responsabilité de la politique est de créer les conditions favorables à un bon fonctionnement de l’économie, garantissant ainsi un meilleur niveau de vie pour tous les citoyens. Il est désormais évident pour le public et les médias que la situation économique est alarmante. Il reste à identifier les causes de ces problèmes. Ce n’est qu’après un débat sur ce sujet que nous pourrons déterminer les actions adéquates pour améliorer la situation.

Responsabilité gouvernementale et crises externes

L’opposition blâme la coalition au pouvoir pour la situation actuelle, tandis que les partis au pouvoir soulignent que certaines crises, comme la pandémie de Covid et la guerre en Ukraine, échappent à leur contrôle. Quelle part des difficultés économiques peut-on attribuer au gouvernement et quelle part aux crises externes ?

Nous avons historiquement bénéficié d’un ordre économique basé sur le marché, fondé sur des principes tels que la stabilité monétaire, la liberté des prix, la concurrence, la propriété privée, et un État minimal. Depuis le début des années 2000, nous avons progressivement abandonné ces principes, ce qui explique la perte de dynamisme de notre croissance économique. À cela s’ajoutent des chocs externes dont le gouvernement n’est pas entièrement responsable.

En quoi ces principes de l’économie de marché ont-ils été enfreints concrètement ?

Pour commencer avec la stabilité monétaire, la Banque centrale européenne a acquis des obligations d’État pour environ quatre mille milliards d’euros durant la crise financière et la crise de la dette en Europe. Les fluctuations des prix de l’or, des actions, de l’immobilier et même du Bitcoin montrent que la stabilité monétaire est compromise. De plus, nous avons observé une augmentation des contrôles de prix : le taux d’intérêt est resté à zéro pendant une période prolongée, et avec la mise en place d’un salaire minimum, nous influençons également l’évolution des salaires. L’État interférant de manière significative dans la concurrence entre les entreprises en subventionnant les grandes entreprises au détriment des plus petites est un autre exemple. Nous avons abandonné le principe de responsabilité en secourant les banques durant la crise financière et en apportant un soutien aux entreprises par le biais de subventions. Chaque jour, je constate que les politiciens proposent de nouvelles interventions dans le processus économique, souvent mal réfléchies et rapidement révisées, ce qui crée une instabilité similaire à celle d’un navire dont le capitaine manœuvre sans cesse le gouvernail, le faisant tanguer et dévier de sa route.

Est-ce que vous considérez que l’Allemagne n’est plus une économie de marché ?

En réalité, il n’existe ni une économie planifiée pure ni une économie de marché totalement libre. Nous oscillons entre ces deux extrêmes. Cependant, depuis le début des années 2000, les éléments d’une économie planifiée ont été renforcés et ceux d’une économie de marché affaiblis.

Est-il juste de dire que l’ancien modèle de croissance basé sur l’exportation ne fonctionne plus à cause de changements externes ? L’approvisionnement énergétique bon marché de la Russie n’est plus disponible, et les menaces de tarifs douaniers de Donald Trump compliquent la situation.

Cela pourrait être vrai, mais ces défis sont également en partie le résultat de politiques mal orientées. Les sanctions contre la Russie nous ont durement impactés, car nous avions précédemment créé une dépendance unilatérale envers un fournisseur d’énergie problématique via le gazoduc Nord Stream. Les mesures de confinement liées au Covid, qui ont perturbé les chaînes d’approvisionnement, étaient des décisions politiques. Ce ne sont pas seulement des chocs externes. Les tarifs douaniers de Trump sont une réponse aux inégalités engendrées par des politiques monétaires et réglementaires qui ont souvent favorisé les plus riches au détriment de la classe moyenne.

En ce qui concerne l’Allemagne, voyez-vous des propositions pendant la campagne électorale qui pourraient redresser la situation économique ?

Après avoir analysé les causes, je suis convaincu que nous devons revenir aux principes de l’économie de marché. Il est essentiel d’avoir une monnaie stable, de réduire les dépenses publiques, et de libérer l’économie des réglementations excessives sans recourir à des subventions. En parallèle, il est crucial de diminuer la charge fiscale pesant sur les citoyens. En examinant les programmes des partis, je constate que ceux de gauche et des Verts prônent davantage de réglementations et de redistribution. Leur projet de supprimer le frein à l’endettement pourrait fonctionner à court terme, mais à long terme, cela ne ferait qu’aggraver les effets négatifs sur la croissance. Je soutiens donc les partis qui prônent une réduction de l’État.

Quels partis vous semblent correspondre à cette vision ?

Bien que certains partis appellent à des réductions d’impôts, il reste flou comment ces mesures seront financées. Il est encore incertain s’ils envisagent d’augmenter l’endettement ou véritablement de réduire les dépenses pour alléger le poids de l’État.