Scholz hésite, Starmer progresse : Débat européen sur l’envoi de forces de paix en Ukraine.

Scholz hésite, Starmer progresse : Débat européen sur l'envoi de forces de paix en Ukraine.

La réunion organisée par Emmanuel Macron à Paris, sans la participation des 27 États de l’UE, vise à établir une position commune sur l’Ukraine après l’annonce d’un traité de paix par les États-Unis. Le sommet se concentre sur l’influence européenne dans les négociations, alors que des voix critiques s’élèvent, notamment de Hongrie et de Pologne, sur l’envoi de troupes de paix. La situation de la sécurité en Europe est remise en question face à une possible réduction des forces américaines.

La réputation de l’Europe, et plus particulièrement celle de l’Union européenne, est souvent celle d’une réponse lente et maladroite face aux bouleversements politiques. Il n’est donc pas surprenant que le président français Emmanuel Macron ait choisi de ne pas convier les représentants des 27 États membres de l’UE à un sommet exceptionnel sur l’Ukraine prévu lundi. Seules les nations européennes jugées les plus influentes selon lui ont reçu une invitation, incluant les chefs de gouvernement d’Allemagne, de Pologne, d’Italie, d’Espagne, des Pays-Bas, du Danemark, ainsi que du Royaume-Uni.

Un nouveau tournant transatlantique

En outre, Macron a réuni les hauts responsables des institutions de l’UE ainsi que le secrétaire général de l’OTAN pour établir une position commune sur l’Ukraine, suite aux révélations de la conférence de sécurité de Munich. L’annonce par les États-Unis d’une négociation d’un traité de paix avec la Russie, sans consultation préalable des Européens et des Ukrainiens, a nécessité une réaction immédiate. Qui mieux que Macron pouvait prendre l’initiative d’une telle réunion de crise ? Le président français met en garde depuis longtemps sur la nécessité pour l’Europe de renforcer son autonomie en matière de sécurité.

Près de trois ans après le début de l’invasion russe en Ukraine, le continent est à un nouveau carrefour concernant sa sécurité : les États-Unis envisagent de réduire leurs effectifs non seulement en Ukraine, mais également dans toute l’Europe. La cohésion des valeurs transatlantiques est mise à l’épreuve, alors que les relations entre la Russie de Poutine et l’Amérique de Trump semblent se rapprocher. « La sécurité de l’Europe est à un moment critique. Et oui, cela concerne l’Ukraine, mais aussi notre avenir », a souligné la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur X, et cette déclaration résonne avec une pertinence accrue.

Le sommet à Paris n’avait pas pour but de prendre de grandes décisions, ce qui aurait nécessité la présence de tous les États de l’UE. Au contraire, il s’agissait d’explorer comment l’Europe pourrait encore influencer les négociations concernant l’Ukraine. Lundi, Keith Kellogg, l’envoyé spécial de Trump pour l’Ukraine, a confirmé que les Européens seraient probablement invités à participer aux négociations de paix en Arabie Saoudite uniquement en tant qu’observateurs. En revanche, les États-Unis souhaitent que les Européens s’impliquent dans la garantie d’un éventuel cessez-le-feu, tout en excluant l’envoi de troupes américaines dans cette éventualité.

Réactions critiques de Budapest

À Paris, le chancelier allemand a qualifié de « dérangeant » et « complètement prématuré » le débat sur l’envoi de troupes de paix européennes, insistant sur la nécessité d’attendre les résultats des négociations. Scholz, qui avait récemment pris le rôle de « chancelier de la paix » lors de la campagne électorale fédérale, a exprimé son inquiétude. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a évoqué des « discussions très concrètes » entre la France, le Royaume-Uni et la Pologne, les « trois grandes armées » de l’Europe.

Cependant, le Premier ministre polonais Donald Tusk a clairement affirmé que son pays ne souhaitait pas déployer de soldats pour une mission de paix en Ukraine, tout en exprimant son soutien politique envers les États qui envisageraient de telles garanties. Les Pays-Bas et la Suède, quant à eux, se sont montrés plus ouverts à l’idée d’envoyer des troupes, tandis que l’Espagne et le Danemark n’ont pas entièrement exclu cette possibilité, selon les déclarations faites à Paris.

Des critiques virulentes ont émergé lundi depuis Budapest. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, dont le pays n’a pas été invité par Macron, a dénoncé le sommet comme une réunion de « politiciens frustrés, pro-guerre et anti-Trump » cherchant à « empêcher un accord de paix en Ukraine ». Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, qui a rencontré Poutine en décembre, a également exprimé des réserves.

Peu avant le début de la réunion, le président français a eu une conversation téléphonique de vingt minutes avec Trump, mais l’Élysée n’a pas divulgué de détails à ce sujet. La semaine précédente, les États-Unis avaient envoyé un questionnaire à leurs alliés européens de l’OTAN concernant les accords de sécurité pour l’Ukraine, selon un document obtenu par l’agence de presse Reuters. Les Européens y sont notamment interrogés sur les exigences de soutien des États-Unis jugées nécessaires pour leur participation à ces accords de sécurité.