L’Allemagne adopte un plan d’action national pour lutter contre la traite des êtres humains, face à une hausse alarmante des victimes signalée par l’ONU. Le document propose 126 mesures, incluant la prévention, l’éducation et la protection des victimes. Le plan englobe diverses formes de traite, telles que l’exploitation sexuelle et le trafic d’enfants. En 2022, 3 155 victimes ont été identifiées en Allemagne, tandis que 75 000 cas ont été signalés mondialement, indiquant une augmentation inquiétante des crimes liés à cette problématique.
Avec l’adoption d’un plan d’action ambitieux, l’Allemagne vise à renforcer sa lutte contre la traite des êtres humains, alors que l’ONU alerte sur une hausse alarmante des victimes à l’échelle mondiale.
L’Allemagne s’engage à agir de manière plus déterminée contre la traite des êtres humains grâce à un plan d’action national. Ce document de 42 pages propose 126 mesures concrètes pour combattre ce fléau. Parmi les priorités, on retrouve le besoin urgent de renforcer la prévention, d’améliorer l’éducation et de favoriser une coopération étroite entre les autorités nationales et internationales. De plus, la protection des victimes doit être un axe central de cette initiative.
Les ministères dirigés par Lisa Paus, la ministre fédérale de la Famille, et Nancy Faeser, la ministre fédérale de l’Intérieur, ont été à l’origine de l’élaboration de ce plan. Faeser a souligné que la traite des êtres humains transforme les individus en marchandises et expose des vies à un danger immense. Cette forme de criminalité, particulièrement cruelle, engendre une souffrance incommensurable pour les victimes. Ainsi, le plan d’action vise à traduire les coupables en justice, à démanteler leurs réseaux et à renforcer la protection des victimes. Volker Wissing, le ministre fédéral de la Justice, a également déclaré que la lutte contre la traite des êtres humains est une priorité urgente pour l’État.
Pour la première fois, un rapport exhaustif sur la traite des êtres humains en Allemagne a été présenté.
Application d’une directive élargie de l’UE
Le plan d’action se concentre sur la lutte contre toutes les formes de traite des êtres humains, comme le souligne le document. Cela englobe des réalités telles que l’exploitation sexuelle, le travail forcé, le trafic d’enfants et la traite à des fins de prélèvements d’organes illégaux. De plus, le plan aborde spécifiquement l’exploitation liée à la maternité de substitution, l’adoption illégale et le mariage forcé.
En agissant ainsi, le gouvernement met en œuvre une décision du Parlement européen adoptée en janvier. À cette occasion, une majorité des États membres de l’UE a voté en faveur d’une extension de la directive actuelle sur la lutte contre la traite des êtres humains. Cette décision vise à considérer les mariages forcés, les adoptions illégales et les maternités de substitution forcées comme des infractions en matière de traite des êtres humains, tout en durcissant les sanctions contre ces crimes. Le Parlement européen a proposé des peines d’emprisonnement d’au moins cinq ans.
Cependant, il reste à déterminer si l’Allemagne adoptera cette intensification des lois pénales. Un examen approfondi du droit pénal est nécessaire avant tout changement.
75 000 victimes recensées à l’échelle mondiale en 2022
Les dernières statistiques sur les victimes de la traite des êtres humains en Allemagne proviennent du ‘Monitor de la traite des êtres humains’, publié en octobre. Ce rapport révèle qu’entre 2020 et 2022, les autorités ont identifié 3 155 victimes au niveau national, ce qui correspond à une moyenne de trois victimes par jour. Plus d’un quart de ces victimes étaient des mineurs, selon le Bureau fédéral de la criminalité.
Le rapport de l’agence de l’ONU pour la lutte contre la drogue et le crime (UNODC) se base également sur des données de 2022. Bien qu’aucune donnée plus récente ne soit disponible, il indique qu’environ 75 000 cas de traite des êtres humains ont été signalés dans le monde cette année-là. Cela représente une augmentation de 25 % par rapport aux années précédant la pandémie. En particulier, le trafic de filles à des fins d’exploitation sexuelle connaît une hausse ‘alarmante’ dans de nombreuses régions.
L’ONU s’appuie sur des données provenant de 156 États pour son rapport. Elle souligne que la plupart des victimes proviennent d’Afrique et que dans trois cas sur quatre, des groupes criminels organisés sont derrière ces crimes. À l’échelle mondiale, près de 440 routes ont été identifiées comme étant utilisées pour la traite transnationale des êtres humains. Les Nations Unies avertissent que cette situation pourrait encore se détériorer, alimentée par des conflits violents et des catastrophes climatiques qui poussent les gens à fuir leur pays.
Une version antérieure du texte affirmait que le Bundestag devait encore donner son approbation au plan d’action. Il est maintenant établi que le plan prend effet suite à la décision du cabinet et sera progressivement mis en œuvre.
Ce sujet a été rapporté par Deutschlandfunk le 11 décembre 2024 à 15h00.